L’agriculture de précision : pour des terres sur la coche

Publié le 13 juillet 2021

Par Stéphane Payette T.P., expert-conseil en productions végétales, avec la collaboration de Jonathan Beaudry B. Sc., expert-conseil géomatique et agriculture de précision, et Mathieu Lafortune de la Ferme J.C. Lafortune et fils

L’art de cultiver la terre dépasse maintenant l’horizon des chevaux-vapeur. C’est sous l’œil du satellite et des touches du clavier de l’expert-conseil Jonathan Beaudry que la Ferme J.C. Lafortune et fils de Saint-Roch-de-l’Achigan améliore encore plus la productivité de ses sols.

Les rendements enregistrés par l’équipe de Mathieu Lafortune sont déjà excellents. Bien qu’une augmentation soit toujours appréciée, le but premier de se tourner vers les services de Jonathan touche un autre aspect de la gestion. « Notre objectif est d’accumuler le plus de données possible sur les champs. Ce que nous visons, c’est mettre le bon produit à la bonne place, dans la bonne zone de gestion. Ce n’était pas tant d’améliorer les rendements, que de faire une saine gestion des dépenses, en évitant tout gaspillage d’intrants », amorce Mathieu.

Après quelques années à relever lui-même les topographies des sols de l’entreprise laitière et de grandes cultures, M. Lafortune a donné le contrat à Jonathan d’établir ses plans de nivellement. « Je le faisais manuellement par section de champ. Je sortais mes topos en temps réel. Maintenant, Jonathan passe avant moi et fait le champ au complet. Par la suite, nous nous appelons et nous discutons des correctifs à apporter. »

« Cela nous évite de séparer le champ en sections et permet une meilleure fluidité de la jonction entre les zones », précise Jonathan Beaudry. Le travail de nivelage s’en trouve optimisé. « Surtout si tu as un terrain avec une forte pente et un autre avec une pente légère. Tu risques de te retrouver avec un surplus d’eau. L’avantage de confier cette tâche à Jonathan, c’est que tout est calculé à l’avance. Tu sais aussitôt ce que tu devras faire », mentionne Mathieu. « Tout est sur la coche ! », ajoute Jonathan.

La Ferme J.C. Lafortune complète actuellement sa première phase de nivelage. Un travail de finition qui a moins d’impact sur les rendements, car les travaux sont moins intenses qu’en début d’opération où la structure des sols est bouleversée. La chaux est mieux distribuée et les taux de semis sont ajustés. L’application de la chaux à taux variable figure également sur la liste des améliorations que les Lafortune apportent à leurs champs et les résultats ne se sont pas fait attendre. « Je vois déjà une réduction des quantités. Lors de la première correction, je constatais que certains champs recevaient 50 % moins de chaux. Aujourd’hui, ça peut baisser à 25 % », observe Mathieu.

Pour la deuxième année, certains champs de maïs seront semés avec des taux variables. L’objectif est le même que pour la chaux. « Nous voulons optimiser nos semences et mieux les répartir. J’ai dit à Jonathan quels champs je voulais semer et il a créé mes cartes avec des taux variables de semis. » Pour y arriver, Jonathan Beaudry utilise les cartes de rendements prélevés dans l’ordinateur de la moissonneuse-batteuse de la ferme. « Nous établissons des zones où nous ajustons les taux de semis selon le modèle suivant : 30 % au taux le plus bas, 40 % dans la zone moyenne et 30 % avec un taux plus élevé », explique Jonathan. Concrètement, la moyenne de la ferme se situe à 35 000 plants par acre : certaines zones vont descendre à 32 000 plants, alors que les meilleures grimperont à 38 000 plants.

Pour ce qui est des fertilisants, l’application à taux variable n’est pas au menu, mais rien ne dit que Mathieu ne demandera pas au service de géomatique de Novago de lui dresser un plan pour la correction de potasse, dans un avenir pas si lointain !

Mathieu Lafortune (à gauche) et Jonathan Beaudry (à droite) travaillent ensemble depuis les débuts du service de géomatique offert par Novago coopérative.  Photo : Stéphane Payette