Main d’œuvre étrangère – du Guatemala au Québec

Publié le 28 mai 2013

par Valérie Ouellet, coordonnatrice aux communications

Les Guatémaltèques ont la cote dans nos entreprises agricoles? Mais pourquoi? Comment cela se concrétise-t-il à la ferme? Nous avons rencontré Claire Desaulniers de la Ferme Pittet de Saint-Tite et Carol Langlois de la Ferme Langlois et fils de Neuville pour en apprendre davantage.

Le défi du recrutement local

En rencontrant les deux fermes, un constat évident en ressort : recruter de la main-d’œuvre en région n’est pas chose facile! Peu de personnes lèvent la main quand vient le temps d’accomplir des tâches demandant peu de qualifications.

Autant dans le cas de la production laitière que maraîchère, les tâches répétitives dans des conditions parfois difficiles sont un frein pour les travailleurs locaux, qui sont vites découragés et se tournent vers d’autres options. Du côté de la Ferme Langlois et fils, il faut également tenir compte de la saisonnalité de la production maraîchère, qui s’étendent d’avril à novembre et empiète sur l’année scolaire pour l’embauche d’étudiants.

C’est en rencontrant d’autres producteurs vivant les mêmes problématiques que la Ferme Pittet et la Ferme Langlois et fils ont envisagé pour la première fois l’embauche de travailleurs étrangers. « En production laitière, l’embauche de main-d’œuvre étrangère est un phénomène assez récent. On sent toutefois un intérêt de plus en plus grandissant, car plusieurs fermes vivent les mêmes problématiques », explique madame Desaulniers.  

Du support dans les démarches

Les deux fermes effectuent toutes leurs démarches auprès du Centre d’emploi agricole de l’UPA. « Avec toute la paperasse demandée, nous préférons payer pour avoir le service complet d’accompagnement, ce qui a nous sauve beaucoup de temps et de maux de tête », dit en riant madame Pittet. Même son de cloche du côté de la Ferme Langlois et fils, pour qui le support offert par le centre d’emploi agricole vaut largement le tarif demandé et facilite grandement les choses. Une fois la demande de recrutement approuvée, c’est l’organisme FERME qui prend le relais pour l’embauche et la préparation du voyage.

À la Ferme Pittet, il n’y a qu’un travailleur étranger, embauché comme manœuvre. Il est responsable de nettoyer les logettes, les boxes de vêlage et la chambre à lait, pelleter la neige ou tondre la pelouse. Déléguer ces tâches leur permet de se concentrer sur des tâches plus stratégiques, tout en ayant davantage de temps pour la famille ou pour leurs implications dans diverses organisations agricoles.

Chez Langlois et fils, les quatre travailleurs étrangers travaillent exclusivement à la récolte. «Certains de nos employés étrangers reviennent année après année. Ils ont souvent de l’expérience en production maraîchère et ont une dextérité incroyable, qui les rend très efficaces rapidement ».

Un investissement qui en vaut la peine

C’est d’ailleurs la qualité du travail effectué par la main-d’œuvre étrangère qui marque le plus les producteurs agricoles qui les embauchent. « Les travailleurs étrangers sont reconnus pour leur constance et leur fiabilité. Ils respectent toujours les consignes, sont disponibles et très motivés », confirme madame Desaulniers. « Sans eux, nous aurions peut-être dû vendre nos terres, qui appartiennent à la famille depuis 13 générations. C’est vous dire toute l’importance qu’ils ont pour nous », complète monsieur Langlois.

Bien sûr, il faut être prêt à investir du temps dans l’intégration des travailleurs étrangers. Selon madame Desaulniers, le principal défi en est un d’encadrement. Il faut les aider avec de petits gestes comme les accompagner à l’épicerie, les aider à utiliser des cartes d’appel, etc. Des efforts qui en valent largement la peine selon monsieur Langlois. « De notre côté, plusieurs employés reviennent année après année et sont donc habitués. Aussi, comme il y a plusieurs Guatémaltèques dans la région, ils ont l’occasion de se côtoyer, ce qui atténue leur mal du pays».

Et la langue dans tout ça?

Il faut bien sûr un minimum de connaissances pour être en mesure de bien expliquer les tâches. Madame Desaulniers a suivi quelques cours d’espagnol pour se préparer, alors que monsieur Langlois a appris « sur le tas ». Ils sont tous deux tombés amoureux de la langue et se comptent aujourd’hui chanceux pouvoir la parler.

À savoir s’ils recommanderaient l’embauche de travailleurs étrangers, leurs réponses sont éloquentes. « À 100 %! Mais il ne faut toutefois pas le faire en pensant réaliser des économies d’argent. Mais le gain en productivité est énorme et la qualité du travail est irréprochable » selon madame Desaulniers. « Je ne saurais plus m’en passer, tellement leur rapidité et leur efficacité et inégalée. Aujourd’hui, je peux dire que ce sont plus que des employés, ils sont aussi des amis. On s’appelle même en hiver pour se donner des nouvelles! », conclut monsieur Langlois.

Les producteurs agricoles intéressés à recruter de la main d’œuvre étrangère sont invités à contacter leur centre d’emploi agricole pour avoir plus d’informations.