Le stress thermique, toujours et encore plus d’actualité

Publié le 9 juin 2021

Par Catherine Royer, T.P., experte-conseil en production laitière

Depuis quelques années au Québec, les étés chauds se succèdent. Selon les experts, les hausses de température durant cette période n’iront pas en diminuant. C’est pourquoi l’impact de la chaleur sur nos animaux ne doit pas être pris à la légère. Les conséquences qui en découlent entrainent des pertes de revenus potentiels pour vos entreprises.

Dans des conditions normales, la vache est en mesure de dissiper la chaleur excédentaire par son métabolisme dans l’environnement selon divers modes de transfert thermique (lactation, digestion, rumination, gestation, etc.). Cette thermoneutralité se situe entre 5 et 20 degrés. Lorsque l’animal sort de cette zone, il doit dépenser de l’énergie pour se refroidir ou se réchauffer.

C’est à ce moment qu’il tombe en stress thermique. Le stress thermique dépend aussi du pourcentage d’humidité. Plus il est élevé, plus la zone de thermoneutralité rétrécit. On peut considérer qu’il y a un risque de stress thermique lorsque l’indice de température et d’humidité est supérieur à 68. La meilleure façon de savoir si votre animal souffre du stress de chaleur est l’accélération de sa respiration et sa température interne.

Impact physiologique pour la vache

Stress thermique ITH Taux respiratoire/respiration min. Température rectale degrés Celsius
Léger 68-71 >60 >38,5
Modéré 72-79 >65 >39
Sévère 80-89 >85 >40
Très sévère 90-98 120-140 >41

Collier et Zimbleman, 2012

Impacts sur la vache laitière 

  • Le nombre de jours consécutifs de chaleur diminue les composantes et la production
  1. Diminution maximale 6 % pour le gras et 4 % pour la protéine ;
  2. Perte de lait de 10 à 35 % qui peuvent coûter 1,60 à 5,60 $ par jour par vache.
  • Baisse du taux de conception
  1. L’ovocyte et l’ovule sont plus susceptibles au stress de chaleur.

Impacts sur la vache tarie

  • Amaigrissement durant la période de tarissement et perte de poids excessif post-vêlage
  • Réduction du nombre de jours en gestation, tarissement plus court
  • Effet négatif sur le poids des veaux à la naissance et sur les fonctions du placenta
  • Stress thermique utérin qui réduit la performance en première lactation

*Les effets du stress thermique peuvent se faire ressentir jusqu’à deux mois après l’événement.

5 trucs pour diminuer le stress de chaleur 

  1. Eau fraiche à volonté : abreuvoir avec débit suffisant de 15-20L/min. Vider et nettoyer les abreuvoirs régulièrement.
  2. Déplacer de l’air où les vaches passent le plus de temps ; on vise à avoir un vent de 8 km/h + ou – 1,5 (carrier 2019). Exemple : ventilateur de 36 pouces à 8 pieds de haut, espacé de 20-24 pi avec un angle de 15 à 20 degrés.
  3. Rafraichir les animaux en les arrosant ou en ajoutant des brumisateurs si la ventilation est suffisamment efficace pour assécher le poil.
  4. Augmenter la régie de la mangeoire : faire plus qu’un repas, nettoyer la mangeoire et gérer efficacement les refus. Si l’ensilage a tendance à chauffer, ajouter de l’acide propionique pour contrer la chaleur.
  5. Stratégies nutritionnelles : ajouter des précurseurs de glucose (amidon, robostart), ajouter des tampons pour augmenter la BCA (bicarbonate de sodium ou potassium), contrôler le niveau de fibre dans la ration (ajout d’une fibre soluble comme la pulpe de betterave ou encore du Pulpolac), offrir des fourrages plus digestibles et ajouter un apport supplémentaire d’antioxydants (prémélange oasis).

Le stress thermique a de lourdes conséquences sur vos animaux et, par le fait même, sur votre entreprise. Perdre 0,1 kg de gras par vache par jour, sur une période de plus de deux mois, avec une baisse de 20 % de la production de lait, entraine des pertes financières importantes. C’est pourquoi, durant cette période, il est encore plus important d’avoir une régie rigoureuse et de mettre en place des solutions pour contrer ces hausses de température. Présentement, les stagiaires travaillent sur un projet qui a pour but d’évaluer certains outils technologiques que nous pouvons utiliser à la ferme pour détecter des problèmes de ventilations.

Si vous souhaitez avoir plus d’informations sur le stress de chaleur ou les produits que vous pouvez utiliser pour réduire son impact, contactez votre expert-conseil.