Dur printemps, automne…?

Publié le 30 juin 2011

24 mai, où en êtes-vous dans vos semi? La situation est presque catastrophique car tant au Québec qu’en Ontario ou dans le Midwest américain, les semis accusent un retard impressionnant. Lorsque l’on  commence à échanger de la semence de maïs pour celle de soya, c’est que le temps avance et que l’on n’est plus sûr de pouvoir mener une récolte à terme.  Il est rare que la situation aille mal à plusieurs endroits en même temps et de manière si différente. Pendant qu’une partie de l’Amérique est aux prises avec une pluie incessante, ralentissant les semis, certains endroits étant carrément inondés (tout le long du fleuve Missouri, la rivière Assiniboine au Manitoba ainsi que la région du Haut-Richelieu au Québec), l’Alberta est aux prises avec des conditions sèches tout comme l’Ouest de l’Europe, plus précisément la France et le Royaume-Uni. La séche resse y sévit depuis un bon moment affectant le potentiel de leurs récoltes de blé. Seule consolation, la Chine prévoit connaître des récoltes records ce qui enlèverait un peu de pression sur la demande mondiale.

Du côté américain, les semis de maïs sont complétés à 79 %, comparativement à 87 % pour la moyenne cinq ans, alors, on rattrape peu à peu le retard. Il restait en date du 24 mai encore 19 millions d’acres à ensemencer sur une prévision de 92,2 millions d’acres estimée le 31 mars dernier. Dans le cas de la fève soya, c’est 41 % des superficies qui sont semées comparativement à 51 % habituellement. La situation du soya est cependant moins préoccupante que celle du maïs, compte tenu des besoins en UTM de la fève soya.

Monétairement, le marché boursier tient présentement compte de la situation à risque du maïs en se maintenant à un niveau élevé. Le marché tient aussi compte des inventaires plus serrés que par le passé et du potentiel de la récolte à combler les besoins de la prochaine année. De mémoire, il n’est pas arrivé de voir le marché se maintenir audessus de 7,50 $/boisseau pour une période aussi longue, amenant le prix au-dessus des 300 $/t.m. pour les livraisons immédiates. Tant qu’à la récolte, on peut transiger présentement à des prix avoisinant 230 $/t.m.

Localement, l’écoulement du maïs ne semble pas ralentir. La demande pour l’exportation tire beaucoup de tonnage et impose le prix du remplacement. Aurons-nous suffisamment de maïs pour répondre à la demande locale (provincialement)? Devrons-nous importer du maïs américain pour terminer la saison? Rien n’est écarté comme possibilité dans le but d’assurer l’approvisionnement des consommateurs. Par contre, à partir du moment où un bateau de maïs importé sera confirmé, il se peut bien que la pression tombe et que les prix s’en ressentent.

Mondialement et compte tenu du climat, il semble que la situation du blé pourrait prendre de l’importance et maintenir le prix des grains élevé. Les mauvaises conditions de température tant aux États-Unis, que dans l’Ouest canadien et qu’en Europe risquent de réduire la production de façon importante, alors, les bonnes nouvelles pour les consommateurs ne seront pas pour ce mois-ci.

Par Jean-Pierre Aumont, t.p, Directeur service des grains