Luc Roger, agr. conseiller spécialisé céréales et canola, La Coop fédérée
La période de semis du blé d’automne arrive à grands pas, y avez-vous pensé? Les avantages de cette pratiquesont nombreux :
Obtenir un rendement d’au moins 20 % supérieur à la culture du blé de printemps
Augmenter les probabilités d’avoir une récolte de grains moins touchée par la fusariose
Réduire la charge de travail au printemps
Considérer cette culture comme étant une plante de couverture pour protéger les sols l’automne et l’hiver
Permettre la mise en place d’une deuxième culture après la récolte de ce blé d’automne, ou l’implantation d’un engrais vert en dérobé.
Critères de réussite
Le champ
Il est important de bien choisir le champ où sera implanté le blé d’automne. Un champ bien égoutté et bien nivelé augmentera les chances de réussite, en obtenant un bon établissement de cette culture. De plus, il faut veiller à implanter dans un champ sur lequel on observe une fonte de neige rapide au printemps, ce qui évite la moisissure nivéale qui fait pourrir puis, mourir le blé.
La date de semis
La date de semis est très importante dans la réussite de l’implantation avant l’arrivée de l’hiver. Il faut se rappeler que le blé d’automne doit bénéficier d’un
mois entre le semis et les gels mortels (-5 °C). Ainsi, semer le blé dans les 2 premières semaines de septembre lui permettra de germer, d’émerger et de produire au moins deux talles (idéalement de 2 à 3 talles). Cela permettra aussi au blé d’accumuler assez de réserves pour passer l’hiver et s’acclimater grâce aux petits gels successifs qu’il subira (en zone 3, on peut le semer plu
s tôt, mais en zone 1, on pourra le semer jusqu’à la mi-octobre).
Lorsque le blé est semé trop tôt, les plants de blés sont alors trop développés et le nombre de talles est élevé, ce qui apporte deux inconvénients : la survie du blé est compromise et le risque de verse augmente. Une solution envisageable est donc de réduire le taux de semis en condition de semis hâtif.
L’inverse est tout aussi néfaste : le semis tardif du blé réduit la période d’acclimatation au froid, et le blé produit alors peu ou pas de talles. Cela a pour effet de compromettre le développement des talles au printemps
suivant, puisqu’il commence sa montaison assez rapidement. Une solution envisageable est donc d’augmenter le taux de semis dans cette situation.
Dose de semis
Idéalement, le taux de semis devra être de 400 grains/m2. Ce taux peut être réduit à 350 grains/m2 lorsque semé hâtivement. Il faudra toutefois veiller à l’augmenter de 450 à 500 grains/m2 si le blé est semé tardivement.
Semis à la volée en pré-récolte du soya
Pour plusieurs producteurs qui ont semé des variétés de soya tardifs, il sera difficile de semer le blé d’automne à une date adéquate. Il est toutefois possible d’envisager le semis à la volée à la tombée des feuilles du soya. Cette technique est très dépendante des précipitations suite au semis, car elles sont nécessaires pour une bonne germination de la semence de blé.
Il y a souvent beaucoup de variabilité entre le taux de semis et la population finale. Nous recommandons un taux de semis de 500 gr/m2, si la population est très bonne et qu’il y a une bonne initiation de talles. Il sera important de considérer une application d’un régulateur de croissance l’été prochain.
Profondeur de semis
Idéalement, un semis uniforme à 1 po de profondeur permettra une belle levée du blé ainsi qu’une belle implantation et protègera la couronne du froid, tout en facilitant l’acclimatation du plant au froid. Au printemps suivant, la survie des plants n’en sera que meilleure, car des plants bien ancrés résistent beaucoup mieux aux cycles de gel-dégel successifs du sol. De plus, un semis uniforme à la bonne profondeur diminue les risques de verse. Le semis direct a plus de risque de ne pas bien réussir.
Nos variétés
Deux variétés sont présentement disponibles :
1. Harvard, un blé roux dur panifiable, disponible en quantité limitée. Le principal acheteur pour cette variété est Moulin de Soulanges.
2. CM 614, un blé roux tendre de type fourrager. Il est disponible en grande quantité. Il offre un meilleur rendement et une très bonne survie. Sur 16 sites, dans les essais ontariens 2013, il a rendu 623 kg/ha de plus que Harvard, avec une survie similaire. Pour ce qui est des résultats des essais officiels du Québec, le CM 614 a, en moyenne, un avantage de 850 kg/ha sur Harvard sur les sites de Princeville et St-Augustin. C’est définitivement une variété à rendement!
Fertilisation
L’apport de 90 à 120 kg N/ha dont 10% sera apporté au semis d’automne suffira à obtenir 2 à 3 talles avant le premier gel. Cet azote sera apporté par l’engrais phosphaté comme le 18-46-0 avec du P-K-Mg-Cu-Mn-Zn en pré-semis incorporé. Veuillez toutefois noter que lorsque l’application de phosphore est possible dans le sillon au semis, l’établissement et la survie du blé en seront améliorés.
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