Publié le 13 septembre 2010
Nous voulons tous obtenir les meilleurs résultats possibles dans nos champs. Parfois, malgré des conditions de semis et de croissances idéales, les rendements n’y sont pas. Je ne vous apprendrez rien en vous disant que la base de la vie consiste à respirer, boire et manger. Quand nous sommes malades et que le médecin ne sait pas ce qui se passe, il nous fait passer une batterie de tests afin de voir à l’intérieur de notre corps et essaie de trouver le problème. L’agriculture a le même principe mais parfois l’apport en eau et en engrais ne suffisent pas. Il existe un moyen de vérifier si vos terres sont en ordre, avec un profil cultural de sol. Voici donc un court résumé de ce rayon X des sols.
Avant de faire le profil, il est important de faire l’historique de vos champs. Par la suite, vous devez choisir les endroits et le moment où creuser, selon le but de votre intervention. Si vous voulez savoir si vos méthodes culturales sont adéquates, vous devez faire plusieurs trous et ce, dans plusieurs champs. Alors vous pourrez voir si vous labourez trop creux ou si vous travaillez le sol trop humide en voyant la couche de compaction.
Pour observer les causes d’un mauvais rendement, creusez là où les rendements sont médiocres et où ils sont bons, afin de comparer le profil. Diagnostiquez un problème de drainage quand la nappe d’eau s’est abaissée, au printemps ou bien tard à l’automne, ou tout simplement après une pluie importante. Les trous doivent être assez profonds (au moins 30 pouces) et perpendiculaires aux rangs de cultures, pour observer au-delà des passages de machineries.
Qu’est ce qu’il faut observer maintenant? Un sol idéal possède une bonne structure, une bonne porosité, une aération adéquate et une grande activité biologique. La structure est la disposition des particules primaires (sable, limon, argile, matière organique) qui sont rassemblées soit par l’activité biologique ou par l’argile. Cette agglomération se nomme agrégat. Le moyen d’observer la structure est de prendre une pelletée de terre pour évaluer la couche de surface. Il faut sans forcer défaire le bloc sur la pelle pour séparer et observer la taille des mottes. Si elles sont rugueuses et poreuses, cela peut indiquer une bonne structure et une bonne activité biologique. Au contraire, une motte lisse et massive peut démontrer souvent un sol compacté. Plus vous utilisez la force pour les écraser, plus le sol est compact.
Un petit test maison peut aussi être effectué pour évaluer la stabilité. Plongez une motte dans un bol d’eau. Observez le résultat après 10 minutes et après 2 heures. Si elle ne se défait pratiquement pas, la structure est stable. Par contre, si elle se désagrège complètement, le sol est instable et, par le fait même, sensible aux pluies fortes et à la compaction.
L’odeur, la fermeté et la décomposition de la matière organique est aussi à observer. Attention aux vers de terre, c’est rassurant d’en voir mais ont peut se faire jouer des tours. Ce n’est pas parce qu’ils sont présents qu’il faut crier victoire! Dans un sol compact, il y a beaucoup de nourriture pour eux, car l’effet anaérobique (manque d’oxygène) ralentit la décomposition des résidus de cultures. Il est préférable d’observer les galeries creusées par ces derniers que par leur présence. Ces tunnels aident à la porosité de la terre en laissant des espaces entre les agrégats, ce qui améliore la structure et qui aide au développement des racines.
Ces dernières sont aussi à observer. Une racine, en condition idéale et sans obstacle, traverse les trois horizons de sol. Les horizons de sol se groupent principalement en trois parties. La zone A, qui va environ jusqu’à une profondeur de dix pouces, est la couche de surface. La couleur présente est souvent celle de la matière organique. La zone B, qui est le sous-sol, se situe jusqu’à 30 pouces. La couleur, que l’on veut retrouver, peut passer du brun au brun-jaune. C’est l’oxydation ou la réduction du fer qui donne ces teintes. Les couleurs bleues, grises ou vertes, ne sont pas recherchées ! Elles démontrent un sol mal aéré.
Selon les observations réalisées de vos profils de sols, plusieurs options s’offriront à vous. L’application d’engrais vert, corriger le drainage, utiliser le travail de sol réduit ne sont que quelques exemples qui pourront être appliqués dans votre régie.
Pour être à l’aise avec cet outil de travail, il faut en faire plusieurs et connaître l’historique des champs. Afin de faire de meilleurs diagnostics, le manuel « Les profils de sols agronomiques » est disponible par le CRAAQ. Ce guide complet vous aidera à réaliser vos profils de sols.
Mettre une terre en ordre est un projet à moyen et long terme. Petit à petit, vous utiliserez des méthodes, des conseils, afin de corriger les erreurs du passé. Le temps et l’argent que vous investirez dans vos terres, vous seront remis à vous et à votre relève, plus que vous ne le pensez! Votre coopérative vous offre le service d’accompagnement, afin de réaliser des profils de sols. N’hésitez pas à communiquer avec Pierre-Luc Brouillette, pour de plus amples informations.
Par Isabelle Leblanc, t.p. Technicienne en agroenvironnement