Prévention et précision : vers une agriculture durable raisonnée

Publié le 20 septembre 2022

Par Nathaniel Lanouette, stagiaire chez Novago Coopérative en collaboration avec Véronique Jacques, TP., experte-conseil service agronomique 

 

La détection, c’est la clef des champs 

Connaître les particularités des ennemies des cultures est le point le plus important dans un programme de contrôle des ravageurs qui se veut économique et efficace. La période d’activité, les conditions favorisant leur développement ainsi que les différents types de dommages sont des informations essentielles à savoir concernant la détection des organismes nuisibles.  

L’ensemble de ces facteurs affectera le type de lutte employé, le moment d’application ainsi que l’efficacité du traitement effectué. La rapidité de ce repérage est donc le point névralgique de tout le contrôle.    

Une image contenant légume, chou, plante, fermer Description générée automatiquement

Un vent de changement 

Heureusement, les nouvelles technologies viennent prêter main-forte aux services de dépistage offert par les différents services agroenvironnementaux. C’est le cas notamment des capteurs de spores, offerts principalement par la compagnie LAB’EAU-AIR-SOL, qui améliorent grandement la détection des maladies fongiques dans les fruits, les légumes et les céréales.  

Ces capteurs sont placés dans les champs et permettent l’identification et le dénombrement des différentes maladies fongiques présentes dans l’air. Lorsque l’on jumelle ces informations avec les conditions environnementales locales et les connaissances sur les pathogènes spécifiques, cela permet d’appliquer des produits phytosanitaires de manière justifiée plutôt que de se fier à un calendrier d’application qui ne prend pas en compte l’ensemble des facteurs mentionnés. 

Une image contenant table Description générée automatiquement

Mais où est le problème?  

Un autre avantage des innovations pour le secteur agricole est la possibilité d’effectuer un dépistage plus précis. En effet, la mise en place géolocalisée des observations dans le champ permet à la fois d’avoir une vue d’ensemble des particularités d’une parcelle donnée ainsi que de pouvoir repasser au peigne fin les sections problématiques.  

Similairement aux applications à taux variables (ATV) des engrais, il est ensuite possible d’utiliser les données de dépistage afin de moduler l’application des produits de lutte. Ceci permet de réduire la quantité de matière active utilisée sans réduire l’efficacité du traitement étant donné que seules des sections de champs sont traitées. 

Voir la vie en rose 

Outre la détection, l’utilisation de méthodes de lutte préventive est un facteur important à considérer. Cependant, l’utilisation d’auxiliaires de lutte au champ comporte certains problèmes inhérents aux grands espaces ouverts comme la réduction de l’efficacité des agents de lutte ainsi que la dissémination d’insectes exotiques dans nos milieux naturels.  

Prenons par exemple la coccinelle asiatique. Celle-ci a été introduite en Amérique du Nord dans les années 70 afin de lutter contre le puceron et elle ne nous a plus quittés depuis. Les temps ont changé, et aujourd’hui, on fait plus attention à l’utilisation de ces pratiques. C’est notamment le cas des « lâchés » de mouches roses, qui permettent de réduire les populations de mouches de l’oignon. Ces mouches mâles sont irradiées à l’état de pupe dans le but de les rendre stériles.  

Ils vont ensuite s’accoupler avec les femelles présentes dans les champs, ce qui mène à la formation d’œufs non viables et donc une réduction des populations futures. De plus, la stérilité de ces insectes fait en sorte qu’ils n’iront pas s’implanter de manière permanente dans les écosystèmes avoisinants. Les producteurs qui utilisent cette pratique ont pu réduire de façon importante leur utilisation de produits à base de chlorpyrifos. 

Un avenir, ensemble 

Bien que la technologie facilite les opérations de lutte, il faut se rappeler que c’est avant tout un outil, et qu’elle ne remplace pas l’œil averti d’un conseiller! Une mauvaise interprétation des données ou une erreur dans la mise en place des capteurs peut affecter grandement l’utilité de ces équipements. L’expertise des différents conseillers n’est donc pas rendue obsolète, mais est plutôt mise à plus grande contribution par une utilisation plus précise, plus rapide et plus raisonnée de celle-ci. 

 

Sources : 

  1. Agrobonsens. (2019). La mouche rose. http://agrobonsens.com/recherche/la-mouche-rose-3/ 
  1. Carisse, O. (2017). Le point sur le rôle des capteurs de spores dans une gestion raisonnée des maladies des cultures, Réseaux d’avertissement phytosanitaire. N° 8, 10 juillet 2017. https://www.agrireseau.net/documents/Document_95706.pdf 
  1. Consortium PRISME. (2020). Capteurs de spores et suivi de l’inoculum aérien. https://prisme.ca/services/capteurs-de-spores/ 
  1. Gouvernement du Canada. (2016). Conseil pour le contrôle des parasites : coccinelles. https://www.canada.ca/fr/sante-canada/services/conseils-pour-controle-parasites/coccinelles.html 
  1. Ministère de l’agriculture, de l’alimentation et des affaires rurales. (2017). Guide agronomique des grandes cultures, chapitre 11. Agriculture de précision. http://www.omafra.gov.on.ca/french/crops/pub811/pub811ch11.pdf 
  1. Van der Heyden, H. (2018). Améliorer la surveillance phytosanitaire québécoise par le développement de réseaux de capteurs de spores sentinelles. https://www.legumes-transformation.qc.ca/wp-content/uploads/2018/06/rapport-detape-2-saison-2017.pdf