L’alimentation du cheval à l’hiver

Publié le 20 février 2015

Condition de chair du cheval

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L’hiver est, pour certains, un synonyme de repos pour les chevaux. La saison des compétitions ainsi que la chaleur nous ont quittés. Les chevaux retournent au paddock pour y passer l’hiver. Ce changement de climat entraîne de nouveaux ajustements alimentaires. Afin de bien s’assurer de la santé et du bien-être du cheval au courant de la saison hivernale, plusieurs points sont observables et ce, périodiquement. Ceux-ci permettront de mieux ajuster les rations servies et, par conséquent, atteindre les objectifs fixés pour la saison prochaine.

Il est important de considérer tous les éléments de départ, soit : le stade physiologique du cheval, son niveau d’exercice et sa condition de chair. Un suivi plus serré sera nécessaire pour une jument gestante ou bien pour un poulain, car on veut s’assurer du développement optimal et de la santé dans les deux cas. Le niveau d’exercice actuel par rapport à celui adopté durant l’hiver aura également un impact sur l’alimentation. Par la suite, d’autres facteurs pourront être pris en considération, tels que l’accès à un abri, la présence ou non de couverture et la vie en troupeau ou individuelle.

La condition de chair est un outil d’autant plus pertinent qu’il permet d’estimer les réserves corporelles. Ce sont des réserves sous-cutanées de gras qui sont observables à l’encolure, aux côtes et à la croupe. On cote sur une échelle de 1 à 9, 1 étant très maigre et 9 très gras. Idéalement, on recherche une cote de 5. Pour les chevaux de compétitions, une cote de 5,5 est préférable. On désire avoir un peu plus de réserves étant donné le niveau d’exercice plus soutenu tout au long de l’été. Il est important de prendre la condition de chair à l’automne (à la fin des compétitions), durant l’hiver et au printemps. Elle doit être prise fréquemment, car elle correspond au suivi des réserves corporelles et aide à vérifier l’atteinte des objectifs fixés pour la saison prochaine. Avec toutes ces données en main, cela permet de brosser un tableau complet de la situation dudit cheval. À partir de ce moment, il sera plus facile d’ajuster les rations.

La ration d’un cheval est composée majoritairement de fourrages et d’eau. Les concentrés minimaux recommandés pour tous les chevaux sont les minéraux. Par la suite, selon l’état de chair et les autres informations de la condition générale, on peut ajuster avec une moulée ou un supplément.

Les fourrages

L’aliment de base du cheval est le foin, mais pas n’importe lequel. On recherche un foin de qualité. Pour déterminer la qualité, il est possible de le faire visuellement, soit par la couleur, l’odeur, la présence de poussières, etc. C’est aussi possible de la mesurer par une analyse nutritionnelle exécutée en laboratoire. En milieu très froid et sans abri, les besoins énergétiques peuvent augmenter de 50 %, ce qui est considérable. La fibre contenue dans le foin permet la production de chaleur pour se réchauffer, de manière plus importante que la fibre des concentrés. Plus un foin est jeune, plus il contient de fibres digestibles, donc entraîne une plus grande production de chaleur. Il faut donc porter une attention particulière à la maturité du foin que l’on choisit. En plus de qualité, on parle de quantité. Lors de gros froids, le cheval mange aussi souvent, mais plus longtemps. Il augmente sa consommation afin de se réchauffer. Il est préférable d’avoir accès à du foin à volonté, sinon d’augmenter le nombre de repas par jour.

L’eau

L’eau est un autre élément très important, parfois négligé. Malgré les froids hivernaux, les chevaux ont besoin d’en consommer. À une température de -18°C, un cheval moyen consomme deux litres d’eau par kilo de matière sèche ingéré. Il serait faux de penser que la neige peut être suffisante pour combler ces besoins. Il doit avoir accès à un point d’eau propre et non gelé. La situation optimale est une buvette chauffante, l’eau ne gèle pas et est à la bonne température, ce qui en stimule la consommation. Une gestion adéquate et journalière des points d’eau permet de réduire les problèmes de colique et de constipation dus, entre autres, à une consommation d’eau déficiente. Pour les chevaux plus sensibles à ces problèmes, l’ajout de sel dans la moulée peut stimuler le réflexe de boire.

Les concentrés

Les concentrés représentent la dernière chose à valider. La condition de chair est un bon indicateur des besoins en concentrés. Une moulée permet un apport calorique, tandis qu’un supplément non. Si la condition de chair est sous 5, une moulée permettra d’apporter les calories nécessaires afin d’augmenter l’état de chair ainsi que les minéraux. Si elle est à, ou supérieure, à 5, un supplément, ou au minimum un Pro-Bloc, sera nécessaire. Dans ce cas, il n’y a nul besoin de calories supplémentaires, on doit combler seulement les besoins en minéraux.

Finalement, la clé du succès est l’observation. Prendre le temps d’observer les chevaux pendant qu’ils mangent ou qu’ils boivent donne plusieurs d’indices. Cela permet de s’assurer d’une consommation adéquate de foin et d’eau, en quantité et de qualité, et, de ce fait, réduire les problèmes de santé. La condition de chair est un outil qui s’avère pertinent pour valider l’efficacité des rations, surtout pour les gens qui ne sont pas à tout moment de la journée près de leurs chevaux. Pour toutes autres questions d’ordre alimentaire, n’hésitez pas à consulter vos experts-conseils.

Par Laurence Asselin, agr. Experte-conseil, secteur équin,