L’heure des bouleversements : que peut-on contrôler et comment ? 

Publié le 4 mars 2021

L’heure des bouleversements : que peut-on contrôler et comment ? 
Par François Lefebvre M.Sc. agr., superviseur technique avicole

La pandémie a changé la face du monde : une contraction de l’activité humaine s’en est suivi et le désordre aussi.

Du côté de l’agriculture, un service essentiel pour nourrir le monde, des coupures ont été faites dans le nombre d’animaux prêts à abattre et dans le nombre d’animaux prêts à élever. Les revenus ont eux aussi été coupés. Dans la volaille, les revenus ne rencontrent pas les coûts de production pour élever les animaux. La situation devient de plus en plus lourde pour tous les intervenants de la chaîne de production.

Que faire ? Arrêter ? Les investissements sont trop importants pour cela. On espère que ça va mieux aller, mais le souffle devient de plus en plus court.

Dans la volaille, déjà avant la pandémie, les coûts d’exercice de la profession avaient commencé à augmenter. Avec l’obligation d’une tenue de livres pour des actions spécifiques et des audits de normes d’élevage au niveau fédéral, on doit consacrer plus de temps à l’administration qu’auparavant.

De plus, l’utilisation de certains antibiotiques de première ligne en santé humaine a été bannie de la production. Certains antibiotiques étaient utilisés pour contrer les infections bactériennes dès l’âge embryonnaire des poussins. Résultat : un plus haut taux de mortalité en élevage, ainsi qu’une augmentation du pourcentage d’oiseaux à euthanasier, faute de quoi les soigner.

Plus de travail au niveau des suivis de troupeaux et moins de revenus : c’est un coût supplémentaire qui n’a pas été relayé aux consommateurs. Il faudra que ça vienne.

Que peut-on contrôler ?

Dans cette situation, on n’a pas le choix de faire de son mieux et viser à recevoir des oiseaux dans des conditions environnementales parfaites. Après avoir bien nettoyé et préparé sa bâtisse pour un nouvel élevage, il faut la préchauffer suffisamment avant l’arrivée des poussins pour avoir au moins 90 degrés Fahrenheit au plancher dans l’aire de départ de ceux-ci.

À la réception des oiseaux, on se doit d’être très attentif à leur comportement en les observant lorsqu’ils mangent, boivent, chantent, courent et dorment. On ne doit observer aucun regroupement, car cela indique un inconfort des oiseaux causé par un environnement trop frais ou froid. Des oiseaux qui se regroupent vont manger et boire moins. Ils peuvent aussi être sujets à un stress physique qui ouvre la porte aux maladies.

Ensuite, il faut s’assurer d’avoir une eau impeccable sur le plan de la qualité et de la propreté. Il faut nettoyer ses tuyaux d’eau avec minutie entre deux lots. Puis, il est important de traiter son eau pour qu’elle soit — et demeure — salubre même en présence d’oiseaux malades qui boiront aux mêmes tétines que les oiseaux sains.

Malheureusement, il y aura toujours des oiseaux infectés présents lorsqu’on reçoit des poussins pour un nouvel élevage, d’autant plus qu’il n’y a plus d’antibiotiques donnés aux couvoirs. Il faut contrer la propagation de ces infections à tout le troupeau en utilisant une eau traitée avec une charge de désinfectant.

Quels indicateurs nous démontrent que les choses sont bien faites ?  

En pesant les oiseaux à l’arrivée, puis à sept jours, ils doivent avoir pris 4,3 fois leur poids entre les deux pesées. Les oiseaux à l’arrivée vont peser entre 42 et 43 grammes en moyenne. Ils devraient donc avoir un poids de 180 à 185 grammes à sept jours.

L’uniformité du troupeau est aussi un bon indicateur de la situation de départ. Un troupeau normal aura autour de 80 % à 85 % d’uniformité à l’arrivée. À sept jours, si on fait bien les choses, on devrait être autour de 80 % aussi. Si des troupeaux qu’on a mesurés se retrouvent à des niveaux de 60 % d’uniformité à sept jours, cela indique que l’environnement qu’on procure aux poussins n’est pas adéquat. Il faudra y remédier en ajustant les différents facteurs mentionnés plus haut.

Faisons de notre mieux avec toutes les connaissances professionnelles qui nous caractérisent. Le bouleversement de la pandémie impose une contraction d’actions de l’humanité entière qui sera sûrement suivie d’une expansion. Soyons patients : courage, le meilleur est à venir !