Publié le 27 avril 2013
Reportage à la ferme Agneaux des champs
Éric Blanchard, propriétaire de l’entreprise Ferme Agneaux des champs, est passionné d’agriculture depuis toujours. Il avait huit ans quand son père a vendu son troupeau de vaches laitières pour des raisons de santé, mais il savait déjà qu’il voulait un jour exploiter son entreprise agricole.
C’est en 1995 qu’il achète ses premières brebis. Ce sont des croisées qu’il achète seulement pour le plaisir de posséder quelques animaux en vue d’en faire un jour l’élevage. À l’époque, il travaille en tant que technicien en environnement pour une firme de consultants ainsi qu’à temps partiel en production végétale sur la terre familiale et certaines en location. Il achète graduellement des animaux pour monter le troupeau à 150 brebis en 2001, année qu’il doit malheureusement s’en départir pour des raisons personnelles.
Il décide en 2007 de faire un retour à la production ovine, mais cette fois-ci, de façon plus sérieuse. C’est une décision familiale et il obtient tout l’appui de sa conjointe Tammy. Éric achète 100 brebis Arcott Rideau pur-sang. Pourquoi pur-sang? Parce qu’il préfère gérer une seule race plutôt que de gérer des croisements de races et des individus F1. Pour ce qui est du choix de la race, c’est l’ensemble des caractéristiques de l’Arcott Rideau qui l’a séduit. L’Arcott Rideau est une race maternelle prolifique dite « synthétique ». Elle fut créée par Agriculture et Agroalimentaire Canada dans les années 80 à partir, principalement, des races Finnois, Suffolk et East Friesian. Ce sont surtout les forts critères de performance, tels que les caractéristiques laitières et maternelles ainsi qu’un bon taux de croissance, qui ont été retenus lors de la sélection des individus au fil des générations.
L’entreprise familiale, située sur la route 339 à l’Épiphanie, est bordée de la sinueuse rivière L’Achigan. Un évènement imprévisible se produisit en novembre 2010 alors qu’une bonne partie du terrain, en bordure de la rivière, s’affaisse et menace d’entraîner la maison et la bergerie dans son sillon. Les deux bâtiments devront être déplacés sur des lots plus sécuritaires.
À ce moment, la production de 225 brebis et 500 agneaux à l’engraissement s’étend sur trois sites différents. Les marges de manœuvres en production ovine sont minces, surtout en démarrage d’entreprise et lorsque l’on vise une bonne rentabilité et un revenu décent. La bâtisse, menacée par l’éboulement, est un bâtiment petit et désuet, mais quand même de très grande utilité pour le producteur. Évidemment, cet aspect complique le règlement avec les assurances qui s’étirera sur plusieurs mois. La construction de la bergerie neuve débute seulement au mois d’octobre 2011 et est actuellement à l’étape de la finition.
Portrait de l’entreprise aujourd’hui
Contrairement à plusieurs races, l’Arcott Rideau est une race dessaisonnée. Elle peut donc se reproduire à l’année grâce à la photopériode qui consiste à produire artificiellement, au moment voulu, des séquences de jours courts et de jours longs. Ceci permet d’obtenir trois agnelages par brebis en deux ans en plus de regrouper et planifier les agnelages à des moments précis de l’année. L’optimisation des agnelages et des bâtiments augmente la productivité et la rentabilité car il y a ainsi plus de kilogrammes d’agneau vendus par brebis par année et une meilleure répartition des travaux et des revenus.
Les agneaux sont pesés à 50 et 100 jours après leur naissance. Les prix du marché et la saison de l’année influenceront la catégorie d’agneaux qui sera vendue. Les agneaux légers sont vendus sur le marché au poids maximum de 36 kg et les agneaux lourds entre 37 et 55 kg.
Les cinq à dix agneaux de génétique supérieure sont élevés et alimentés différemment des agneaux à l’engraissement. À l’âge adulte, ils seront vendus pour la reproduction ou utilisés à la ferme dans les groupes de brebis et d’agnelles non apparentés. Les béliers sont tous génotypés. En plus du potentiel génétique, ce test détecte la tremblante du mouton afin d’éviter la transmission potentielle de cette terrible maladie.
Quant aux agnelles, elles sont toutes séparées des agneaux et gardées pour la reproduction. Certaines remplaceront les vieilles brebis afin d’améliorer le troupeau tandis que les autres seront vendues à d’autres éleveurs.
Avec chaque membre de la famille qui s’est impliqué à sa façon dans l’entreprise, Ferme Agneaux des champs est devenue une entreprise familiale en pleine émergence. Elle est une belle preuve de persévérance et de détermination et l’énergie peut maintenant être consacrée à la performance et l’amélioration génétique des animaux afin d’atteindre les objectifs de production visés et obtenir tout le succès mérité. Qui sait? Avec tout l’intérêt qu’elles démontrent pour la production ovine, les filles d’Éric seront peut-être la cinquième génération à s’établir en agriculture!
Par Chantal St-André, agr. Expert-conseil en production laitière et ruminants, La Coop Novago