Publié le 13 novembre 2020
L’enterococcus, un combat !
Par François Lefebvre, M. Sc., agr.
27 septembre 2020 : toutes sortes de changements se passent actuellement avec ce qui semble être une 2e vague de la COVID-19. Il y a une augmentation du nombre de cas qui devient alarmante. Au Québec, les zones passent rapidement du vert au jaune, puis du jaune au orange. Au rouge, c’est le niveau critique le plus élevé.
Quel est ce coronavirus ? D’où vient-il ? Comment agit-il ? Change-t-il de forme ? Combien de fois ? Qui affecte-t-il ? Quels en sont les symptômes ? Comment le prévient-on ? Est-ce qu’on peut le traiter ? Beaucoup de questions, mais peu de réponses encore aujourd’hui.
À peu près, la même situation se passe en ce moment avec l’enterococcus dans les lots de poulets au Québec. Qui est-il ? Il est donc bien fatiguant ! Comment se traite-t-il ? Provient-il d’une race, d’un couvoir, d’un pondoir, d’une meunerie ? Quel est le meilleur médicament pour le traiter ? Est-ce que les traitements fonctionnent ? Pourquoi chez nous ? Encore une fois, beaucoup de questions, peu de réponses, sinon des observations…
Dans un article écrit par la Dr Louise Mercier ce mois-ci (Coup de plume), elle cite un rapport du MAPAQ qui stipule qu’en 2019 il y a eu une augmentation importante des cas d’enterococcus par rapport à 2018. En fait, c’est devenu l’observation principale.
Cette année, déjà au mois de mai, la situation était encore plus sérieuse (RAIZO mars-avril-mai 2020). Au laboratoire du MAPAQ, ils en avaient plein les bras de ces cas ! Ils ont également remarqué une évolution dans la manière dont cette maladie s’exprime. Au départ, on parlait plus de poulets « assis en Harley-Davidson », phénomène causé par la formation d’un abcès dans une vertèbre de la colonne. Maintenant, on parle d’oiseaux qui boitent et de la présence d’infections avec pus à différents endroits autour du cœur ou aux articulations des pattes. Les condamnations à l’abattoir augmentent aussi, ce qui est probablement causé par cette même bactérie.
Ces dernières années, les vétérinaires ont essayé toutes sortes de protocoles de traitement qui ont connu plus ou moins de succès selon les fermes touchées. Pour certaines fermes, les protocoles ont fonctionné ; pour d’autres, ils ont fonctionné un temps, puis la maladie est réapparue.
Dans son article, Dr Mercier rapporte les observations d’un spécialiste américain qui consacre toute son attention à cette bactérie. Il a comparé des fermes aux prises avec des problèmes d’enterococcus avec des fermes sans ce problème, ayant la même source de poussins et de moulée. Dans les fermes à problèmes, il a pu observer que la bactérie s’installait dans l’intestin des oiseaux dès leur première semaine de vie, ce qui n’était pas le cas chez les fermes sans problèmes. Pour lui, c’est principalement durant cette période qu’il faut agir.
Pour donner suite à ses observations, et comme l’utilisation d’antibiotiques ne semble pas avoir beaucoup de succès dans le traitement de l’enterococcus, Dr Mercier apporte un angle intéressant au problème. Elle compare la situation de l’enterococcus au syndrome de la cellulite dans le poulet. On ne traite pas la cellulite avec des antibiotiques, alors pourquoi ne pas utiliser la même approche avec l’enterococcus ? C’est-à-dire changer certains points de régie pour améliorer la situation comme nous l’avons fait pour la cellulite ? Voici les éléments suggérés :
En portant une attention particulière à ces points, il y a de fortes chances de se débarrasser de cette bactérie malveillante dans vos lots.