Les plantes de couverture, un investissement durable

Publié le 11 mai 2015

Par Pascal Larose, agronome, conseiller spécialisé en maïs et soya, La Coop fédérée

Depuis quelques années, les plantes de couverture font partie de l’arbre de décision quand vient le temps de discuter de santé et de structure du sol. Les bienfaits sont visibles dès l’année d’implantation. Avec une culture de couverture, la structure du sol s’améliore, les agrégats se reforment, les vers de terre sont de retour en grand nombre afin de bénéficier de tout ce pique-nique qui leur est offert. Bref, la vie du sol bat son plein ! Mais tous ces bienfaits se transforment-ils en rendement ?

À la Ferme de recherche en productions végétales de La Coop fédérée, nous avons vérifié si l’implantation d’une plante secondaire pendant la culture principale avait un impact sur le rendement dans une rotation maïs-soya. Nous avons aussi suivi l’implantation d’une plante de couverture après la récolte de soya.

Observations

Nos observations sont très encourageantes, comme l’indique le graphique 1. Le trèfle et le ray-grass semés en culture intercalaire au stade de huit feuilles du maïs n’ont pas nui au rendement. Au contraire, une synergie semble se former entre la culture principale (maïs) et la culture secondaire (trèfle ou ray-grass). En plus de cette synergie, on obtient une meilleure portance du sol grâce à un système racinaire accru et à un couvert végétal qui protège la surface du sol.

Plantes de couverture - graphique 1

Arrière-effet… le rendement sur le capital investi !

L’analyse des données de plusieurs années nous permet de vérifier l’arrière-effet des plantes de couverture sur la culture de l’année suivante. Lorsqu’on analyse les résultats de rendement du soya l’année suivant l’implantation d’une plante de couverture en intercalaire, on se rend compte que l’effet est positif.

Comme l’indique le tableau 1, avec une culture de couverture, le gain de rendement a varié de 152 à 298 kg/ha en 2012, comparativement au témoin sans culture intercalaire.

L’implantation de ray-grass en intercalaire a généré un revenu net additionnel (revenu additionnel moins le coût de la semence) d’environ 100 $ l’hectare.

Notre hypothèse est que le soya a bénéficié de l’effet structurant sur le sol créé par le ray-grass, et qu’il a ainsi pu explorer le sol en profondeur et bénéficier des éléments fertilisants laissés dans les premiers centimètres du sol par la décomposition des racines du ray-grass.

Plantes de couverture - tableau 1Plantes de couverture - tableau 2

Maintenant, lorsqu’on regarde de plus près l’impact d’une plante de couverture après la récolte du soya, il est intéressant de constater des effets variant de négatifs à positifs sur le rendement en maïs (tableau 2). En effet, lorsqu’on implante du seigle à l’automne et que le désherbage du printemps est retardé pour différentes raisons, l’effet peut être négatif. Cependant, l’avoine est une option intéressante. Elle a généré une augmentation de rendement de 470 kg/ha en 2012, par rapport au témoin sans plante de couverture.

L’implantation d’avoine après la récolte de soya a généré un revenu net additionnel d’environ 85 $ l’hectare.

L’implantation de l’avoine est rapide à l’automne et celle-ci gèlera l’hiver venu. Au printemps, le semis de maïs se fait dans d’excellentes conditions de sol. En effet, le système racinaire de l’avoine est venu structurer le sol laissé dans un état dégradé par la culture du soya.

Dorénavant, il faudra inclure les plantes de couver­ture dans l’arbre de décision quand viendra le temps d’évaluer les facteurs de rendement qui viennent influencer positivement le maïs et le soya.

Raygrass 2 Raygrass 1

Essai effectué à Hérouxville à l’été 2013, semé au stade de 6 à 8 feuilles.