Publié le 28 novembre 2011
Dernièrement, je vous ai entretenus sur le développement du rumen chez le jeune veau. Je vous ai abondamment parlé aussi de l’importance de la régie du colostrum et de son impact sur l’immunité. Un autre aspect, parfois négligé de la régie, concerne le logement. Bien que les huches à veaux soient souvent référées comme une bonne alternative de logement pour les jeunes veaux, plusieurs producteurs continuent à utiliser d’autres formes à cause de l’inconfort dû au froid et à la pluie, qu’implique ce type de logement. Ceux qui me connaissent, le savent bien, je les recommande fortement mais si j’avais des veaux ils seraient à l’intérieur. J’haïs le froid!
Nous avons déjà parlé de diarrhée néo-natale et, bien que ce soit une des pathologies importante, les maladies respiratoires suivent de près. C’est pour ces raisons qu’un groupe de chercheurs de l’Université du Wisconsin à Madison a fait une étude sur le sujet(1). En fait, le but était de comparer l’incidence de maladies respiratoires avec le microenvironnement (taux de bactéries), dans des étables à ventilation naturelle, selon plusieurs facteurs : température, vitesse du vent, taux de changement de l’air, nidification, type de logement et autres. Nous nous attarderons aujourd’hui sur ces derniers, soit la nidification et le type de logement.
On parle souvent de l’importance de garder les veaux au sec avec de la litière en abondance. Des critères ont été établis afin de chiffrer la quantité de litière présente dans les « box » à veaux. Ainsi une cote de nidification 1 permet de bien voir les membres du veau (figure 1), une cote de nidification 2 laisse les membres partiellement visibles (figure 2)alors qu’une nidification de cote 3 (figure3)cache complètement les membres et permet au veau de mieux garder sa chaleur corporelle.
En effet, déjà en 1953, Inglis et Robertson ont démontré qu’un bon lit de paille était plus efficace qu’un plancher bien isolé (même chauffant) sans paille. Aussi, plus récemment, Webster (1985) démontrait que de la paille en abondance permet de diminuer les pertes de chaleur par conduction et aussi de diminuer les courants d’air autour du veau. En fait, cela permet de créer un microenvironnement formant une couche d’air chaud qui permet de diminuer la température environnante, qui pourrait autrement devenir critique pour le veau.
Un autre point important, au niveau des maladies respiratoires est d’éviter les courants d’air. C’est là que le type de logement entre en ligne de compte. Le graphique 1 résume bien les résultats obtenus par les chercheurs. Les courbes formées par les carrés ont une cote de nidification 3, les triangles de 2 et les ronds de 1. Les formes noires indiquent qu’il y avait un panneau plein entre les parcs individuels, alors que les blancs indiquent l’absence de panneaux (séparation de type clôture). Cette expérience démontre la relation entre la qua lité de l’air ambiante dans l’environnement des veaux, la qualité de nidification et la présence d’une barrière pleine entre les veaux sur les risques de problèmes respiratoire.
La combinaison d’une nidification optimale (cote 3) et d’une barrière pleine entre les veaux est celle qui donne les meilleurs résultats. C’est cette combinaison qui nécessite la plus grande concentration de bactéries dans l’air avant d’affecter la santé pulmonaire des veaux. On remarque que, quand la nidification est moins optimale (cote 2)
mais que les barrières pleines sont présentes ou que la nidification est optimale (cote 3) et que les barrières ne sont pas présentes, il y a une répercussion négative semblable. Ces deux facteurs en sont donc deux très importants.
Cette étude démontre bien qu’il est possible de minimiser les risques de maladies respiratoire des veaux en élevage à l’intérieur, à condition d’avoir une bonne régie. Bien entendu, quand on parle de bonne régie, on sous-entend également le colostrum servi rapidement après la naissance et en quantité et qualité suffisante. La paille se fait plutôt rare cet automne, attention de ne pas céder à la tentation de rationner les parcs à veaux : ils (elles) en ont tout autant besoin! Bon Automne!
(1)Calf Respiratory disease and Pen Microenvironnements in Naturally Ventilated Calf barns in winter.
A. Lago, S. M. McGuirk, T. B. Bennett, N. B. Cook, and K. V. Nordlund1 Department of Medical Science, School of Veterinary Medicine,
Universityof Wisconsin, 2015 Linden Drive, Madison 53706
Par Hugues Ménard, t.p. Conseiller spécialisé, Ruminant, La Coop fédérée