Reportage à la ferme Ferme Karine et François Viser l’équilibre entre la famille et la ferme

Publié le 25 juin 2015

Par Stéphane Payette, T.P. Expert-conseil végétal,

Reportage_1457467_10151830869514401_1849237414_nLa Ferme Karine et François, de Yamachiche en Mauricie, fixe ses objectifs sur l’atteinte de l’équilibre. Ses propriétaires, Karine Lamy et François Leblanc, veulent une entreprise où il fait bon vivre et où ils peuvent se réaliser. Ils désirent demeurer maîtres de leur destin.

D’entrée de jeu, Karine explique que sa gestion est basée sur la loi de Pareto : « Si je dois faire mon ménage et que j’ai 80 % de l’ouvrage de fait en 20 heures, atteindre 100 % va me demander 80 heures supplémentaires. Je perds toute mon efficacité », imageait-elle. C’est avec cette vision qu’elle et François gèrent leurs chiffres. Inutile de tenter de viser la perfection.

En pleine crise porcine, Karine posait beaucoup de questions aux gens de son milieu. Insatisfaite des réponses qu’elle obtenait et inquiète de l’avenir sombre de son secteur d’activités, elle a pris une importante décision. « J’ai décidé de fermer les portes des porcheries. Puis, un producteur voisin m’a approché pour héberger des porcs, jetés dehors en plein hiver suite à l’effondrement de l’engraissement. J’ai accepté de l’aider. Leurs assurances ont couvert les frais. Une fois l’engagement terminé, nous avons fait le bilan de cette expérience et nous avons constaté que ce n’était pas si mal. » 

La Ferme Karine et François a donc pris le tournant de la production à forfait. Les débuts ont été un peu instables. Les forfaitaires plaçaient le couple Lamy-Leblanc devant trop de variables. Quand le réseau La Coop leur a proposé de produire des porcs pour lui, les choses se sont grandement améliorées. « Ça a super bien été. Ils (les gens du regroupement des deux rives dont fait partie La Coop Novago) sont à l’ordre, ils sont droits, les courriels arrivent rapidement, l’inventaire est bien fait. Ils voient à leur affaire, nous savons toujours d’avance quand les porcs vont sortir », exprimait Karine.

Atteindre l’équilibre ne veut cependant pas dire que les producteurs porcins prennent les choses à la légère. La rigueur est de mise. « J’aime le travail bien fait. Ce que je dois exécuter comme tâche pour obtenir la rentabilité, je vais le faire. François n’aime pas passionnément les cochons et moi non plus, je n’en mange pas. Notre dada, ce sont les grandes cultures. Les porcs nous apportent du lisier, ce qui est primordial dans la production de grains biologiques. Par contre, nous prenons notre production au sérieux et si nous devons changer des choses, nous allons le faire. »

Dans le plan de vie que se construisent les jeunes agriculteurs, la rentabilité l’a emporté sur la performance. Encore une fois, le mot équilibre revenait à l’avant-plan. « Je sais que j’atteins mon 80 % et plus d’efficacité. Je suis satisfaite de ces résultats. Pour atteindre 100 %, je devrais faire des choses que je ne suis pas prête à faire. C’est mon équilibre qui en dépend. J’aime passer du temps de qualité avec ma famille et mon amoureux. Si je cherche trop à atteindre la perfection, je risque trop. »

L’association avec le réseau La Coop a apporté cet équilibre, si cher au cœur de Karine et de François. Les bons conseils de Marjorie-Audrey Lévesque, et de sa remplaçante Stéfanie Archambault, la compétence de Robert Poirier ainsi que l’expertise du Dr Étienne Tessier leur a offert le confort souhaité. « Nous avons des gens pour peser, charger les cochons et même qu’Audrey (Marjorie-Audrey) nous a peut-être trouvé quelqu’un de fiable et de compétent pour faire les trains. Ça va nous permettre de prendre un peu de vacances en famille » soulevait Karine. Avec notre méthode de gestion, nous sommes relativement autonomes. Nous n’avons pas les mains attachées, donc si un jour ça ne me convient plus, je pourrai arrêter. Je ne serai pas obligée de continuer. C’est de cette façon que je conserve la passion de mon métier. » La philosophie de Karine fait parfois sourciller. Elle le sait et ne s’en fait pas outre mesure. « Je sais que je dérange parce que je pense autrement. Je suis comme ça. Je ne fais pas mes affaires pour les autres, je les fais pour moi. »

Karine et François ont deux enfants, Léa 11 ans et Thomas 13 ans. Encore en plein âge de l’enfance, les parents ne savent pas encore s’ils vont intégrer la ferme un jour. S’ils le font, ils seront accueillis avec amour et respect dans le modèle d’équilibre que leurs parents façonnent depuis leur entrée dans le monde agricole.

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