L’importance du Colostrum

Publié le 10 décembre 2015

Photo laitier

Lors de mon deuxième stage d’été à La Coop Novago, j’ai eu la chance de réaliser un projet portant sur le colostrum des vaches. Le but de l’expérience était de noter la qualité des colostrums sur plusieurs fermes et faire des corrélations entre des facteurs qui pourraient avoir un impact sur la qualité du colostrum, soit le nombre de lactations, ou la préparation au vêlage. Du même coup, c’était un bon moment pour faire un petit rappel des bonnes pratiques liées à la gestion du colostrum.

Mon échantillonnage s’est réalisé sur 15 fermes des régions des Laurentides et de Lanaudière. Au total, 110 échantillons de colostrum ont été analysés. La méthode d’analyse du colostrum était fort simple. Chaque échantillon était analysé avec un réfractomètre, un peu du même type que pour le sirop d’érable, gradué de 0 à 30 brix. Il est convenu qu’à 22 brix, le colostrum contient la plupart du temps plus de 50 mg d’immunoglobuline G (IgG) par litre de colostrum[1]. Cet outil sert donc à évaluer la qualité du colostrum.

Voici le résumé des résultats obtenus :

  1. Les colostrums de meilleure qualité ne provenaient pas des vaches les plus vieilles de l’échantillonnage. Je crois que oui, le colostrum d’une vieille vache peut contenir un plus grand éventail d’anticorps, mais qu’il ne faut pas se fier uniquement à l’âge de la vache. Je ne peux pas m’avancer trop sur ce sujet, je ne suis pas vétérinaire quand même!
  1. Sur 110 échantillons, 38 % ont obtenu 21 brix et moins. Selon une recherche réalisée sur 919 échantillons, 60 % étaient en bas de 50 mg d’IgG par litre. Donc, dans tous les troupeaux, il y a des vaches qui ne produisent pas un colostrum d’assez bonne qualité. Voilà pourquoi on devrait tous se garder du colostrum de secours!
  1. 51 % des veaux n’auraient pas reçu suffisamment de colostrum, soit en raison de sa qualité ou de la quantité donnée. Il y a du travail à faire là-dessus!
  1. Toutes les fermes suivaient un programme de préparation au vêlage. Nous ne pouvons donc pas tirer de conclusions de ce côté, mais il faudra valider ces programmes à certains endroits.
  1. La qualité variait entre les vaches d’un même troupeau, mais aussi en moyenne d’un troupeau à l’autre. Par contre, le nombre d’échantillons par troupeau recueillis n’était pas assez important pour tirer une conclusion sur l’ensemble du troupeau, seulement des tendances. Globalement, les facteurs les plus importants qui peuvent jouer sur la qualité du colostrum sont le système immunitaire de la vache, son alimentation et sa santé globale.

Dans les deux premières heures suivant sa naissance, le veau devrait absorber 150 mg d’IgG pour développer un bon système immunitaire. Donc, trois litres de colostrum de bonne qualité (22 brix et plus = >50 mg d’IgG = bonne qualité!). Plus le temps passe, plus le veau devrait consommer une grande quantité de colostrum pour combler ses besoins en IgG, car la capacité d’absorption des IgG au niveau des intestins diminue avec le temps. Après 24 heures, les anticorps ne passent plus du tout! Dans la vie de tous les jours, on sait bien qu’il n’est pas toujours facile de donner le colostrum à temps. Surtout lors des vêlages de nuit. L’important, c’est de faire de notre mieux et de se rappeler que le temps qu’on prend pour donner rapidement le colostrum nous sera remis plus tard avec des veaux qui seront moins à risque face aux maladies.

À la lumière des résultats obtenus lors de mon projet, il m’apparaît essentiel d’avoir une solution de rechange au cas où la qualité du colostrum d’une vache ne serait pas adéquate. Bien sûr, il faut un outil pour mesurer cette qualité, un brixmètre comme celui que nous avons utilisé est disponible à la quincaillerie pour environ cent dollars, un bon investissement! Maintenant, quoi faire pour toujours avoir du bon colostrum sous la main? La solution la moins chère est le colostrum congelé. Bien qu’il puisse paraître compliqué à gérer, ce n’est pas tout à fait la réalité. Parlez-en à votre expert-conseil, il saura vous conseiller sur ce point. Sachez seulement qu’il est important d’identifier les échantillons car, si un jour vous apprenez que votre donneuse de colostrum est porteuse de maladies et/ou de bactéries suivantes : paratuberculose, Mycoplasma, salmonelle, Listeria monocytogene et la Streptococcus spp, il faudra jeter le colostrum, car ces maladies et ces bactéries se transmettent au veau par le biais du colostrum.

Si le colostrum congelé vous donne trop de frisson, il y a toujours l’option du colostrum déshydraté. Plus cher, mais très pratique quand on en a besoin. Note importante, la quantité d’IgG par sachet varie selon les fournisseurs. Celui vendu à La Coop contient 50 mg d’IgG par sachet. Il faut donc en donner trois pour servir les 150 mg d’IgG requis Il est aussi important de bien suivre les indications sur l’emballage pour la préparation.

L’étape suivante! Quoi faire si le veau ne veut pas boire notre beau colostrum ou s’il est trop faible pour téter? Le gaver sera la bonne solution pour s’assurer qu’il ait un bon apport d’IgG. L’important c’est de tout faire pour que le veau reçoive une bonne quantité de colostrum, de bonne qualité, dans les premières heures de vie. Lors du prochain repas, s’il n’a plus envie de téter, c’est normal, on ne le gave pas encore une fois. Il est tout simplement pleinement rassasié du repas d’avant. Gaver à répétition n’est pas une bonne idée. Cela peut abimer le canal œsophagien et le veau a besoin de saliver pour bien digérer le lait. Autre point important, il est nécessaire de garder tous les contenants et les tétines propres en tout temps. Le colostrum et le lait laissés à la température ambiante deviennent un environnement très propice pour la prolifération de bactéries. Toutes les 20 minutes, le nombre de bactéries double! Notez aussi que le colostrum se garde jusqu’à 48 heures au réfrigérateur.

La régie du colostrum : un bon sujet de discussion avec votre expert-conseil lors de sa prochaine visite!!

[1] J.D. Quigley, A. Lago, C. Chapman, P. Erickson et  J. Polo. (2013).  Evaluation of the brix refractometer to estimate immunoglobulin G concentration in bovine colostrum. Journal of dairy science; Vol. 96 No.2.

Par Julie Dagenais, stagiaire