Publié le 15 mai 2012
15 mars 2012, après un hiver relativement court et doux, le printemps arrive brusquement sans grande transition, la période des semis est-elle vraiment sur le point de se mettre en branle? Déjà les spéculations sur les superficies américaines vont bon train. À la publication du rapport sur l’état des stocks au 9 mars dernier, peu de grandes nouvelles sont venues chambarder les marchés. Tous les regards sont maintenant tournés vers le rapport des prévisions d’ensemencement du 30 mars prochain mais on établit d’ore et déjà que les superficies d’ensemencement du maïs devraient jouer autour de 95 millions d’acres en hausse de 2,2 % tandis que celles de la fève soya autour de 75,1 millions d’acres à égalité à l’an dernier.
Lors de notre dernière chronique en janvier dernier, le marché venait de subir une importante correction baissière suite au rapport surprenant de l’USDA. Ainsi, le contrat à terme de mai 2012 était parti de 6,58 $/boisseau pour plonger jusqu’à 6,00 $/boisseau, mais depuis ce temps celui-ci n’a pas juste récupéré sa perte, il a même dépassé la marque du 11 janvier pour atteindre 6,73 $ /boisseau. Comme quoi beaucoup de spéculation peuvent rendre le marché très volatil et peut amplifier certaines nouvelles. La fève soya, quant à elle, a subi la même tangente mais de façon moins prononcée pour ce qui est de la perte suite au rapport du 12 janvier mais particularité intéressante, sa remontée n’a jamais cessée depuis cette
date. Pendant que le contrat à terme du maïs se promenait dans un marché en montagnes russes et reprenait 0,73 $/boisseau depuis son creux pour remonter à 0,15 $ au-dessus de la marque du 11 janvier, la fève a gagné 2,00 $/boisseau depuis son creux mais aussi 1,71 $/boisseau depuis sa marque du 11 janvier. C’est une progression constante depuis ce jour. Autre indice, le ratio fève soya/ maïs sur le contrat à terme de mai est parti de 1,82 le 11 janvier pour progresser jusqu’à 2,04 en date du 16 mars 2012, tandis que celui de la future récolte est maintenant rendu à 2,34, ce qui démontre qu’en comparaison, la fève a beaucoup mieux performée depuis le rapport du 12 janvier 2012 et devient très intéressante comme production en 2012.
Curieusement, l’incidence de l’éthanol a présentement moins d’impact sur le marché que lors des deux dernières années. Ainsi, et suite à l’abandon le 31 décembre 2011 du subside
de 0,45 $/gallon que le trésor américain versait aux producteurs d’éthanol, une quantité importante a été produite avant la fin de l’année pour gonfler les inventaires à 22,1 millions
de barils. À l’heure actuelle, la demande d’éthanol a peu de chance d’évoluer à la hausse puisque la demande d’essence est stagnante et qu’il serait surprenant de voir passer le mélange de 10 % à 15 %.
Les seuls facteurs pouvant aider le prix du maïs à progresser actuellement sont la faiblesse des inventaires à environ 800 millions de boisseaux en fin d’année, la réduction de la
récolte sud-américaine par rapport aux anticipations plus élevées que le marché avait ainsi que la demande toujours importante du côté de la Chine, dont les récoltes sont difficiles
à établir de façon précise, mais qui continue de voir son économie prendre de l’expansion.
Le rapport de mars présentait aussi deux points particuliers à surveiller en ce qui regarde la fève soya, soit la production sud-américaine et la demande chinoise. Ainsi, on a pu cons –
tater une légère baisse des inventaires mondiaux occasionnée par une réduction de 3 millions de tm de la récolte de l’Argentine et du Paraguay dû à la sécheresse. Il devient maintenant plus qu’important que les ensemencements américains soient à plus de 75 millions d’acres sans quoi les inventaires risquent d’être très serrés.
Localement, nous avons pu observer une recrudescence des livraisons de maïs et de fève soya en fin février et lors du mois de mars. Possiblement que l’ensemble des vendeurs ont établi que le prix du maïs d’une part n’allait probablement pas exploser comme l’an dernier pour atteindre le niveau de 300,00 $/tm tant attendu compte tenu qu’il n’y a pas d’exportation de maïs comme l’an dernier dû au fait que les bases sont présentement trop élevées. À un niveau de 260,00 $/tm, ce qui est plus que respectable comme prix, cela représente quand même une nette amélioration par rapport à la moyenne rencontrée au cours des dix dernières années mais aussi un prix acceptable compte tenu du contexte
américain de ralentissement. Dans le cas de la fève soya, comme les niveaux atteignent 490,00 $/tm, il ne serait pas surprenant de voir le marché peut-être connaître une correction d’environ 20,00 $/tm tôt ou tard, alors un tiens vaut mieux que deux tu l’auras (peut-être).
Nous remarquons aussi depuis deux semaines un regain d’intérêt pour les contrats de vente pour la nouvelle récolte. Ainsi, il est très sage de pouvoir fixer le prix sur une partie
de la future récolte à des niveaux de prix au-dessus des coûts de production et ce, tant dans la fève soya que le maïs et/ou le blé d’alimentation humaine.
En conclusion, tout se jouera le 30 mars prochain lors de la parution du rapport sur les ensemencements américains. Tant d’un côté que de l’autre, nous risquons de connaître des marchés très émotifs dont la spéculation amplifiera les effets pendant quelques jours, le temps que chacun reprenne ses esprits et établisse les vrais fondements de la future récolte ainsi que des futurs inventaires de fin d’année.
Par Jean-Pierre Aumont, t.p. Directeur services des grains, La Coop Novago