Publié le 5 janvier 2010
Le présent article est réalisé pour vous sensibiliser aux impacts économique, agronomique et environnemental des applications de fumier ou lisier à l’automne et au printemps. Pour débuter, nous avons déterminé la valeur par tonne de différents types d’engrais de ferme pour un enfouissement en mois de 48 heures sur un loam ou une argile. Il est bon de mettre à jour ces chiffres compte tenu de l’évolution des prix des engrais minéraux. Comme base de calcul, nous avons estimé le prix des engrais de base au printemps pris au plan et les valeurs du CRAAQ pour la valeur fertilisante des engrais de ferme. Il s’agit ici de résultats bruts. Aucun frais de transport n’a été calculé dans ces résultats. C’est le frais le plus important à prendre en considération pour obtenir la valeur nette après épandage. Malheureusement, ces frais sont très variables et doivent être adaptés à chaque situation. Ainsi, on observe souvent une fourchette variant de 1,50 $ à 10 $ la tonne. Il faut aussi ajouter le passage au champ pour l’enfouissement (exemple 30 $/ha pour chisel à forfait). De plus, aucune estimation sur le rendement à la baisse lié à une application de fumier et lisier dans de mauvaises conditions n’est calculée.
C’est bien connu, les deux périodes les plus populaires pour l’épandage des fumiers et lisier sont: en pré semi et en post récolte. Sauf pour les prairies et les pâturages où il est plus facile et intéressant d’épandre entre les coupes, les grandes cultures offrent moins de fenêtres pour l’application des engrais de ferme. Les applications en post levée dans le maïs grain offrent de belles possibilités, mais la pratique reste peu exploitée à cause de la nécessité d’équipements plus coûteux et de la précision nécessaire lors de l’épandage nécessitant souvent plus de temps. Cependant, ce type d’application offre l’avantage de ne pas trop compacter les sols et d’offrir une fenêtre d’épandage plus large.
Ce petit tableau permet de prendre conscience de la valeur de votre banque d’engrais de ferme que vous accumulée toute l’année. La valorisation des fumiers et lisiers au début de la saison de croissance permet de limiter les pertes de matières fertilisantes dans l’environnement et de maximiser la vie microbiologique du sol. La plante peut alors aller combler ses besoins durant toute sa vie végétative. Il est tout de même important d’avoir de bonnes conditions printanières, chaudes et sèches, pour profiter pleinement des avantages qu’offre une fertilisation en début de saison. Un rappel que, selon le REA, la ferme doit disposer de 65 % de ses volumes de fumier entre le 1er avril et le 1er octobre. Comme il est impossible, pour plusieurs entreprises, de valoriser une importante portion de leur volume annuel au printemps, sachez que l’implantation d’un engrais vert en post récolte, préférablement avant le mois de septembre, peut également avoir des effets bénéfiques comparables aux applications printanières.
Il y a cependant un bémol important. Les entreprises ayant des sols plutôt sensibles au compactage, des sols lourds, des sols mal drainés doivent faire attention à prévoir d’autres périodes d’épandage. La structure du sol est un élément clé de sa fertilité. Si l’on prive les racines d’eau et d’oxygène, même avec une analyse de sol riche, la plante ne pourra jamais exprimer son plein potentiel. Il est donc important de retenir que, quelques soient les pratiques culturales de la ferme, la structure de sol à un impact direct sur sa productivité.
Par Pierre-Luc Brouillette agr.
