Publié le 2 décembre 2015
J’ai eu la chance jusqu’à maintenant de voyager dans de nombreux pays à travers le monde et de voir plusieurs types de bâtisses avicoles sous différents climats. Une tendance générale observée est que dans les pays chauds, on retrouve des bâtisses à plafond assez bas (environ 7 pieds) pour favoriser la vitesse d’air en ventilation tunnel. Dans les pays plus tempérés, on retrouve plutôt des bâtisses avec des plafonds plus élevés (10 à 14 pieds) pour favoriser le mélange de l’air frais extérieur avec l’air intérieur et ainsi le réchauffer avant qu’il atteigne les oiseaux (Figure 1). Ici, au Québec, les conditions historiques dans lesquelles on élevait les poulets et l’ignorance des comportements de l’air ont amené les gens à construire des bâtisses de plusieurs étages pour minimiser les coûts de construction et maximiser l’utilisation du terrain disponible. Ces bâtisses étagées ont des plafonds assez bas avec maints obstacles dans la trajectoire de l’air entrant. Il devient alors difficile de ventiler adéquatement et l’air qui entre, quelquefois très froid, peut tomber rapidement sur les oiseaux. Ceci amène un inconfort aux oiseaux et une détérioration des litières par phénomène de condensation. Est-ce que ces bâtisses sont encore les bâtisses du futur?
Quelles sont les bâtisses du futur? À un ou plusieurs étages? Quelle hauteur? Quelle largeur? Quelle forme de plafond?
Il y a une mauvaise prémisse qui existe et qui dicte que plus un plafond est haut, plus les frais de chauffage seront élevés. Plusieurs bâtisses et maisons du Québec francophone ont été construites avec des plafonds bas (6 à 7 pieds), en se basant sur cette hypothèse, pendant que de belles maisons victoriennes étaient bâties avec des plafonds de 10 pieds. Devinez où nous sommes le plus confortables? Yes sir!
Comme mentionnés dans des articles précédents, les frais de chauffage sont beaucoup plus en lien avec l’isolation des bâtisses et la quantité d’infiltrations parasites de l’air (contours des fenêtres, ventilateurs non bouchés, joints non étanches, etc.) que par la hauteur d’une bâtisse. Il appert que les murs représentent seulement 6 % des pertes de chaleur versus près de 70 % par isolation et infiltrations d’air (université de Géorgie, novembre 2013).
Bien sûr, quand on pense au principe d’avoir des plafonds hauts, on pense beaucoup plus en fonction des températures froides que chaudes. Ici au Québec, on a beaucoup plus de conditions variant de fraîche à froide que chaude. Vraiment.
Il y a plusieurs avantages qui me viennent en tête lorsque je parle de plafonds hauts. J’aime bien en parler en les comparant à des églises à plafonds élevés où les températures sont très stables, sans courants d’air. Je dois vous le dire, nos oiseaux ont horreur des courants d’air et des variations de température. La seule exception est lorsqu’il fait chaud (là, ils en ont besoin). Les églises sont un exemple extrême, mais c’est pour vous aider à comprendre. L’autre exemple extrême que j’aime utiliser est celui-ci. Imaginez que vous avez un plafond d’une hauteur de 4 pieds. Pouvez-vous concevoir comme il serait difficile de faire entrer de l’air sans geler les oiseaux? Aussi, avec des plafonds à 4 pieds, il faudrait changer l’air plus souvent, car il deviendrait rapidement vicié. Changeant l’air plus souvent, vous amèneriez de plus grandes variations de température dans une bâtisse à plafond bas que dans une bâtisse à plafond élevé. Je le répète, les oiseaux n’aiment vraiment pas les variations de température et les courants d’air. Dans ces conditions, ils restent couchés, ce qui signifie une baisse de la consommation de moulée et moins de prise de poids donc, une perte d’efficacité alimentaire.
La solution est donc de trouver la hauteur idéale de plafond entre 4 et 14 pieds! Elle est certainement à plus de 10 pieds…
Par François Lefebvre, M. Sc. agr.