Publié le 11 mai 2015
Par Maxime Proulx, agr., expert-conseil en productions végétales, La Coop Novago
En collaboration avec Mélanie Dubuc, agr. experte-conseil La Coop des Montérégiennes
Les fourrages occupent un poste de dépenses important, il est donc essentiel que la conservation soit optimale.
Pour les ensilages, c’est la fermentation qui stabilisera le produit et qui aidera à sa conservation alors que pour un foin qui n’est pas suffisamment sec, l’acide proprionique et une bonne ventilation aideront pour la conservation.
L’optimisation de la fermentation
Afin d’obtenir un ensilage stable et de qualité, il faut respecter les quatre facteurs de base: une humidité de récolte adéquate, un niveau suffisant de sucre dans la plante lors de la fauche, un état anaérobique atteint très rapidement et la prédominance de bactéries lactiques efficaces (tableau 1).
La longueur de coupe a également un impact sur la densité de l’ensilage dans la structure d’entreposage. L’ajustement de la fourragère selon le pourcentage de matière sèche permettra d’optimiser la compaction de l’ensilage et ainsi limiter la présence d’air. La longueur de coupe peut également avoir un impact au niveau de la fermentation, surtout pour les balles enrobées. L’utilisation d’une presse de type «ROTOCUT» permet aux bactéries présentes dans le fourrage d’atteindre plus facilement les sucres que dans les fibres longues et ainsi améliorer le processus de la fermentation.
Les inoculants bactériens
Il y a plusieurs avantages à utiliser des inoculants contenant des bactéries lactiques pour la conservation des ensilages. Ils permettent d’améliorer et d’accélérer la fermentation par l’incorporation en grande quantité de bactéries spécifiques pour la fermentation. Pour qu’un ensilage soit stable, le pH doit diminuer le plus rapidement possible après la récolte. La présence d’une grande quantité de bactéries permet une transformation rapide des sucres en acides organiques donc à la diminution rapide du pH de l’ensilage. La qualité de la fermentation sera observée, entre autres, par l’analyse du pH, la quantité de NH3-N et du profil de fermentation de l’ensilage.
Acide lactique
Il s’agit de l’acide organique qui a le plus grand pouvoir acidifiant. Ce type d’acide résulte de la fermentation homolactique, donc la totalité des sucres est transformée en acide lactique. Il permet une diminution rapide du pH permettant une stabilisation rapide donc une bonne conservation des ensilages. De plus, cet acide est utilisé comme source d’énergie par les bactéries du rumen. L’obtention de ce type d’acide est à prioriser, puisqu’il a un double avantage. Afin d’avoir un profil de fermentation souhaité, l’acide lactique devrait représenter un minimum de 70% des acides totaux contenus dans les ensilages fermentés et stables (figure 1). Les inoculants contenant des bactéries lactiques sont à prioriser, soit le CoopSile II et le Enersil 5.
Acide acétique
Cet acide organique est moins acidifiant que l’acide lactique (pouvoir acide plus faible). Par contre, ce type d’acide est très efficace pour contrôler les moisissures et les levures (effet antiseptique). Il résulte de la fermentation hétérolactique. Cette fermentation engendre la formation d’acide lactique et d’acide acétique. Il y a également production d’éthanol lors de la formation de ce dernier acide. L’éthanol, quant à lui, ne contribue pas à la réduction du pH et il limite la consommation volontaire. Le ratio souhaité d’acide lactique/acide acétique serait d’un maximum de 30% des acides totaux produits dans un ensilage. La présence d’une grande quantité d’acide acétique est signe d’une moins bonne fermentation ou l’indicateur de l’utilisation d’un inoculant de type Buchneri (Enersil B) (figure 2). Ce type de bactérie devrait être utilisé seulement lorsque l’ensilage fermenté chauffe lors de la reprise.
Acide butyrique
Ce type d’acide est le résultat d’une mauvaise fermentation. Il diminue la consommation de l’ensilage, ce qui peut entraîner, selon la concentration, des problèmes d’acétonémie, soit en début de lactation ou tout au long de celle-ci. L’idéal serait que cet acide soit complètement absent des ensilages. Ce type de fermentation se produit principalement lorsque les ensilages sont très humides; puisque ces ensilages contiennent beaucoup d’eau, il est difficile pour les bactéries de descendre rapidement le pH du milieu, alors il se produit une mauvaise fermentation (figure 3).
Solution foin
Ce produit contient 70% d’acide propionique tamponné. Il est utilisé pour empêcher les moisissures et les levures de se développer donc empêcher le fourrage de chauffer. Il est utilisé soit pour la portion d’ensilage sur le dessus du silo tour qui sera soigné aux animaux sans que le processus de fermentation soit complété (environ un mois) afin d’éviter que l’ensilage chauffe et ainsi stimuler la consommation. Il est également utilisé sur le dessus des silos couloirs afin de protéger la portion sous la toile qui est plus facilement exposée à l’air afin d’avoir une uniformité dans la qualité de l’ensilage. Pour le foin sec, il est utilisé dans les fourrages lorsque la température ne permet pas de récolter un foin qui a suffisamment séché aux champs.
C’est le temps de prévoir les inoculants et le Solution foin pour la récolte 2016 afin d’obtenir une bonne conservation de vos fourrages et un profil de fermentation adapté à vos besoins!
