Récoltes bien ordinaires!

Publié le 17 décembre 2009

La récolte est maintenant chose du passé et c’est tant mieux car une fois par dix ans, la nature nous inflige une récolte catastrophe en terme de qualité, les deux dernières remontant en 1993 et en 2000. Cette année, toute l’Amérique a gouté à la sauce car que vous soyez du Québec, de l’Ontario ou du Midwest américain, votre récolte ne s’est pas rendue à maturité et souffre d’un poids spécifique inférieur d’environ 4 à 8 kg/hl sur votre moyenne des dernières années. Malgré cela, quelques veinards peuvent se compter chanceux d’avoir réussit à atteindre 68 ou 70 kg/hl. Quel fut leur secret ; hybride précoce, terrain qui se réchauffe rapidement, fertilisation adéquate, semis tôt et bien sûr micro climat.

À l’heure actuelle, les analyses de toxine ne révèlent pas trop de problèmes dans le maïs comme ce fut le cas dans les céréales. Le problème se situe plutôt dans la faible teneur en énergie du maïs qui doit être compensée par d’autres sous-produits. Là où nous pouvons un peu nous consoler, est que l’ensemble de la récolte nord-américaine souffre du même problème, alors tout le monde doit composer et vivre avec la même baisse de performance que cela occasionnera. Il n’en demeure pas moins que nous continuerons à rechercher le maïs qui aura un meilleur poids spécifique que la moyenne pour alimenter certaines catégories d’animaux tout en continuant d’être dans le marché pour l’ensemble du grain qui sera en silo et commercialisable.

Compte tenu de la qualité du maïs récolté et des pronostiques de récolte record au États-Unis, les prix se sont miraculeusement maintenus. La température peu clémente d’octobre et de novembre ayant fortement ralentit la récolte américaine, de même que l’entrée en scène des « Index Funds » qui, peu importe les facteurs fondamentaux, décident d’investir massivement dans les commodités, ont fait rebondir le marché boursier de près de 1,00 $ du boisseau entre le bas de septembre et le haut d’octobre. Sans ce soubresaut, le marché local aurait été d’environ 160,00 $/t.m. comparativement à 185,00 $/t.m. en fin novembre. Alors même si la qualité est moindre, au moins les prix se maintiennent.

Du côté de la fève soya, des rendements légèrement inférieurs à la moyenne mais avec des prix qui se sont mis à remonter en fin de récolte, combinés à une belle qualité de fève relativement sèche dans l’ensemble font de cette culture un choix de premier ordre pour l’an prochain, d’autant plus que les prix oscillent près de 400,00 $/t.m.

Que réserve les prochains mois? Il est certain que l’arrivée des usines d’éthanol sera d’un grand secours pour la consommation du maïs cet hiver, compte tenu du ralentissement de consommation du cheptel porcin qui tend à diminuer, dû à la conjoncture très difficile que vivent les producteurs présentement. D’un autre côté, comme la qualité du maïs est en baisse partout, il sera difficile de substituer celui-ci par du maïs de meilleure qualité d’ailleurs, alors l’ensemble du marché devra faire avec! Les prix devraient se maintenir à moins que les Index Funds ne décident de partir vers d’autres marchés plus intéressants. La vente régulière reste votre meilleure stratégie.

Par Jean-Pierre Aumont