Transition vers le semis direct : les pièges

Publié le 21 juillet 2014

Semi direct, transitionOn ne décide pas soudainement de se lancer en semis direct. Certains producteur ne voient que les beaux cotés de la médaille et négligent la préparation et la réalisation de certaines interventions avant de commencer dans ce mode de gestion des champs. De façon générale, en semis direct, on peut dire que dans une rotation, maïs, soya, céréale, le sol augmentra sa capacité portante avec l’amélioration de la structure et le retour des vers de terre. Cela peut prendre jusqu’à cinq ans. Il faut donc être patient. Par contre, le semis direct suivant une culture de foin bénéficiera immédiatement d’excellentes conditions crées par la prairie.

Mettre en ordre ses champs

Il n’est pas souhaitable de faire une transition rapide vers le semis direct si votre sol est mal drainé, compact, acide et que le rendement y est variable d’une zone à l’autre. Dans plusieurs cas, un sol bien drainé et ayant un bon égoutement de surface est essentiel. Un champ avec peu de zones compactes est aussi un atout. Lors de nos sondages, une grande majorité de producteurs indiquent avoir peu ou aucun problème dans ce domaine. Cependant, lors de validation terrain, il n’est pas rare de touver des zones compactes. Une période de semis, comme celle que nous venons de passer, pouvait nous laisser succomber à la tentation de rentrer dans le champs et ce, malgré le fait que la terre était encore trop humide. Afin de rebâtir la structure du sol, l’implantation d’engrais vert intercalaire dans le maïs et des céréales est une bonne habitude à prendre. Dans certains cas, le passage d’une sous-soleuse en condition sèche peut être nécessaire. Une carte de gestion de zone suivie de la réalisation de profils de sol pourra valider si c’est tout le champ qui a besoin de travaux.

La fertilité

Il est souhaitable d’avoir, avant de commencer le semis direct, un sol uniformément fertile sur les 20 premiers centimètres. Il est plus ardu de faire une correction uniforme du pH du sol en semis direct. La dose de chaux qu’il est possible d’appliquer en surface est moindre que la quantité qui est possible d’appliquer lorsqu’elle est incorporée. Il est donc recommandé de corriger le pH avant la mise en place du semis direct et de mettre une dose d’entretien régulièrement par la suite. Un sol ayant un horizon uniformément fertile est souhaitable. Par exemple, il est bien de savoir que la mobilité des engrais potassiques est limitée. Elle se situe entre celles de l’azote et du phosphore.

Gestion des résidus et des mauvaises herbes

Une mauvaise répartition des résidus de culture est un piège. En effet, il faut que la batteuse soit équipée d’un déchiqueteur de paille et d’un équipement pour répartir les résidus. Il est recommandé de laisser les tiges de maïs d’une longueur de 30 cm et plus sans broyer, pour favoriser le réchauffement du sol le printemps venu. L’utilisation d’un tasse-résidus double au semoir permet au sol de se réchauffer plus rapidement. Certains producteurs utilisent le tasse-résidus quelques jours avant de semer. Le semoir doit être bien adapté aux conditions de sol. La pression des unités de semis doit être ajustée selon l’humidité du sol. Il est également recommandé, par les producteurs d’expérience d’avoir une vitesse d’avancement plus lente qu’en travail conventionnel. Il faudra, au fil des années, adapter son programme de désherbage. L’efficacité des herbicides peut être réduite à cause de l’effet d’écran créé par la couverture de résidus. Les vivaces prennent généralement la place des graminées.

Finalement, pour ne pas tomber dans les pièges, il convient de bien se renseigner, par la formation, visite de ferme, lectures etc. De plus, mettre en place un calendrier de planification en fonction de la préparation de ses champs, des ressources matérielles (équipements) ainsi que financières est indispensable.

Par Pierre-Luc Brouillette, agr. Coordonnateur agriculture durable, La Coop Novago