La production porcine à la croisée des chemins encore une fois.

Publié le 6 avril 2010

En novembre dernier, La Financière agricole annonçait d’importantes coupures au niveau de l’ASRA (assurance stabilisation) comportant des règles strictes, principalement en fixant des limites à la production et en éliminant les producteurs moins performants versus le modèle. Bien entendu, avant d’écrire cet article, j’aurais aimé avoir plus de détails quant à la finalité des applications. Par contre, l’industrie et La Financière agricole sont à les régler. Je vous décrirai donc les grandes lignes de ce programme mais vous prie de garder à l’esprit que celui-ci pourrait différer sous peu.

Les aspects qui ont fait pencher la balance en faveur d’une coupure est le déficit de 800 millions de dollars que La Financière agricole a accumulé au cours des dernières années. Nous devons aussi mentionner que de ces 800 millions de dollars, 91 % est attribuable à la production porcine. La crise qui perdure a accéléré ce déficit. La production, malgré la crise des prix, n’est pas en décroissance comme elle le devrait. En effet, au cours des deux dernières années, le Canada a réduit son cheptel d’animaux reproducteurs de 17 % en moyenne, alors que le Québec ne l’a réduit que de 9 %. Le nombre de porcs abattus a, pour sa part, continué d’augmenter en raison de l’amélioration de la productivité et des porcelets bon marché des autres provinces canadiennes qui, normalement, traversaient la frontière vers les États-Unis. Voilà principalement ce qui a motivé La Financière agricole à poser ces gestes, suite à la remise du rapport de monsieur St-Pierre. Pour le contexte actuel, la production serait trop bien soutenue et la preuve réside dans ce qui est ci-haut mentionné.

Alors voilà ce à quoi nous ferons face au cours de la prochaine année :

Annonce 1
• Le gouvernement plafonnera le nombre de porcs stabilisés produit par année à 7 millions. Il nous reste à savoir comment l’application sera faite. Cette règle est effective dès cette année.

Annonce 2
• Les porcs nés ailleurs qu’au Québec ne seront plus assurables. La date butoir est le 1er juillet 2010. Le règlement s’appliquerait même pour le propriétaire québécois de maternités sises dans d’autres provinces.

Annonce 3
• À partir de l’année 2011, les producteurs se retrouvant dans la strate des 25 % moins efficaces seront retirés du calcul de la moyenne pour établir le coût de production. Cette règle fait très mal car c’est environ 4,30 $ par porc de moins que les éleveurs devront récupérer ailleurs.

Annonce 4
• Les producteurs faisant plus de trois fois le modèle paieront 50 % de cotisation au lieu de 33 %. C’est-à-dire :
– Modèle 228 truies : 684 truies
– Modèle 4168 porcs : 12 504 porcs

Cette quatrième annonce affectera grandement votre coopérative. Une rencontre a d’ailleurs eu lieu le 12 janvier dernier avec les producteurs concernés, pour faire état de la situation et les aviser des attentes de Novago. Quant à votre coopérative, elle enclenchera une grande réflexion sur sa production et des décisions seront prises sur l’orientation de cette dernière. C’est un dossier chaud que nous devrons suivre.

Par Francis Lajeunesse, Coordonnateur porcin.