L’apothéose

Publié le 28 octobre 2016

grain

1er août 2016, qu’est-ce qu’un agriculteur peut demander de plus cette année, quand il voit la nature doser chaque élément de façon optimale, et ainsi obtenir une récolte de qualité avec de bons rendements? Après une saison de semis bien réussie, la météo a apporté chaleur et humidité au bon moment pour bâtir une récolte abondante. Tant dans la culture du foin que des céréales, du maïs et de la fève soya, tout semble au rendez-vous. La chaleur a procuré suffisamment d’unités thermiques pour permettre une sortie des croix tôt en juillet, et les orages et averses de la fin juillet ont fourni la quantité d’humidité idéale pour une excellente pollinisation.

La récolte du blé d’automne est commencée  et on peut déjà observer la qualité du grain, soit un poids spécifique élevé (80 kg/hl), un taux de protéine plus élevé que les dernières années (12 à 12,5 %), une absence de toxines et un indice de chute relativement plus haut. De plus, les rendements atteignent jusqu’à 6 T/ha, de quoi donner le goût d’inclure cette culture dans un plan de rotation à long terme. Bien sûr, il faut se méfier des mauvais hivers. Il y aura sûrement des revers, mais la récolte des deux ou trois dernières années nous prouve qu’il est possible, en peaufinant la technique, de bien réussir dans cette culture et c’est ici qu’entre en ligne de compte le savoir de vos experts-conseils. Jusqu’à présent, on avait réussi à passer au travers de l’hiver et à aller chercher un rendement intéressant. Mais cette année, il se peut qu’on ait trouvé la recette pour aller chercher le niveau de protéine tant recherché par les boulangers. Terminons la récolte, analysons les données et nous vous reviendrons avec les conclusions.

Si Dame Nature a été clémente avec le Québec cette année, elle l’a été aussi avec nos voisins du Sud. Ainsi, après une saison de semis quasi normale, la chaleur et l’humidité n’ont jamais causé de stress important aux cultures. Comme les superficies ensemencées sont assez importantes cette année, si aucun problème ne survient, les rendements pourraient encore une fois procurer une récolte proche des records en termes de quantité. Depuis la mi-juillet déjà, les marchés boursiers ont commencé leurs replis dans toutes les commodités.

Il s’est produit mondialement en 2014/15 2532 millions de tonnes de grains. Cette quantité devrait atteindre cette année 2578 millions de tonnes, soit presque 2 % de plus. Malgré une utilisation accrue, on prévoit une augmentation des stocks de fin d’année de 6 millions de tonnes. Mais c’est probablement dans la production du blé que l’augmentation des inventaires mondiaux est la plus spectaculaire avec un gain de 16,5 % entre 2014/15 et les prévisions pour 2016/17. On voit aussi que la majorité des pays producteurs a fourni sa contribution et que ce n’est pas un continent en particulier qui a bénéficié des bonnes conditions climatiques.

En conclusion, sans être prophète de malheur, l’analyse de la production mondiale nous indique clairement une augmentation substantielle des réserves de grains en fin d’année 2016/2017, sécurisant ainsi les besoins. Il faut donc s’attendre à voir les prix décliner comme ce fut le cas depuis la mi-juillet. Est-ce que la situation sera mieux dans un an? Est-ce que ça vaut la peine d’entreposer la récolte pour la vendre au printemps ou à l’été prochain? Seul le temps répondra à ces questions.

Jean-Pierre Aumont, T.P., Directeur du service des grains