Les pâturages pour chevaux : une question de nutrition et de gestion !

Publié le 14 juin 2017

Chronique équine

La belle saison qui est à nos portes annonce la sortie des chevaux aux pâturages !
Il est important de bien planifier cette étape puisque le passage d’une alimentation contenant majoritairement du foin sec vers un pâturage d’herbe constitue un grand changement pour le système digestif du cheval et il est nécessaire de prendre certaines précautions pour s’éviter des problèmes futurs.

Le système digestif du cheval

En premier lieu, il est essentiel de se rappeler le fonctionnement du système digestif du cheval : le cheval est un herbivore monogastrique, il n’a qu’un estomac de très petite taille. La fibre (provenant du foin, du pâturage ou de certains concentrés) est fermentée dans le gros intestin par les microbes qui constituent la flore intestinale. Contrairement aux ruminants, chez qui la rumination et un estomac divisé en 4 parties leur permet de digérer et assimiler la fibre.

La flore intestinale est très sensible aux changements, c’est pourquoi on dit que toutes les transitions alimentaires doivent être faites de façon progressive. Comme le pâturage est très différent du foin sec de par sa teneur en eau, en protéine, en calories et en vitamines et minéraux, cela constitue un gros changement alimentaire et il est important de faire une transition progressive et ainsi prévenir les problèmes digestifs tels que les diarrhées et les coliques gazeuses.

Transition sécuritaire du foin au pâturage

Il est suggéré de :

  1. Servir la ration foin avant de mettre les chevaux au pâturage (ainsi ils ne seront pas affamés et seront moins tentés d’ingérer une très grande quantité d’herbe fraîche)
  2. Augmenter graduellement le temps passé au pâturage (afin d’accoutumer les microbes de la flore intestinale de façon graduelle)
  3. De servir les concentrés au retour à l’écurie (pour inciter les chevaux à revenir malgré le peu de temps passé au pâturage)

Voici un exemple de transition alimentaire sécuritaire [1] :

Jour 1 à 4 : Augmenter de 15 minutes, 2 par fois jour les sorties au pâturage.

Exemple : Jour 1 = 15 min le matin et 15 min le soir, jour 2 = 30 min le matin et 30 min le soir, etc.

Jours 6 et 7 : Augmenter de 30 minutes, 2 fois par jour les sorties au pâturage.

Exemple : Jour 6 = 1h30 le matin et 1h30 le soir et jour 7 = 2h le matin et 2h le soir

Jour 8 à 10 : Augmenter d’une heure, 2 fois par jour les sorties au pâturage.

Exemple : Jour 8 = 2h le matin et 2h, jour 9 = 3h le matin et 3h, etc.

Au besoin, il est possible d’allonger la transition alimentaire chez des chevaux sensibles aux coliques en répétant l’étape 6 deux autres jours et l’étape 7, trois autres jours.

*Il est conseillé de ne pas donner accès au pâturage à des chevaux faisant de l’embonpoint ou ayant déjà fourbés. Selon l’avis de votre vétérinaire, il pourrait être possible de leur donner un petit accès avec une musette (grazing muzzle).

La gestion du pâturage

Ce n’est pas parce que c’est vert, que c’est nutritif ! Ainsi, une bonne gestion de nos pâturages permettra un meilleur rendement et une plus longue saison de pâture.

Premièrement, il faut choisir un mélange qui ne contient pas de plantes toxiques pour le cheval et qui convient au type de cheval que l’on a.

Plus de détails ici : http://celebrite.coop/semences-fourrageres

Deuxièmement, il faut respecter 3 règles bien simples :

  1. Fournir un environnement propice à la survie, à la croissance et au rendement

Les plantes ont besoin d’un sol bien drainé, un pH adéquat et des éléments nutritifs.

*Faite analyser votre sol afin de déterminer le pH et la quantité d’éléments fertilisants nécessaires.

  1. Toujours respecter la croissance des plantes et leur période de repos

Au printemps, les racines fournissent à la plante l’énergie nécessaire à la pousse du feuillage. Par la suite, les feuilles captent la lumière, synthétise l’énergie nécessaire à la croissance et permet de refaire les réserves. C’est pourquoi il faut prévoir une période de repos suffisamment longue entre les passages des animaux. La durée de cette période de repos varie tout au long de la saison en fonction de la durée du jour et de l’eau.

*Attendez que le pâturage ait 8 pouces de hauteur avant d’y envoyer vos chevaux.

  1. Éviter à tout prix la surpaissance

Les chevaux arrachent les plantes avec leurs lèvres et leurs dents très près du sol. Il est donc important de ne pas laisser brouter plus bas que 3-4 pouces puisque lorsque rasée au sol, la plante doit d’abord puiser l’énergie emmagasinée dans ses racines et sa vitesse de croissance devient jusqu’à 80% moins rapide. Si cela survient à plusieurs reprises, les réserves s’épuisent et la plante finie par disparaître… laissant place aux plantes indésirables !

*Les jeunes pousses sont les préférées des chevaux, ainsi si les chevaux restent trop longtemps dans le même pâturage, le regain sera brouté à nouveau.

Pour permettre cela, un système de rotation est idéal !

  • Diviser le pâturage en petites parcelles (tenir compte des points d’eau)
  • Changer fréquemment les chevaux de parcelle en début de saison, puis ralentir la rotation
  • Prioriser un grand nombre d’animaux par hectare pour une courte période
  • Faucher les refus (Puisque les chevaux sont des mangeurs très sélectifs !)
  • Fertiliser/chauler au besoin

L’alimentation pour compléter le pâturage

Puisque les pâturages sont bien souvent plus riches que le foin sec, il est également important d’ajuster l’utilisation des concentrés. Dans la majorité des cas, la quantité de moulée servie quotidiennement peut être diminuée, à moins que l’intensité du travail augmente en même temps.

Il est également important de continuer de mettre un supplément complet de vitamines et minéraux à leur disposition. Le Pro-Bloc Cheval est particulièrement indiqué pour les chevaux au pâturage :

  • Enrichi en vitamines liposolubles (A, D, E, K,) et hydrosolubles (complexe B) pour le bon fonctionnement du métabolisme
  • Niveau élevé de calcium, de phosphore et de sel, nécessaires aux besoins quotidiens des chevaux
  • Fortifié en éléments mineurs
  • Très appétent et favorisant la consommation d’eau
  • Permet une alimentation à libre choix, un avantage à la fois pour le cheval et son soigneur
  • Disponible en format de 2 kg (parfait pour le box), de 11 kg et de 22 kg

D’autres suppléments de vitamines et minéraux sont aussi disponibles à votre Coop tels que le Tonix ou le Fort-Eq.

Finalement, les chevaux devraient avoir facilement accès à de l’eau fraîche et propre en tout temps et les clôtures devraient être inspectées régulièrement afin d’assurer leur sécurité.

N’hésitez pas à consulter votre expert-conseil La Coop pour obtenir de l’aide pour balancer vos rations selon votre pâturage ou vos fourrages.

[1] [1] Source : Adapté de Dany Cinq Mars, Ph.D., agr. 2004. «L’alimentation du cheval pour éviter ou contrôler les problèmes respiratoires», Agri-Réseau www.agr.gouv.qc.ca

Marie-Christine Fauteux, M.Sc., agr.
Expert-conseil équin, La Coop fédérée