Quand saillir les taures?

Publié le 27 octobre 2016

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Avec les préoccupations constantes de production et de composantes auxquelles nous faisons face, les inquiétudes concernant les politiques laitières actuelles, l’augmentation, encore cet été, de 2 % du droit de produire (1 % en juillet et 1 % en août), nous avons tendance à oublier nos animaux d’élevage, ou à tout le moins, les laisser glisser dans notre routine. Les programmes alimentaires des vaches sont généralement revus ou validés au minimum chaque mois. Mais quand avez-vous discuté de programme d’élevage avec votre expert-conseil? Je comprends que l’alimentation des génisses et des taures varie moins, mais il ne faut pas pour autant les négliger : elles sont nos ouvrières de demain! Néanmoins, je me doute un peu des raisons. La pesée du réservoir nous indique la production aux deux jours (journalière avec des robots de traite), on peut recevoir quatre fois par mois sur notre téléphone intelligent les résultats des composantes du lait et il y a souvent un contrôle laitier par mois. Pas moyen d’arrêter de penser aux rendements laitiers. Normal, me direz-vous, c’est notre paye! Évidemment, mais combien de fois mesure-t-on les résultats de notre programme d’élevage? Ben… de temps à autre on se questionne sur l’âge au vêlage, puis on oublie. Quel âge ont mes veaux au sevrage? Quel est leur poids? Mon programme est-il bien adapté? Heu…

En cette période d’austérité, on cherche à couper les coûts, bien qu’on doive surtout travailler à améliorer la marge de production. Pourtant, si on abaisse l’âge au vêlage des taures, on fait d’une pierre deux coups : on diminue le coût d’élevage et on améliore la productivité des taures : elles produiront du lait plus rapidement!!

L’âge au vêlage aura donc nécessairement un impact sur le coût d’élevage d’une taure. En retardant la saillie, les frais seront majorés et on est privé du revenu de production pendant cette période. Il en coûtera plus ou moins 215 $ de plus pour une taure qui vêle à 27 mois plutôt qu’à 24. Ce qui peut être considérable selon le nombre de taures élevées. Par exemple, un producteur de 50 vaches aura un avantage de 4411 $ à faire vêler ses taures à 24 au lieu de 27 mois. Et ça, sans compter ce que rapportera le lait qu’elles produiront pendant ces trois mois.

Cet été notre stagiaire pourrait passer chez vous pour mesurer les taures à la saillie et noter leur âge. Nous aurons ainsi un aperçu de la situation et nous pourrons discuter des améliorations à apporter, s’il y a lieu.

Il serait naturel que la vie productive des taures soit assez longue pour au moins payer son coût d’élevage. Malheureusement, l’âge moyen des troupeaux est faible au Québec et le taux de réforme est très élevé. N’oublions pas que la durée de vie productive d’une vache au Québec est d’environ 26 mois. Est-ce normal qu’une bête soit plus longtemps une taure… qu’une vache??

Hugues Ménard, T.P.  Conseiller spécialisé, La Coop fédérée