Publié le 15 juin 2017
Le printemps 2017 sera assurément différent de ses prédécesseurs. Ainsi, en date du 26 mai, les semis battent leur plein avec près de 2 à 3 semaines de retard causé par des pluies incessantes et une température relativement froide.
La culture du blé, très influencée par le besoin en lumière avant l’épiaison, écopera en matière de rendement et de qualité avec un poids spécifique possiblement plus léger que lors des dernières années.
Pour le maïs, le retard ne sera pas très significatif si la température peut se réchauffer et demeurer clémente pour le reste de l’été.
Dans le cas de la fève soya, le sol est encore relativement froid pour le semis, mais il est encore temps pour les cultivars qui ne sont pas trop tardifs.
La situation de l’Ontario se compare à celle du Québec, soit beaucoup de retard dans les semis de maïs. Les producteurs ontariens, qui prévoyaient ensemencer deux millions d’acres, commencent à penser qu’il sera difficile d’atteindre cet objectif. Et il sera difficile aussi de fournir leurs marchés d’alimentation et de transformation sans avoir recours à l’importation, qui se traduira par une hausse du prix pour ses utilisateurs.
Du côté américain, les semis de maïs se sont déroulés beaucoup mieux que chez nous. En date du 24 mai, ils étaient complétés à plus de 85 % et dans la moyenne des cinq dernières années. Les semis de fèves soya ont fait un bond de 18 % en une semaine pour atteindre 50%. Quant au blé, disons que celui-ci a été quelque peu malmené au début du mois avec une chute de neige de 30 cm dans le Kansas, berceau du blé d’hiver, causant environ 5 % de perte. Pour le blé de printemps, les semis se sont déroulés à l’image de ceux du maïs.
Un peu moins de semis en maïs signifie plus de semis dans la fève soya ainsi qu’une récolte potentiellement plus élevée aussi. Combinée à une récolte record au Brésil, avec environ 113 millions de tonnes, comparativement à 96,5 millions de tonnes en 2016, la pression sur les prix de la fève commencera tôt ou tard à se faire sentir. Heureusement, depuis la visite du dirigeant chinois en sol américain, les relations entre les États-Unis et la Chine semblent s’être stabilisées, ce qui devrait contribuer à faire en sorte que ces derniers continuent de s’approvisionner du côté de l’Amérique du Nord.
Il est difficile, aujourd’hui, de déceler la direction que prendront les marchés tant que les semis ne seront pas complétés, soit d’ici une quinzaine de jours. Mais force est d’admettre que nous pouvons difficilement atteindre la quantité et la qualité des dernières récoltes sans un été « performant » en matière de chaleur et de pluie. Cet état d’inquiétude pourrait se traduire par une hausse potentielle pour le maïs et le blé, mais plus difficilement pour la fève soya.
Localement, les prix du maïs n’ont pas beaucoup fluctué depuis les récoltes, passant de 190 $ à 205 $, puis retombant à 195 $, pour enfin revenir à 200 $ quelques semaines plus tard. Par contre, les quantités mises en marché ressemblent beaucoup à celles de l’an dernier, mais diffèrent de marchés. Ainsi, on a pu remarquer que beaucoup de maïs avait été exporté l’an dernier, tandis que les livraisons au port ont été moindres cette année.
Certains producteurs seront peut-être tentés de retenir leur récolte de 2016 en silos, dans le but de voir le marché monter cet été en raison de l’incertitude des semis. Mais si tous pensent de la même façon, on se retrouvera avec un manque en début d’été et un excédent en septembre – octobre, ce qui aura pour effet de mettre une pression indue sur les prix.
Jean-Pierre Aumont, T.P.
Directeur Service des Grains