Publié le 20 septembre 2011
Régulièrement dans les médias, nous entendons qu’il y a une nouvelle bactérie résistante aux traitements qui apparaît habituellement dans les hôpitaux, apportée par un nouveau malade ou quelquefois par un visiteur à son insu. Le personnel de l’hôpital, avec les microbiologistes en première ligne, se creuse la tête dans ces situations pour trouver une quelconque solution. Bien sûr, le ministère de la Santé en est averti. Celui-ci dirige son tir dans toutes les directions dont une qui nous affecte plus directement, les productions animales. L’avenir n’est pas loin où il n’y aura plus d’utilisation possible d’antibiotiques dans les productions animales! Bien sûr, il y aura des gens tenant au bien-être animal qui se lèveront (avec raison) pour faire valoir les soins à apporter à des animaux malades et soulager ainsi leur souffrance. Il y aura débat et équilibre à obtenir entre ceux-ci et le ministère de la Santé. Mais j’ai le nez qui pique…
Déjà l’arsenal d’antibiotiques en est réduit à un strict minimum. C’est sans compter l’apparition de résistances possibles chez ceux-ci. Les compagnies pharmaceutiques ne travaillent pas sur de nouveaux produits dans les productions animales. Que faire face à tout cela?
Toute la chaîne de la production avicole se doit d’être impliquée. Ceci va des compagnies génétiques aux gens de la reproduction, aux couvoirs, aux gens de la production de chair et de ponte, aux postes de mirage et aux abattoirs. Les compagnies génétiques ont déjà des programmes de sélection dirigés vers les oiseaux qui démontreront la meilleure réponse immunitaire possible face à un challenge. Au niveau de la production, des investissements importants sont mis afin d’améliorer les équipements et installations pour minimiser les stress environnementaux possibles exercés sur les oiseaux. Des normes de biosécurité tels les PASAF sont imposées aux producteurs afin de minimiser l’introduction possible d’un vecteur de maladie sur les fermes. La même chose est demandée au niveau des meuneries, couvoirs et abattoirs. Mais il faut aller plus loin.
Face à cet abandon possible des antibiotiques, il faut avoir une meilleure compréhension de tout l’environnement microbiologique entourant la production ainsi que la compréhension du développement physiologique de l’animal et de son appareil immunitaire. Je ne pense pas que c’est en essayant de détruire les microbes par désinfection que nous aurons raison de ceux-ci. Je suis plus un tenant de la modulation microbienne que de sa destruction (qui ne sera de toute façon toujours que partielle par désinfection). Nous nous devons de créer un environnement microbien favorable à la bonne santé des oiseaux. C’est en travaillant à établir une bonne flore microbienne dans l’environnement des oiseaux que nous aurons raison des pathogènes. Il faut travailler avec
les bactéries positives pour chasser ou tenir en garde le plus possible les bactéries négatives.
Des outils existent déjà. Des façons de faire sont à développer. Nous connaissons déjà l’importance du départ des oiseaux. Il y a une importance au niveau physiologique par rapport à l’intégrité intestinale, mais aussi par rapport à préparer adéquatement le système immunitaire. Les trois premiers jours d’un poussin sont plus que critiques. Il faut mettre l’oiseau dans les meilleures conditions possibles de confort, mais aussi préparer l’oiseau à une réponse immunitaire maximale. Dès les premiers instants de sa vie, ce qui lui sera présenté directement par la nourriture (tels des probiotiques et par d’autres agents modulant la flore), par l’eau (par l’utilisation d’un mélange d’acides organiques et inorganiques) et par la flore (avec laquelle il sera en contact directement dans le poulailler), participera à la santé, à la performance et au succès de la production.
Nos recherches vont bon train directement chez Novago et en collaboration avec le réseau La Coop. Les résultats sont déjà prometteurs et feront en sorte que déjà des nouvelles façons de faire pourront être mises en place avec ou non la présence des antibiotiques. L’avenir nous le dira.
Par François Lefebvre, agr., M. Sc., Expert-conseil avicole