L’ABC des MRF

Publié le 9 juillet 2012

La valorisation des résidus comportant des propriétés fertilisantes ne date pas d’hier. Depuis longtemps, les producteurs agricoles du Québec mettent à profit les fumiers et les résidus des récoltes en les utilisant comme engrais. Les matières résiduelles fertilisantes (MRF) sont des matières résiduelles dont l’emploi est destiné à entretenir ou à améliorer, séparément ou simultanément, la nutrition des végétaux ainsi que les propriétés physiques et chimiques et l’activité biologique des sols. Le recyclage des MRF par épandage au sol a permis de détourner de l’élimination plus de 1,5 million de tonnes de résidus, en 2010, dont la majorité était de nature organique. L’épandage sur les sols s’avère particulièrement efficace pour réduire les émissions de GES liées à l’élimination. Plus près de Lanaudière et des Laurentides, les pâtes de papetières, les boues mixtes, les boues municipales, les boues agroalimentaires et le compost, demeurent des MRF les plus appréciées des producteurs. Fait à noter que la majorité des épandages sur des terres agricoles doivent être faits en vertu d’un certificat d’autorisation.

Les biosolides municipaux

Dans le cas plus particulier des biosolides municipaux, le ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs (MDDEP) estime que les quantités de biosolides municipaux recyclés ont progressé depuis 2004 pour un taux de recyclage d’environ 26 % des tonnages humides générés. Ces taux demeurent toutefois bien en deçà de l’objectif gouvernemental de recyclage qui est de 60 % des matières putrescibles d’ici 2015. L’usage agricole des biosolides, avant ou après compostage ou méthanisation, contribue significativement à réduire les émissions de GES compa rativement à l’enfouissement et à l’incinération. Dans la perspective où l’enfouissement et l’incinération des matières organiques ne seront plus possibles à partir de 2020, une combinaison de valorisation agricole et de compostage représente la meilleure solution. Les biosolides municipaux n’ont généralement aucun pouvoir chaulant. Ils contiennent aussi moins de potassium et de matière organique que les composts.

Les résidus de désencrage

L’utilisation de certaines matières résiduelles pauvres en phosphore et en azote, tels que les résidus de désencrage chaulant, complète efficacement celle des fumiers et des engrais minéraux. Ces MRF sont principalement utilisées comme amendements organiques et substituts à la chaux agricole. Ils ont cependant le désavantage d’immobiliser l’azote du sol après l’application. Il faut donc un amendement azoté supplémentaire comme le lisier ou un engrais minéral.

Les boues mixtes, agroalimentaire et compost

Les résidus plus riches en phosphore et en azote, tels que les biosolides papetiers et d’origine municipale (boues mixtes) et le compost, ont des caractéristiques qui se rapprochent davantage de celles des fumiers. Ils sont donc destinés en priorité aux entreprises de production végétale (maïs, pommes de terre, etc.) qui n’ont pas suffisamment de fumier solide à proximité de leur exploitation ou qui sont confrontées à la dégradation de leurs sols (à cause du manque de matières organiques). Les boues mixtes et certaines boues agroalimentaires ont aussi l’avantage d’être chaulantes.

En conclusion, la Politique du ministère prévoit, d’ici 2020, le bannissement complet de l’élimination des matières organiques putrescibles par enfouissement ou par simple incinération. C’est dire l’importance environnementale et stratégique du développement de la filière du recyclage des MRF au cours de la présente décennie. Il convient de consulter votre agronome pour savoir quels types de MRF s’adaptent le mieux à votre entreprise pour les qualités agronomiques et économiques.

source: www.mddep.gouv.qc.ca

Par Pierre-Luc Brouillette, agr. Conseiller en agriculture durable