Libre-échange Trans-Pacifique: Louis Forget craint de perdre sa ferme

Publié le 16 octobre 2015

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vache

Louis Forget craint de perdre sa ferme si le gouvernement fédéral ne protège pas le marché du lait de l’envahissement des produits laitiers en provenance de l’étranger.

Dans le cadre des négociations du Partenariat Trans-Pacifique, les États-Unis, de l’Australie et de la Nouvelle Zélande veulent l’abolition de tous les obstacles qu’oppose le Canada à la libre circulation des produits du lait, de volaille et d’œufs.

Le jeune producteur, propriétaire avec son père Alain Forget,  de la dernière ferme  laitière de Laval, rappelle que dans ces négociations, c’est la petite ferme familiale qui se bat contre les fermes usines détenus par des grandes compagnies.

« Au Québec, on a des fermes familiales avec en moyenne 60 vaches laitières. Aux États-Unis, oubliez ça, il n’y en a plus. Ce sont des fermes de 1500, 3000 vaches. Ici, on s’est donné des règles de protection de l’environnement. Aux États-Unis, les compagnies créent des concentrations majeures de pollution au même endroit »,  argumente Louis Forget.

La gestion actuelle permet au producteur agricole d’obtenir pour son lait un prix égal à ce qu’il lui en coûte pour le produire. Au Québec, le coût de production moyen est de 58$ l’hectolitre (100 litres de lait).

Pour éviter les surplus, les producteurs doivent acheter des quotas qui sont disponibles selon la demande de consommation. C’est ce qui s’appelle la gestion de l’offre. En conséquence, les secteurs du lait, des œufs et des volailles font vivre leurs producteurs sans que les gouvernements fédéral et provincial n’aient à les subventionner.

Actuellement, au niveau mondial, le prix du lait sans gestion de l’offre est payé en moyenne à 53$ l’hectolitre.

« Avec nos 60 vaches, on fait vivre un village puis on est capable de payer nos dus aux banques. Allez-vous en au Vermont, vous allez trouver plein de maisons et de fermes qui tombent en ruine. C’est ça la différence», ajoute Louis Forget.

Toujours plus

Selon le Front commun des secteurs agricoles et agroalimentaire québécois, comprenant notamment Agropur, l’UPA et six grandes banques canadiennes,  depuis 20 ans, les exportations totales de produits laitiers américains au Canada ont augmenté de 408 % en tonnage pour atteindre 156 763 tonnes en 2014, pour une valeur de près de 400 M $.

Pour leur part, les importations de volailles américaines au Canada totalisent une valeur de 717 M$ alors que les importations d’oeufs américains sur le marché canadien représentent 30 % des exportations totales d’oeufs des Américains dans le monde et avoisinent une valeur de 100 M$.

« Les multinationales en veulent toujours plus. Ici, le consommateur paie son lait un peu plus cher, mais il ne nous subventionne pas. Aux États-Unis, le lait est moins cher sur les frontières, mais tout aussi cher ailleurs. En plus, le gouvernement américain verse 30% de subventions aux agriculteurs. Le consommateur paie deux fois son lait », poursuit le jeune producteur laitier de Laval

Vendredi, le Bloc Québécois a ajouté sa voix à celle de Pierre Paradis, le ministre de l’Agriculture du Québec, pour exiger du gouvernement Harper qu’il ne fasse « aucunes concessions sur la gestion de l’offre » et qu’il sorte du flou actuel dans lequel il se maintient.

De son côté, l’UPA est confiante que le gouvernement fédéral maintienne la gestion de l’offre. « Le secteur contribue à hauteur de 30 G $ au PIB du Canada. C’est un secteur rentable », ajoute Jean Vigneault, porte-parole de la Fédération des producteurs de lait du Québec.

Texte paru sur le site du canal Argent le 27 juin 2015 par Denise Proulx