L’idéal olympique

Publié le 19 novembre 2016

avicole

Rio 2016. Cet été, lorsque c’était possible, je regardais à la télé les différentes disciplines aux Olympiques de Rio. Plus jeune, j’ai participé à différents sports. Le volleyball en était un. J’éprouvais une certaine émotion à revoir l’équipe canadienne à ces jeux, après une absence de 24 ans! Je n’ai pas fait partie de l’équipe canadienne, mais j’ai eu l’odeur de l’équipe nationale lorsque je faisais partie de l’équipe juvénile de Montréal en 1980. Championne canadienne l’année d’avant! Ça sentait bon… Malheureusement, blessé à un doigt (que je m’étais littéralement fait décapiter), je me suis retrouvé devant un choix concernant mon avenir dans l’équipe. C’est avec tristesse ‒, car j’aimais vraiment ça ‒ que j’ai décidé de la quitter…

Glenn Hoag faisait partie des athlètes de l’équipe olympique canadienne en 1984. Un gars de Sherbrooke, originaire de La Tuque. Il en était maintenant le coach à Rio. Il a mené les joueurs jusqu’en quart de finale perdant contre les Russes, champions olympiques en titre. Le Canada en 5e position! Quel exploit extraordinaire! J’ai entendu durant les jeux un extrait d’entrevue avec lui qui m’a frappé. Cet homme, qui a mené l’équipe nationale à bout de bras et gratuitement pendant 10 ans, affirmait ne pas vouloir la guerre ni craindre aucun adversaire, même les meilleurs. Ce qui était important pour lui, révélait-il, était de développer les joueurs à leur plein potentiel. Il faisait l’analogie d’avoir reçu cette équipe comme un lopin de terre agricole. Il la recevait telle qu’elle était, avec son type de terre, ses roches, ses sources d’eau souterraine. Il se donnait comme mission de l’amener à un niveau productif en développant tout le potentiel dont elle était capable. Il n’entraînait donc pas cette équipe à vaincre, mais à exploiter toutes ses ressources. Et qu’à la fin, ce qui importait, c’était l’humain…!

Je repense à mon grand-père maternel travaillant sa terre dans l’est de l’île de Montréal. 35 arpents bien sonnés, à labourer avec son tracteur McCormick 1937 et quatre de mes oncles, tenant chacun derrière un socle de charrue. Je pense à tous les producteurs agricoles de notre région, de la province et du monde entier, qui travaillent avec la terre et les animaux afin d’en élever tout le potentiel et ainsi nourrir le monde! Un travail dur, harassant parfois, mais combien gratifiant!

On peut travailler sa terre ou ses bâtiments d’élevage pour soi-même en espérant faire le maximum d’argent possible. On peut en avoir une vision plus noble en voulant contribuer à nourrir le monde. Un de mes clients m’a déjà révélé que l’argent et les biens matériels n’étaient que des moyens pour lui et non une fin en soi. Ils devaient être au service de la personne humaine et non l’inverse. Les richesses sont faites pour circuler et pour nous relier les uns aux autres. Allons-nous utiliser l’argent pour nous rapprocher des gens ou utiliser ceux-ci pour en gagner plus?

Travailler en agriculture peut être ingrat. Les sommes investies dans son entreprise sont énormes afin de pouvoir en vivre. Il y a un combat incessant à mener pour minimalement rencontrer son coût de production. Glenn Hoag a eu une vision et a développé une philosophie au service de l’humain. Cela a demandé un grand investissement de sa part pour l’atteindre. Au final, sa vision démontre être payante…

François Lefebvre, M.Sc., agr.