Rêver les deux pieds sur terre; Maîtres-éleveurs Holstein 2009

Publié le 12 juillet 2010


Le titre de Maître-éleveur est décerné annuellement depuis 1929 par l’Association Holstein du Canada (sauf en 1932, 1934, 1935, 1936 et 1938). En 2009, 21 producteurs au pays, dont 6 au Québec, ont décroché cette reconnaissance.

Pour concrétiser ses rêves, il faut passer à l’action, sans toutefois cesser de rêver… Bref, rêver dans l’action. C’est ce qu’ont fait trois lauréats du prestigieux titre de Maître-éleveur, décerné en 2009 par l’Association Holstein du Canada. Ils se sont fixé un objectif précis et ont tout fait pour l’atteindre.

Rêver les yeux grands ouverts, visualiser ce qu’on veut réaliser, dresser un plan d’action et s’y attaquer au quotidien. Voilà qui demande une bonne dose de rigueur, de discipline et de passion. Maître-éleveur, « le nom le dit », c’est être passé maître dans l’art de l’élevage. Bien entendu, on ne s’improvise pas Maître-éleveur. C’est le travail d’une vie, ou presque. Au bas mot, d’une quinzaine d’années. Mais ce n’est pas qu’une question de temps, répondront les gagnants. Tous s’accordent pour dire que le succès découle d’un amalgame d’éléments. D’une combinaison de facteurs qui, petit à petit, prennent forme.

Le diamant qui, entre les mains expertes de l’orfèvre, révèle tout son éclat. Le titre place ceux et celles qui le détiennent dans une classe à part. Mais non pas au-dessus des autres. Michel et Andrée, Gilles et Clément, Lynda et Mario, sont des exemples à suivre, des sources d’inspiration, des travailleurs acharnés prêts à faire partager leur savoir. Car ils ont aussi été inspirés, pour ne pas dire allumés, par d’autres avant eux qui ont tracé la voie et su donner au suivant. Itinéraires de trois « fous » (de joie!) de l’élevage.

Pour la famille Perreault, 2012 sera une année à marquer d’une pierre blanche. Une grande étape d’un parcours débuté il y a près de 30 ans aura été franchie. Le parcours de toutes les espérances qu’est venu bénir le titre de Maître-éleveur Holstein.

Une nouvelle étable, au moins deux fois plus d’animaux et presque trois fois plus de quota : c’est le projet pour les deux prochaines années, d’ici à 2012. « Les astres sont bien alignés », dit Mario Perreault. Au moment d’écrire ces lignes, la construction de l’étable, amorcée en juillet 2009, était presque achevée. Cent vaches pourront y loger dans le plus grand confort (50 de plus qu’aujourd’hui). Et le quota, actuellement d’une quarantaine de kilos, passera, si possible, à 120 kilos.

Ce nouveau départ est mis sur les rails dès 1981, après que le troupeau Vieux Saule eut été décimé par la tuberculose. Près de 80 têtes, dont la moitié de race pure. Un événement dévastateur qui a presque eu raison de la motivation de Claude Perreault, fondateur de l’entreprise de Saint-Esprit, alors âgé de 50 ans. Du Saint-Esprit, en de telles circonstances, il en aurait sans doute bien eu besoin… Mais voilà, Claude et Jeannine, son épouse, sont des piliers, et ils sont demeurés en place pour que leur fils, Mario, puisse s’établir, car ce dernier avait la ferme volonté de poursuivre le travail commencé. Le Vieux Saule, préfixe de l’entreprise depuis 1977, a tenu bon.

Famille Perreault : Mario, Linda y Jimmy
Lynda se charge de la gestion, des finances et de la comptabilité. Mario siège au conseil d’administration de Holstein Canada et veille à l’administration générale de la ferme. Jimmy, leur fils, est responsable du troupeau, de la production et du développement du commerce de la génétique.

Croire dur comme fer en ses capacités de réussir. Tout est là. « J’ai eu un choix à faire, dit Mario, car mon père ne voulait pas gérer le troupeau. J’avais 20 ans et je ne connaissais pour ainsi dire rien. » Mario décide de bien s’entourer. De travailler avec les meilleurs. « Une des forces de l’entreprise », dit-il. Des spécialistes dans tous les domaines l’épaulent. Expert-conseil, agronome, contrôleur laitier, inséminateur, vétérinaire, conseiller en gestion.

Pour repeupler le troupeau, Mario et Lynda, son épouse, font appel à l’agronome et représentant de territoire Jean-Luc Laroche, aujourd’hui nutritionniste en alimentation des ruminants à La Coop fédérée. Ce dernier aide le couple à se procurer cinq ou six bêtes dans chacun des six troupeaux élites sélectionnés. Une trentaine de têtes au total, la plupart des taures de deux ans n’ayant pas mis bas. L’investissement est important. Heureusement, les parents sont là pour les soutenir financièrement. Jeunes et fonceurs, Mario et Lynda achètent la ferme en 1984.

Autre force de l’entreprise : « l’ouverture d’esprit », fait valoir Jimmy Perreault, fils de Mario et Lynda, 24 ans, diplômé du programme Farm Management and Technology du campus Macdonald de l’Université McGill et qui possède, depuis janvier 2009, 50 % des actions de l’entreprise. Ses parents se partagent le reste. Les sœurs de Jimmy ont opté pour d’autres carrières. Tanya est microbiologiste et Cynthia poursuit des études en psychologie.

L’entreprise a fait l’objet d’un reportage dans la prestigieuse revue Holstein International en décembre 2008.

En élevage, Mario a une préférence pour le type « Beauté et utilité », des bêtes qui présentent à la fois une belle conformation et une bonne productivité. « Ce sont les bêtes qui m’impressionnent le plus sur les terrains d’exposition », dit-il. Avec son fils, il oriente les choix de sélection sur cette voie. Il vise aussi les caractères reliés à la santé (fertilité, faible compte de cellules somatiques, facilité au vêlage), dont la demande est en forte hausse sur les marchés internationaux.

Jimmy souhaite d’ailleurs que le chiffre d’affaires de l’entreprise repose un jour davantage sur la vente de génétique, notamment d’embryons, ici comme à l’étranger. La concurrence est forte dans ce commerce mondial, mais il est prêt à s’y mesurer. Cet été, il est justement allé étudier les marchés de plusieurs pays.

Famille Perreault : Mario, Linda y Jimmy

Vieux Saule Allen Dragonfly EX-94 est une vache digne de mention et dont les Perreault tirent une grande fierté. Elle est à la base d’une des plus illustres familles souches de l’entreprise. Dragonfly a donné naissance à de nombreuses filles de renom qui ont fait bonne figure, entre autres, lors d’expositions et en matière d’IPV. « Les sujets issus de cette famille permettent de combler tous les marchés », soutient Jimmy. La Ferme du Vieux Saule n’hésite pas à faire état de ses avantages concurrentiels. « Ici, c’est comme un magasin, fait valoir Jimmy. On a beaucoup de choix : conformation, production, facteur rouge. Les acheteurs peuvent tout voir d’un seul coup d’œil. On est en mesure de répondre à la demande internationale. »

La ferme est d’ailleurs située à proximité de l’aéroport de Montréal, fait remarquer Lynda, ce qui est apprécié des acheteurs de l’étranger.

Des sujets de haut niveau génétique possédés en copropriété avec plusieurs éleveurs donnent la possibilité d’élargir le bassin de receveuses de l’entreprise. En fin de compte, cette façon de faire permet de pouvoir multiplier les transferts d’embryons et d’avoir accès à un marché plus étendu.

La gestion est d’une importance capitale pour les propriétaires de la ferme. Un suivi minutieux, vache par vache, est réalisé jusque dans les moindres détails avec l’experte-conseil Isabelle Guay et le vétérinaire. Un système informatique dresse la liste des tâches quotidiennes à effectuer. Mentionnons également qu’un nouveau système de traite calcule le lait produit par chacune des vaches. Toute baisse anormale de production est détectée. L’étable entière est pourvue d’un accès Internet haute vitesse sans fil.

Les défis ne manquent pas pour ces producteurs qui, dans toute cette mouvance, se laissent encore de la place pour l’expansion. Maître-éleveur, la reconnaissance suprême en matière d’élevage est, pour eux, stimulante et motivante. Un tremplin, en quelque sorte. Mais ils ne tiennent rien pour acquis. Partis de loin, ils échafaudent leur avenir étape par étape, avec l’espoir, le courage et l’audace dont ils ont toujours su faire preuve.

L’alimentation du troupeau

Par Isabelle Guay, T.P.
Experte-conseil
La Coop Novago

Génisses et taures : Bovo XLR, Goliath 21, Deccox, Maïs et 85-15, Foin sec

Vaches – RTM de base : Ensilage de maïs (silo « conventionnel »), Ensilage de foin (silo hermétique), Foin sec Maïs sec, Simplex personnalisé

Distributeur automatique de concentrés sur rail – Six compartiments : Supplément Profil aux plus fortes productrices, Transilac 17 pour la préparation au vêlage, Moulées pour génisses et taures

Classification du troupeau : 6 EX, 30 TB, 24 B

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