Le microbiome et le PASAF

Publié le 6 juillet 2010

Le microbiome, ça vous dit quelque chose? Et le PASAF?

Dans le magazine L’actualité du mois de février de cette année, j’ai lu un article intitulé : « Guérir par les microbes ou à la conquête du microbiome ». Le microbiome, un nouveau domaine de recherche en pleine effervescence à travers le monde. On se rend compte dans le domaine de la science de l’importance de toute la faune microscopique qui réside sur le corps humain. « Ces microbes qui vivent sur nous pourraient être à l’origine de beaucoup de nos maladies » comme le cancer, l’asthme, l’obésité. Ces microbes pourraient aussi être « la clé pour en guérir »!

C’est bien l’invention du microscope qui a permis aux microbiologistes de se concentrer sur les ennemis du corps humain. C’est là qu’ont été identifiés les bacilles de la peste ou tuberculose, les staphylocoques, streptocoques, E. coli et autres bactéries et virus. Mais tous les autres microbes non impliqués (supposément) dans les maladies, eux, n’étaient pas regardés. Aujourd’hui, grâce à la capacité de séquençage du code génétique et à de puissants ordinateursde la bio-informatique, les chercheurs sont capables d’aller plus loin dans l’identification et la compréhension de tout ce monde grouillant, vivant en symbiose avec nous. On devine que le traitement par antibiotiques, envers et contre tous, peut amener un déséquilibre de la population globale des microbes résidants sur nous et créer des problèmes encore plus graves à moyen et long terme. À l’image d’une agriculture intensive qui a utilisé des labours intensifs accompagnés d’usage d’engrais, d’herbicides, de pesticides à fortes doses qui semblent faire plafonner le rendement des cultures, créer une érosion galopante ainsi que de créer un déficit de toute la population globale du sous-sol, telle les vers de terre, les bactéries et autres les accompagnant (Le Coopérateur agricole, avril 2010), l’usage d’antibiotiques et désinfectants à outrance, envers et contre tous, semble créer un déséquilibre qui entraîne de graves conséquences. On a juste à penser à tous les cas de résistances, d’allergies et d’asthmes qui progressent sans cesse dans la population.

Et le PASAF dans tout ça? PASAF (Programme d’Assurance Salubrité des Aliments à la Ferme), dans ce mot on y retrouve Salubrité. Selon le nouveau Petit Robert 2007, la salubrité est le caractère de ce qui est favorable à la santé. Plusieurs normes ont été assises dans un cahier de charge afin « d’aider » les producteurs à appliquer et suivre une certaine forme de bio-sécurité et de s’assurer d’avoir des oiseaux sains et en santé. Le désir est très bien et nécessaire. Les exigences demandées y sont parfois moins claires. Il faudrait faire attention à viser seulement les ennemis (voire microbes pathogènes) et peut-être s’ouvrir à une compréhension plus grande de ce qu’est la vie qui nous entoure. Ce serait une grande erreur de s’approcher d’un modèle à caractère stérile où l’on ne retrouverait plus de microbes et qu’on appellerait cela sain. Être élevé à travers des microbes nous rend plus fort ou plus apte à répondre à une attaque microbienne lorsqu’elle se présente. Les producteurs et tous ceux qui les accompagnent font un excellent travail et produisent déjà, à mon avis, un aliment de grande qualité. L’amélioration est toujours possible et doit tenir compte des principes de base appliqués depuis longtemps sur la régie de l’air, eau et moulée.

Il faudra aller plus loin maintenant et appliquer la régie de l’air, eau, moulée et… microbes!

Par François Lefebvre, agr. M. Sc.