Les prix en haute altitude!

Publié le 10 mai 2011

23 mars 2011.Le marché a le don de nous tenir en haleine. Comme plusieurs ont pu le remarquer dernièrement, nous sommes passés d’un marché limite à la baisse à un marché limite à la hausse, presque le lendemain. Comme quoi tout peut expliquer chaque direction surprise du marché. Ainsi, lorsque celui-ci avait dernièrement commencé sa descente rapide, pour finalement plonger à la limite permise, on croyait ne plus revoir la marque du 7,00 $/boisseau dans le maïs ou du 14,00 $/boisseau dans la fève soya, avant un petit bout de temps. Cela n’a même pas duré le temps d’une couple de jours et le marché est reparti de plus belle vers la hausse et en grande vitesse. Les seuls facteurs pouvant expliquer cet état de fait sont quelques rumeurs, suite au séisme japonais, entraînant une confusion sur les conséquences de celui-ci par rapport aux marchés financiers et les dispositions des liquidités. Et, comme on arrive à la fin du premier trimestre et de la remise des états financiers de la part des Funds, ceux-ci ont liquidé fortement certaines positions pour encaisser des profits. Il n’en demeure pas moins que certains spéculateurs ont quand même profité de la vague pour retirer leurs billes du marché (prise de profit) et les mettre, en partie, dans d’autres marchés plus prometteurs, comme celui du pétrole où les probabilités de profits sont maintenant plus grandes que dans les commodités agricoles. L’avancement normal de la récolte de fève soya sud-américaine fut aussi prise en compte pour rassurer les marchés, quant à l’opportunité d’avoir un deuxième fournisseur de fève soya et de maïs puisque les récoltes du Brésil et de l’Argentine s’annoncent excellentes en terme de quantité.

Pourquoi un revirement si soudain? D’une part, la situation précaire en Afrique du Nord a maintenu un certain stress quant aux approvisionnements mondiaux en pétrole, poussant ainsi les cours du pétrole vers la hausse, ce qui incite les usines d’éthanol à ouvrir les vannes pour produire. S’ensuit, donc, une demande accrue de maïs aux États-Unis. D’autre part, le fait que certaines usines alimentaires japonaises aient été détruites incite le gouvernement japonais à importer plus de produits pour la consommation, en particulier de la viande. De plus, le marché, ayant reculé d’environ 1 $ le boisseau, a permis à certains acheteurs de procéder à des achats. Le rapport hebdomadaire des exportations américaines a, par le fait même, démontré la même tendance puisque celles-ci ont été supérieures aux semaines précédentes et, suite aux prises de profit, certains spéculateurs sont revenus dans le marché en prenant des positions relativement moins chères que précédemment.

Que nous réserve l’avenir? Il semble évident que les prix locaux vont rester relativement chers, compte tenu de l’écoulement avancé de la récolte 2010, occasionné par des exportations exceptionnelles. Du côté des contrats à terme à Chicago, la tendance se précisera avec le rapport des ensemencements du 31 mars. On s’attend à une augmentation substantielle des superficies, peut-être 92 millions d’acres comparativement à 88,2 millions d’acres en 2010. Ensuite, le départ de ceux-ci sera d’une importance capitale. Tout facteur pouvant limiter le potentiel de la future récolte aura un impact majeur. Inversement, si tout va bien, il ne serait pas étonnant de voir les contrats à terme reculer de 1 à 2 $ du boisseau. Notez que les prix des contrats à terme du maïs sont presque le double de ce qu’ils étaient l’an dernier à la même date! Un positionnement pour la future récolte aux environs de 200 $/t.m. doit être considéré pour vos surplus de récolte. Du côté de la fève soya, le prix offert pour la nouvelle récolte est d’environ 460 $/t.m. f.o.b. ferme.

Par Jean-Pierre Aumont, t.p. Directeur service des grains