Un rapport surprenant!

Publié le 9 mars 2010

Le 20 janvier 2010, le moins qu’on puisse dire, c’est que l’on peut faire dire ce qu’on veut aux chiffres. Contre toutes attentes, le Département d’agriculture américain (USDA) dévoilait, le 12 janvier dernier, son rapport sur la récolte 2009 ainsi que ses prévisions sur l’état des stocks pour la fin d’année 2010. Alors que tous s’attendaient à peu de changement, voir même une diminution possible de la quantité de maïs récolté, le USDA a réussi à trouver 13,151 milliards de boisseaux de maïs dans son évaluation de la récolte 2009, ce qui en fait donc la plus grosse récolte jamais connue. Il faut par contre mentionner que le USDA tient compte des quantités encore sur le champ en espérant que ces superficies seront récoltées sans trop de perte, ce qui est loin d’être assuré. De plus, le USDA estime les rendements à 165,2 boisseaux à l’acre comparativement à 162,9 boisseaux précédemment. Avec un poids spécifique inférieur à la normale, il est difficile de concevoir cet état de fait, surtout avec les superficies encore non récoltées.

Le même scénario a été reproduit pour la fève soya qui, elle aussi, a vu ses rendements haussés pour totaliser 3,361 milliards de boisseaux comparativement à 2,967 milliards de boisseaux l’an dernier. Il va s’en dire que ces nouveaux estimés de récolte ont été comme une douche d’eau froide, le marché a immédiatement plongé pour perdre tout près de 0,60 $ le boisseau, dans le cas du maïs, ce qui représente environ une 20 $/t.m. Quant à la fève soya, la dégringolade fut tout aussi significative à près de 35 $/t.m. Une correction n’est pas à exclure dans les prochaines semaines, car une descente aussi rapide apporte des opportunités d’achats pour certains pays consommateurs, comme la Chine, ce qui pourrait aider à hausser les chiffres d’exportation et de consommation lors du prochain rapport et ainsi modifier les anticipations. Il va s’en dire que la situation présente n’encourage pas la vente locale, mais il faut être prudent car celle-ci pourrait aussi empirer.

Situation locale

La qualité du maïs local est pour ainsi dire très variable. Il est très difficile localement de retrouver la qualité que nous avions été habitués de recevoir ces dernières années. Ainsi, la proportion de maïs ayant un poids spécifique supérieur à 68 kg/hl est quasi inexistante cette année et la constance de la qualité est difficile aussi. Les prix, après avoir surfé près du 200,00 $/t.m. en décembre, ont subitement plongés vers les 170,00 $/t.m. La baisse du marché boursier, combinée à la remontée du dollar canadien (0,97 $ américain) et à un ralentissement de la demande locale à cause de l’entrée de maïs américain due à l’incertitude de la qualité locale, expliquent présentement un certain engorgement du réseau d’écoulement du maïs local. La patience devra être de mise cet hiver, mais à mon avis, la situation devrait se résorber graduellement.

Les opportunités de ventes pour la prochaine récolte ont été très intéressantes cet hiver et plusieurs producteurs se sont positionnés. Présentement, le marché n’offre pas ce que la plupart d’entre vous espérez pour la récolte, mais il est tôt en saison et d’autres opportunités vont sûrement revenir plus tard dans l’année. L’important à l’heure actuelle, est de maximiser ce qui est en silo et la première action doit être l’examen visuel du contenu du silo, pour s’assurer qu’il n’y a pas eu d’infiltration d’eau ou de neige. Ensuite, il faut assurer le maintien de la qualité par une ventilation adéquate. Le fait de sortir quelques voyages de chaque silo permet aussi d’enlever les particules fines qui se concentrent au centre du silo et qui diminue l’efficacité de la ventilation. Chaque silo devrait, à l’heure actuelle, avoir été entamé. Le fait de sortir quelques voyages vous permet aussi de connaître la qualité de chaque silo ce qui est important lors de la vente, pour orienter le produit sur le meilleur marché disponible.

Pour l’instant, on ne peut qu’espérer mieux pour la prochaine saison. La sélection des hybrides sera primordiale encore une fois et nous sommes maintenant rendus à l’heure des choix.

Bonne saison!

Par Jean-Pierre Aumont, t.p. Directeur service des grains