Faire son quota l’été

Publié le 6 septembre 2022

Par Hugues Ménard B.Sc., TP., expert, stratégie d’affaires agricole en production laitière Sollio Agriculture en collaboration avec Jean-François Lemay, agr, conseiller spécialisé, production laitière Sollio Agriculture 

Chaque été, le taux de matière grasse du lait diminue selon les statistiques de la Fédération des producteurs de lait du Québec. Depuis quelques années, les épisodes de stress thermique augmentent. Même si l’amplitude de cette baisse n’est pas la même d’un troupeau à l’autre, elle ajoute tout de même de la pression pour produire le quota et maintenir un ratio SNG/G sous les permissions émises.  

Il faut se rappeler la notion d’indice de chaleur (température) et d’humidité, ainsi que le niveau à partir duquel les vaches sont affectées. L’ITH est un calcul qui permet d’évaluer l’impact de la chaleur et de l’humidité sur les vaches. Pour simplifier le tout, disons que les vaches sont affectées par un ITH de 68 ou plus, et un ITH de 68 correspond à une température de 22 degrés, à 50 % d’humidité, ce qui n’est pas rare au Québec ! 

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L’annonce de journées additionnelles de production n’aide pas : la pression pour produire plus de kilogrammes de gras augmente avec le stress thermique.  

Une ventilation adéquate, accrue en été, demeure la priorité pour minimiser l’impact de la chaleur sur la production de lait et de composantes, tout comme l’accès à de l’eau fraîche et de qualité, ainsi que des stalles accessibles et confortables. Certaines stratégies alimentaires peuvent aussi aider à minimiser les effets de la chaleur. En voici quelques-unes :  

Substances tampons 

En début de lactation, le besoin en substances tampons est accru au rumen comme dans le sang pour maintenir l’équilibre acido-basique (pH). Les substances tampons et les alcalinisant pourront vous aider à cette tâche. C’est la raison pour laquelle le minéral Synchro STB, qui est justement une combinaison d’agents tampon et d’alcalinisant, est recommandé. En plus d’augmenter le bilan cation-anions de la ration (BCA), il offre un soutien efficace au pH ruminal ce qui favorise une meilleure digestion de la fibre et la production de précurseurs de gras du lait.  

Une coche de plus… 

Il existe des éléments tampons améliorés. Par exemple, les Aliments Option K et Minéral Synchro STB K, en plus d’augmenter le BCA de la ration et de soutenir le pH ruminal, sont des sources spécifiques de potassium qui jouent un rôle positif sur la bio hydrogénation des acides gras au rumen.  

Ce mécanisme résulte par un taux de matière grasse plus élevé du lait et plus de lait corrigé (figure 1). Plus le BCA et le potassium de votre ration sont bas (fourrages faibles en K, forte proportion de maïs ensilage), plus la réponse devrait être intéressante, particulièrement en été. Il s’agit d’un genre d’effet Gatorade pour les vaches! 

Sources de gras 

Certains produits offerts sur le marché sont à préconiser dans cette situation. Ces produits contiennent surtout des acides gras saturés de type C 16 : 0 qui favorisent la synthèse du gras du lait. Ces acides gras seront absorbés tels quels et causeront très peu d’interférence avec la fermentation de la fibre au rumen. Le principal effet est l’élévation du taux de matière grasse du lait. Par le fait même, vous obtiendrez une augmentation du lait corrigé. 

D’autres produits sont disponibles sous forme de sels de calcium. Ces produits sont composés d’acides gras saturés et insaturés qui seront inertes au rumen, c’est-à-dire qu’ils n’interféreront pas avec la fermentation ruminale. Généralement, ces produits augmentent la production de lait, de lait corrigé et parfois aussi du taux de gras. Cependant, lorsque le pH ruminal descend suffisamment, le bris des sels pourrait nuire à la synthèse de gras du lait.  

Ajout de méthionine 

La méthionine est un acide aminé limitant aux micro-organismes du rumen. Des essais ont démontré qu’une supplémentation en méthionine disponible au rumen (MA) améliore la synthèse de précurseurs de gras du lait, conduisant à l’augmentation du taux de gras du lait. Le MI, une source de méthionine, qui est protégée à 50 % de l’utilisation ruminale, pourrait permettre l’augmentation du taux de gras, de la production de lait corrigé et aussi du taux protéique du lait.  

Les vitamines du complexe B 

Le Bionique est composé des vitamines A et E et de plusieurs vitamines du complexe B, toutes protégées de la dégradation ruminale. Ce complexe vitaminique interviendra au niveau du métabolisme énergétique et protéique de la vache. Lorsqu’on l’ajoute à la ration, on observe généralement une augmentation de la production de lait et, dans certains cas, de lait corrigé et du taux de gras.  

Fourrages digestibles 

La digestion de la fibre des fourrages dégage de la chaleur ce qui aura un impact sur la consommation de matière sèche. Si possible, il faut donc servir des fourrages moins fibreux et/ou ayant une meilleure digestibilité de la fibre (NDFd). De la même façon, un fourrage moins bien conservé, qui chauffe à la reprise ou contient des moisissures, affectera la digestibilité et la CVMS. Par exemple, un fourrage contenant seulement 5 % de moisissures diminuera la consommation de 7 % et la digestibilité de la fibre de 11 %! 

Ne pas négliger les vaches taries et en transition 

Nous savons déjà qu’il y aura des journées additionnelles à faire en automne et il ne faut pas négliger l’impact du stress d’été sur la production. En Floride, des chercheurs ont remarqué que l’effet maximal du stress de chaleur survient après le moment où l’ITH est à son maximum et que la reprise de la production tarde à venir à l’automne.  

Dr Dahl, de l’université de Floride, attribue ceci au fait que le stress a eu un impact sur les vaches en fin de gestation (taries et transition) et que la production de ces vaches, qui sont à leur pic de production en automne, est moins grande. (Figure 2 : rafraîchir les vaches taries = plus de lait)

Pour étudier la solution la plus adaptée à votre situation, n’hésitez pas à contacter votre expert-conseil de Novago Coopérative.