Publié le 18 décembre 2009
J’ai étudié au Cégep André-Grasset à Montréal. J’y ai eu d’excellents profs dont en philosophie. Le prof Caron est un de ceux qui m’ont marqué. Je le revois arriver au cours avec un journal du jour sous le bras. Il débutait souvent le cours en utilisant des phrases clés saisies çà et là à travers l’actualité du jour. Celle de mon titre en est une. L’analogie était bien que les gens qui vivent dans la ville de Montréal, ou quelqu’autre ville de bonne dimension avec à son actif un métro, n’étaient plus en contact avec la nature et avaient tendance à s’éloigner de l’expérience de Dieu et de la recherche de son mystère. Il est vrai qu’il est rare d’entrer en méditation face à un bloc de ciment; tandis que devant une fleur, sur le bord d’un ruisseau qui s’écoule dans le fond d’une coulée ou devant un jardin rempli de beaux légumes…
C’est une chronique de Christopher Hall du Journal de Montréal qui m’y a fait repenser. Il a écrit une chronique suivant l’Action de grâce de cette année et intitulée : « Mettez le Québec dans votre assiette ». Il y faisait mention que la plupart des gens vivent en ville et que la notion d’un agriculteur, comme celle de Dieu, était loin de leur table. On ne pense pas à Dieu en ville et on ne pense pas non plus aux agriculteurs. Alors on ne sait plus qui remercier à l’Action de grâce lorsqu’on met de la nourriture dans notre assiette. C’est bien là le drame. Combien de personnes mangent sans se poser une seule question sur l’origine de leur nourriture. Alors que celle-ci vienne de la Chine, du Chili, du Mexique ou d’ici…
Alors oui nous sommes condamnés à faire de la publicité pour informer les gens. Que ce soit au niveau des fédérations, des regroupements ou individuellement; il faut saisir toutes les occasions de faire parler de nous ou que les gens entendent parler de nous. Il faut saisir toutes les tribunes pour informer ou corriger les mythes émis au sujet agricole. Les gens en ville sont exactement comme le peuple juif lorsqu’il s’est retrouvé en exil dans le désert. Ce peuple était mené par Moïse. Un jour que Moïse avait séjourné un peu plus longtemps que prévu dans la montagne en entretien avec Dieu, le peuple juif a vite perdu la notion de Dieu et a fabriqué de ses propres mains un veau d’or. Ce veau d’or est devenu une idole que le peuple s’est mis à vénérer. Vénérer un veau d’or ou un bloc de ciment c’est quasiment du pareil au même. Lorsque les gens ne voient plus la nature, leur esprit devient en distorsion. Ils peuvent s’imaginer n’importe quelle niaiserie qui n’a aucun rapport avec la réalité. Il ne faut donc se surprendre de rien devant ce fait mais plutôt réagir, ou mieux, devenir proactif et rester en contact avec ces gens pour ne pas que les gens oublient c’est quoi l’agriculture.
Vous savez, des fois ce sont des gestes tout simples qui peuvent rapprocher les agriculteurs des gens de la ville. Lorsque l’UPA, cet automne, a organisé une manifestation à Montréal devant les bureaux de monsieur Charest avant une rencontre canadienne sur un accord commercial intérieur, des pommes avaient été distribuées aux agriculteurs afin de pouvoir en donner aux gens de la ville qu’ils rencontraient dans la rue. Pouvez-vous vous imaginer le sourire des gens qui recevaient cette pomme? Très efficace comme geste! Remettre les gens en contact avec les agriculteurs, ça me rappelle mon grand-père maternel qui allait vendre ses légumes au marché Bonsecours dans le vieux Montréal; il amenait la campagne en ville! Alors c’est cela, si la ville ne peut venir à la campagne, que la campagne aille en ville et le veau d’or sera détruit!
Par François Lefebvre agr. M. Sc