Publié le 29 juin 2010
Les semis sont à peine terminés localement que déjà on entrevoit une source de problèmes, la sécheresse. Et oui, à peine sommes-nous rendus au 25 mai, que déjà la température s’élève à plus de 30 degrés Celcius et Météo-média ne parvient plus à afficher quelques journées de pluie sur son site. Pourtant, quelques devins prévoyaient aussi une sécheresse l’an dernier et nous avons battu des records de précipitation dans certaines régions, comme quoi la situation peut changer radicalement en peu de temps. Il faut aussi trouver du positif dans une telle situation. Le temps sec a l’avantage de procurer une meilleure qualité de grain, des coûts de séchage moindres et de plus, si les rendements sont moindres, le potentiel de voir les marchés s’affoler est grand.
Situation américaine : Les semis sont pratiquement terminés depuis le 15 mai et ceux-ci se sont déroulés dans des conditions excessivement bonnes. Si les semis de l’an dernier, à la même date, n’étant avancés qu’à 64 % ont permis d’atteindre un rendement record de 164 boisseaux à l’âcre, à quoi doit-on s’attendre cette année? De plus, la crise européenne tend à causer un renforcement de la devise américaine sur les marchés mondiaux, ce qui crée une pression baissière sur les cours des commodités et, pour rajouter sur le tas, des stocks de report qui peinent à rester sous la barre des deux milliards de boisseaux pourraient tirer les marchés boursiers vers le bas très bientôt. Mais pour contre-balancer, disons que la Chine semble aussi démontrer un certain intérêt pour l’importation de maïs. Localement, le maïs se transige aux environs de 155,00 $/t.m. sur le marché immédiat et environ le même prix à la récolte. À quoi s’attendre? Dites-moi la température qu’il fera un peu partout sur la planète et je pourrai vous évaluer les rendements, les stocks de report ainsi qu’un aperçu du prix résultant de ces facteurs forts importants. Il faut aussi évaluer les volumes de blé dans l’équation, car advenant une sécheresse dans un des pays exportateurs, comme l’Australie, le Canada ou l’Ukraine, la situation peut changer rapidement.
La situation de la fève soya est encore plus préoccupante, car tant sur le marché domestique (États-Unis) que sur les marchés mondiaux, les stocks de report sont très élevés alors il y a peu de chance de voir les marchés boursiers remonter au-dessus de 9,50 $ le boisseau. Rappelez-vous que l’Amérique du Sud (Brésil et Argentine) a sorti une récolte record de fève soya cet hiver, venant mettre une pression supplémentaire sur les prix. Une stratégie prévoyante serait de fermer quelques contrats à terme futur et de continuer d’espérer que le huard canadien perde des plumes au profit du billet vert de nos voisins pour enfin fermer une prime à la livraison plus intéressante qu’aujourd’hui. À 9,10 $ du boisseau en novembre, on peut espérer atteindre un prix final de 350,00 $/t.m. ce qui couvre présentement le coût de production.
Localement, le temps très chaud et humide que nous connaissons présentement pourrait causer certains problèmes de conservation des grains en silo. Alors, comme un gars averti en vaut deux, allez donc voir ce qui se passe de ce côté, ainsi une solution payante serait de faire tourner vos silos en expédiant de façon régulière quelques vans de maïs ou soya pour éviter tout point chaud qui pourraient se former. Comme la qualité n’est quand même pas élevée cette année, il serait dommage de se ramasser avec du grain chauffé ou moisi qui ferait dévaluer, de façon importante, le prix à la tonne métrique de vos grains.
Sur ce, je vous souhaite une belle saison de production et des rendements à la hauteur de vos attentes.
Par Jean-Pierre Aumont, t.p. directeur service des grains