Publié le 14 octobre 2015
26 juillet 2015, après une belle période de semis, nous avons connu une saison de croissance relativement fraîche (parfois froide) sans canicule ni période de sécheresse, mais avec suffisamment de chaleur pour que le maïs se développe dans les temps. Ainsi rendues en fin juillet, les aigrettes de maïs sont pratiquement sorties partout laissant présager une période de pollinisation adéquate. Et lorsqu’on parle de bonne pollinisation dans un bon temps, on peut anticiper du maïs de qualité en bonne quantité. De par leur couleur foncée, les champs de soya ne sont pas en reste eux non plus. Ils laissent présager une nodulation adéquate.
Du côté des céréales, nous avons rarement vu de si beaux champs de blé d’automne. La récolte, quelque peu retardée par le temps frais, débute à peine mais déjà les premières livraisons semblent très prometteuses en ce qui a trait à la qualité recherchée. L’expansion rapide de cette production devrait permettre un développement important dans les prochaines années, mais la maîtrise de la régie de production demeure essentielle pour connaître du succès.
Mondialement, la récolte de blé pour 2015 s’annonce un peu à la baisse (-1,5 %) notamment dans l’Ouest canadien ou elle sera en diminution de 2 millions de TM par rapport à 2014 à cause du temps sec et 10 millions de TM de moins qu’en 2013. La récolte de l’Union européenne, quant à elle, est appelée à baisser de 9 millions de TM, en raison principalement de la chaleur intense de cet été. Seuls la Chine, l’Australie et les É.-U. voient leur production hausser quelque peu. L’effet température combiné à l’émission des rapports de production ont beaucoup influencé les fluctuations du marché amenant celui-ci de 5,50 $/b à 6,40 $/b pour revenir deux semaines plus tard au point de départ.
La production de maïs n’est pas en reste quant aux fluctuations. Ainsi, dans le même mode température-rapport, les prix se sont rapidement raffermis en juillet. Localement, la faible récolte 2014, couplée à la baisse du dollar canadien, rend les prix de remplacement plus élevés. La baisse des stocks disponibles crée un effet de rareté qui met une pression accrue sur la tendance des prix. Il faut toutefois noter que nos voisins du Sud devraient engranger une récolte estimée à 13,53 milliards de boisseaux soit 5 % de moins que la récolte record de 2014. Les rendements estimés à ce jour à 166,8 b/acre sont légèrement inférieurs à ceux de l’an dernier à 170 b/acre. La fève soya suit à peu près le même patron avec une baisse anticipée de la récolte de 2,5 % et des rendements inférieurs d’environ 1,8 b/acre.
Ce qui différencie la production de maïs américaine de la production de fève soya et du blé en est son utilisation. Ainsi, 14 % de la récolte de maïs prend le chemin de l’exportation par rapport à 46 % pour la fève de soya et 44 % pour le blé américain. Par contre, 86 % du maïs américain est transformé ou consommé dans le pays, comparativement à 54 % pour le soya et 56 % pour le blé. Au Canada, bon an mal an, c’est 71 % de notre production de blé (environ 25 millions de TM) que nous exportons et qui fait du Canada un joueur tout aussi important que les États-Unis, l’Union européenne ou la Russie sur l’échiquier mondial.
Le Canada est reconnu pour la qualité de son blé qui justifie un prix en conséquence. Un prix qui n’est pas toujours évident à aller chercher dans un marché hautement concurrentiel où les politiques agricoles et commerciales s’affrontent bien souvent.
Vous comprendrez aussi que même si notre production de blé locale augmente, elle ne demeure qu’une goutte dans l’océan mondial et reste marginale lorsque vient le temps de fournir les minoteries montréalaises qui consomment annuellement environ 800 000 TM de blé. Toutefois, en nous associant à des transformateurs québécois, nous aurons la consolation de pouvoir manger du pain produit avec notre blé et non du blé de l’Ouest.
Par Jean-Pierre Aumont, T.P.
Directeur du Service des grains
La Coop Novago