Publié le 19 octobre 2015
L’opération de cubage est une chose simple qui nécessite beaucoup de soins pour qu’on obtienne l’effet désiré. Mais nous oublions souvent une étape : qu’est-ce qui se passe ensuite?
L’opération du cubage
Commençons par les grains. Ils sont pesés sur une grosse balance et les micro-ingrédients sur une petite, avant d’aller au mélangeur. Après un temps de mélange, le tout va dans un silo de rétention en attente pour le cubage. L’aliment est quasiment complet. Avant de se rendre à la cubeuse, il passe dans un conditionneur (ou autre mécanique servant à rendre l’aliment plus chaud et humide). Pour donner une image d’une cubeuse, c’est grosso modo un moulin à viande (de plusieurs centaines de forces) qui sort un spaghetti sur le contour au lieu du bout (comme le moulin à viande). Un couteau passe pour couper le cube à la longueur désirée et le tout descend au refroidisseur qui enlève l’humidité supplémentaire et qui permet de « figer » le cube afin qu’il conserve son apparence. Si nous avons du gras à ajouter à la recette, l’aspersion de gras se fait après le refroidisseur, car le gras se cube très mal. Voilà, on a un cube.
La livraison
La moulée cubée est transférée dans un silo d’expédition par un élévateur (godets), car c’est de cette façon qu’il se brise le moins. La suite se fait par gravité jusque dans le camion. Le camion fonctionne par convoyeur pour amener la moulée à l’arrière jusqu’à la soufflerie qui le propulsera à 100 km/h pour qu’il se rende dans le silo. Elle empruntera le tuyau flexible du camion qui est relié aux diverses installations pour rejoindre le silo.
Dans la bâtisse
À partir du silo, une vis sans fin amène le cube dans un soigneur à pastille qui fera tout le trajet, ou encore plusieurs vis sans fin se rendront jusqu’au bout de la bâtisse.
Rendu dans la trémie, le cube n’est pas parfait et l’on y trouve de la poussière en quantité souvent trop importante. Cette poussière peut nuire aux performances zootechniques de l’animal. À quoi ça sert de cuber?
Économiquement
Il est prouvé que le cube améliore le gain et la conversion alimentaire de ±7 %. La cuisson de l’aliment qui gélatinise l’amidon le rend plus digestible. Le fait qu’il y ait moins de poussière fait en sorte qu’il se perd moins d’aliments dans sa manipulation. Si l’on économise un pourcentage, cela fait en sorte que plus le grain est cher, plus la présentation en cube est avantageuse. Sauver 7 % de 200 $/TM ou de 400 $/TM n’aura pas le même impact.
Qualité du cube
Comment se fait-il que nous ayons de la poussière dans les trémies alors que tout semble si facile? Il y a trois facteurs qui peuvent influencer l’opération : la grosseur du lot, la température extérieure et le chemin que le cube a à parcourir. Lorsque nous démarrons l’opération de cubage, la température prend quelques minutes à se stabiliser et l’effet se répercute à la fin de la séquence. Donc, plus le lot à cuber est important, plus grande sera la qualité du cube, car la proportion de phase d’ajustement sera plus petite.
Les refroidisseurs d’après cubage fonctionnent avec une soufflerie. Or, durant les canicules d’été, l’air qui y entre peut atteindre 30 °C et 90 % d’humidité. L’effet souhaité sera de beaucoup diminué et le cube n’aura pas atteint la dureté attendue et peut s’effriter plus que d’habitude. Il faut composer avec Dame nature.
Le chemin que prend le cube à la sortie du camion est aussi très déterminant pour la création de poussière. Les équipements qui favorisent le bris du cube sont : tuyaux flexibles, coudes 90 degrés, tuyau femelle dans tuyau mâle (l’inverse est correct), une quantité de coudes trop importante, des vis qui dépassent à l’intérieur du tuyau, soigneur trop long (poussière dans les premières trémies).
L’équipement à prioriser est : tuyaux lisses, diamètre de courbure le plus long possible, chute vers le centre du silo et non sur les parois.
La même moulée livrée à des endroits différents n’a pas toujours les mêmes propriétés finales. Après avoir analysé le chemin parcouru, on remarque souvent plus d’embûches à un endroit. Je vous encourage donc à évaluer le chemin que doit prendre la moulée pour se rendre à vos animaux. Plus vite vous pourrez régler les embûches, plus rapidement vous pourrez profiter d’une moulée cubée de grande qualité.
Bonne saison estivale à tous.
Par Yves Garceau, agr.
[GG1] On parle bien de la moulée ici? Donc « la » propulsera
[GG2]« elle », la moulée…