Le sevrage hâtif, est-ce pour vous?

Publié le 3 août 2015

Par Marie-Christine Fauteux, M.Sc., agr. Équipe Optiboeuf SENC

Avez-vous de la difficulté à garder vos vaches en bonne condition de chair à la fin de l’été? Ou encore avez-vous des veaux «pansus»? Dans ce cas, le sevrage hâtif est peut-être une bonne option pour vous!

Qu’est-ce que le sevrage hâtif?

On dit que le sevrage est hâtif (ou précoce) lorsque les veaux sont sevrés plus tôt que la pratique usuelle pour des objectifs qui sont toujours les mêmes.

Pourquoi sevrer plus tôt?

  1. Pour donner une période de repos plus longue aux vaches, ou plus précisément, pour diminuer le besoin des vaches en énergie et en protéine pendant une période plus
  2. Pour augmenter la vie productive des vaches : effectivement, la condition de chair a un effet sur la gestation de cette année, mais aussi sur la fertilité après la prochaine mise-bas
  3. Pour maintenir un bon gain moyen quotidien (GMQ) chez tous les veaux et obtenir des veaux plus uniformes. Donc, pour obtenir des veaux qui satisferont les besoins du marché, et ce, même s’il arrive que les pâturages soient moins riches et que les vaches manquent d’herbe.

Comment?

  1. S’il y a abondance d’herbe, les veaux peuvent retourner seuls dans un pâturage de régie intensive près des bâtiments.
  2. Si l’herbe est moins abondante, les veaux doivent recevoir une alimentation de semi-finition afin de maintenir le GMQ visé.

Mais encore?

En fait, il n’y a rien qui peut remplacer un pâturage abondant et de qualité pour faire du gain puisque, dans ces conditions, les vaches font beaucoup de lait. De plus, en ordre de préférence, les veaux consomment du lait, de la moulée et finalement des fourrages. L’idéal est donc que les veaux consomment moins d’herbe pour la rendre disponible pour les vaches, qui produiront alors plus de lait.

Par contre, saviez-vous que malgré une excellente production laitière, le lait ne suffit pas à l’appétit de beaucoup de veaux dès l’âge d’un mois? Il faut alors complémenter l’alimentation du veau après le sevrage afin de combler un manque de lait (25% PB sur base MS). Par contre, des grains seuls ne suffisent pas : il faut de la protéine!

Un avantage sur le prix

En ces temps où les veaux se vendent chers, on remarque tout de même un écart de prix entre les veaux les plus beaux et ceux avec un style moins désirable. Un groupe de veaux plus uniformes aura un prix de vente plus élevé. Or, après le sevrage, une alimentation adéquate permettra aux veaux et aux taures de rattraper les veaux dont les mères étaient plus laitières.

Prévenir la diarrhée

Un autre avantage de se servir du sevrage hâtif est la possibilité de rajouter un agent anticoccidien dans l’alimentation. Les coccidies sont présentes sur la plupart des fermes et dans le tube digestif de la majorité des animaux. Il vaut mieux traiter en prévention tous les animaux susceptibles. Le Deccox (décoquinate), le Bovatec (lasalocide sodique) ou le sodium de monensin dans l’aliment de semi-finition aident à prévenir la coccidiose attribuable à Eimeria bovis et Eimeria Zuernii chez les veaux (non-ruminants) et les bovins et il est possible de les ajouter aux moulées ou suppléments avec une prescription vétérinaire.

Préparer le sevrage

C’est connu, le sevrage est une période stressante pour les veaux. Des études démontrent qu’un veau qui avait accès seulement à du lait et des fourrages, avant son sevrage, peut nécessiter d’une à deux semaines pour s’ajuster à d’autres aliments tandis qu’un veau qui a déjà consommé de la moulée avant le sevrage aura une transition plus rapide et va ainsi perdre moins de poids et pourra faire du gain plus rapidement. Ainsi, le fait se servir de la moulée à la dérobée, avant le sevrage, aidera cette transition! On parle ici soit de Déroboeuf, de PSP-PC ou de PSP 028. Votre expert-conseil La Coop pourra vous conseiller sur la meilleure stratégie à adopter.

Et les vaches?

Plusieurs études démontrent que les vaches se portent mieux après un sevrage hâtif. Effectivement, puisqu’elles ont eu une période de repos plus longue avant leur prochain vêlage, elles sont en meilleure condition de chair quand l’hiver arrive. Cela représente un avantage économique puisque généralement les vaches en mauvaise condition vont avoir besoin de plus de fourrages pour améliorer leur état avant le vêlage.

On voit donc que le sevrage hâtif peut amener des avantages autant pour la vache que pour le veau. Il peut donc être intéressant de se demander si cela peut être applicable et rentable chez vous, dans vos propres conditions. Parlez-en avec votre expert-conseil La Coop!