L’agriculture de 2029, l’affaire des gens! (Suite)

Publié le 2 mars 2010

Maurice Doyon

La réponse est claire selon les réponses des participants à notre sondage maison. Oui, l’agriculture sera un secteur vivant chez-nous dans 20 ans. En compagnie du prof. Maurice Doyon de l’Université Laval à Québec, regardons ce que l’avenir nous réserve… selon vous.

Une tendance des dernières années touche la grosseur des entreprises. Selon les répondants, il y a deux catégories : de grosses fermes comptant entre 1000 et 1500 acres et des fermes de moins de 500 acres. « Aux États-Unis, il n’y a plus de moyennes entreprises. On semble se diriger vers ce modèle-là chez-nous. Qui opéreront les « petites » entreprises? Des gens qui effectuent un retour à la terre et des « gentlemen farmers » sans doute. Ce qui a provoqué la plupart des changements de taille des entreprises agricoles, ce sont les normes de production. Prenez l’exemple des refroidisseurs pour le lait. Quand ils sont arrivés, plusieurs propriétaires ont abandonné la production laitière. Ceux qui ont poursuivit ont grossi les entreprises. C’est ce que les nouvelles normes vont provoquer. Les transformations ne seront pas drastiques cependant », proposait monsieur Doyon.

Ce qui frappe le plus, ce sont les attentes élevées au niveau des gains technologiques. « L’agriculture a connu une hausse sur ce plan comme aucun autre secteur d’activités semblable. Les producteurs de lait s’attendent à produire plus de lait; les producteurs de maïs veulent plus de tonnes à l’hectare, alors les producteurs de porc et de volaille anticipent de meilleurs taux de conversion. Ceci traduit encore l’optimisme des agriculteurs », exposait le prof. Les robots de traite pour les producteurs laitiers semblent l’ave nue du futur selon tout près de la moitié des personnes interrogées, un indice d’un important bouleversement. « Les charges de travail seront grandement modifiées, les producteurs laitiers deviendront davantage des gestionnaires. »

Sur le plan des finances, le ciel ne nous tombera pas sur la tête. Les répondants croient en une croissance modérée du prix des terres, des intrants et des carburants. Beaucoup croient que les biomasses profiteront à l’agriculture. « On sent bien la confiance dans cette réponse. Oui on attend une hausse importante du diesel, mais on croit également que les nouveaux carburants limiteront la hausse des coûts », suggérait le spécialiste en économie agricole.

Malgré la menace qui plane sur le système de contingentement, les producteurs d’oeufs, de lait, de poulet de chair continuent de croire en ce système. Même les producteurs de porc y songent. « Si vous prenez le cas des producteurs de poulet, ils s’attendent à une diminution des barrières tarifaires. Pourtant, ils entrevoient une hausse du prix du quota. Ils croient que la consommation de cette viande poursuivra sa croissance », expliquait-il. Une utopie? « Absolument pas. Cette viande a une empreinte écologique favorable. De plus, leur taux de conversion est le meilleur. Les producteurs de volaille ont raison de croire en l’avenir », soutient Maurice Doyon.

Dans le futur, la menace des États-Unis et des Sud-Américains tracasse les producteurs de chez-nous, avec raison selon monsieur Doyon. Par contre, ces préoccupations, comme beaucoup d’autres, sont influencées par les événements des dernières années ; l’Organisation mondiale du commerce et la hausse du pétrole et des intrants. Aurons-nous la même façon de penser dans cinq ans? « Il serait intéressant de vérifier », concluait le prof. Doyon. À dans cinq ans alors…

Par Stéphane Payette