Optimiser l’azote de vos fumiers

Publié le 6 septembre 2011

Il est possible d’augmenter l’efficacité fertilisante de l’azote en améliorant la fertilité générale du sol, en donnant priorité aux cultures réceptrices et en choisissant bien la période et le mode d’application du fumier. Par de bonnes pratiques culturales et des apports de fumier répétés, vous améliorez également la productivité de vos sols de façon durable.

Évaluer la richesse en azote des fumiers

Dans le fumier solide, l’azote (N) s’y retrouve principalement sous forme organique (de 85 % à 90 %). La totalité de cet élément n’est donc pas directement utilisable, comme dans le cas de l’azote des engrais minéraux ou celui des lisiers. Pourtant, grâce à l’action des microorganismes du sol, une bonne partie de la fraction organique de l’azote des fumiers peut être transformée en azote minéral au cours de l’année (N facilement minéralisable). Et cette minéralisation, qui varie selon le type de fumier apporté, est d’autant plus intense que les conditions de température, d’aération et de fertilité générale du sol de la couche arable sont favorables à la vie du sol. Une caractérisation de vos fumiers est essentielle pour une meilleure connaissance de la valeur de vos fumiers.

Caractéristiques des fumiers
Plusieurs caractéristiques des engrais organiques influencent leur efficacité azotée, dont le rapport Nminéral/Ntot et le rapport carbone sur azote (C/N). Les fumiers solides contiennent relativement peu d’azote minéral (de 5 % à 15 % de l’azote total), comparativement au lisier qui en renferme plus de 80 %, mais ils comportent des rapports C/N beaucoup plus élevés. Les C/N des fumiers frais et d’autres engrais organiques comme les boues mixtes de papetière tendent à diminuer quand leur rapport C/N augmente. Dans les fumiers contenant peu de paille (C/N se situant entre 10 et 25), l’azote est facilement minéralisable, plus rapide ment utilisable par les cultures et, par conséquent, plus efficace. Par contre, les fumiers qui renferment de grandes quantités de paille ou de sciure (C/N > 25) ont de faibles taux de décomposition. Ces fumiers, très riches en lignine ou en produits phénoliques, présentent de plus faibles coefficients d’efficacité de l’azote (CEN), qui se situent autour de 20 %. Plus le rapport C/N d’un engrais organique (fumier frais, boues mixtes, engrais verts) est élevé, plus l’immobilisation de l’azote apporté sera importante. Les microorganismes consomment en effet l’azote et le carbone disponibles pour se multiplier, privant ainsi temporairement les plantes d’une source d’azote facilement utilisable. Comparativement aux lisiers, les fumiers présentent donc des C/N plus faibles en première année, mais des arrières-effets beaucoup plus élevés. Les fumiers compostés ont pour leur part de faibles rapports C/N (< 15), mais ils sont biologiquement stables. L’azote qu’ils contiennent a été intégré dans les substances humiques plus lentement minéralisables et il est donc peu disponible aux cultures. C’est pourquoi des composts ou des fumiers présentent de faibles CEN (< 20 %). Sans engrais azoté additionnel, ils ne peuvent pas combler les besoins des cultures en azote.

Comment optimiser l’efficacité de l’azote
1- Favoriser les cultures exigeantes. Des recherches ont en effet démontré que l’azote des fumiers était plus efficace lorsque ceux-ci étaient appliqués sur des cultures à longue période de végétation et à fort besoin azoté, telles que la prairie, le maïs-grain ou la pomme de terre.
2- Incorporer le plus rapidement possible vos fumiers pour limiter les pertes d’azote.
3- Ajuster vos doses. De la même façon que les engrais minéraux, il importe de faire varier votre dose de fumier selon les besoins en azote.
4- Améliorer votre structure de sol. En veillant à la bonne structuration de vos sols, vous assurez une meilleure décomposition, par les microorganismes du sol, des fumiers appliqués et vous prévenez les risques de pertes d’azote et d’autres éléments nutritifs.

Bonne saison des récoltes.
Extrait en partie du : Le producteur de lait Québécois – Novembre 2008

Par Pierre-Luc Brouillette, agr. Conseiller agroenvironnementale