La résistance ou la charte des valeurs

Publié le 20 janvier 2014

Je ne me souviens plus de qui ça vient, mais il y a quelqu’un qui disait que la politique était là pour amuser le peuple. Il faut comprendre l’image que, souvent en politique, on lance des ballons ou on crée des parades pour « distraire » ou « amuser » le peuple pendant que d’autres décisions, qu’on ne veut rendre publique, sont en train de se prendre.

Le ministère de la Santé fédérale est probablement très inquiet, non sans raison. Il semble bien qu’il y ait une augmentation assez importante de la résistance de bactéries pathogènes (nuisibles, dangereuses) aux antibiotiques et que cette situation mette la vie des gens en danger. Celui-ci semble en avoir parlé à l’ACIA (agence canadienne de l’inspection des aliments). L’ACIA a pensé à sortir un programme de contrôle: le PASAF ou programme d’assurance salubrité des aliments à la ferme. Aucune utilisation d’antibiotiques, qu’on appelle de première ligne, ne sera bientôt permise. C’est normal. C’est la suite logique des choses sans qu’on y regarde de plus près. On veut bien que l’humain qui tombe malade par une infection ait la possibilité d’être traité et guéri par quelque chose qui fonctionne, voire par les antibiotiques. S’il y a résistance, il y a possibilité que la personne meure suite à une infection sérieuse. Il serait terrible que par l’utilisation d’antibiotiques pour traiter une maladie chez les animaux, il en résulte une déchéance de l’humain. Personne ne veut cela.

Mais l’ACIA va plus loin. Elle semble vouloir dicter une charte des valeurs où aucun signe ostentatoire ne sera permis : le PSA ou PST (programme de soins aux animaux ou troupeaux). C’est ici qu’il semble y avoir une parade politique qui cache autre chose…On veut dicter aux éleveurs une façon de faire très précise d’une façon « sine qua non » (c’est ça ou tu es dehors…). L’ACIA semble répondre à une commande dictée d’ailleurs (ou plusieurs commandes). Elle semble très forte, car elle approche en plus avec des contraventions monétaires très sévères. Plusieurs ont très peur, avec raison, car ça peut coûter très cher. Mais la peur de payer et de tomber en déficit de revenus engendre des réactions et des façons de faire pas toujours logiques. Elle menace même la fierté d’être producteur et de nourrir la population. Est-ce ce qu’on veut? Peut-être lorsqu’on regarde qui sont ceux qui exercent du lobby auprès des instances gouvernementales…

En tant que professionnel scientifique sur le terrain, je peux mettre en doute plusieurs règlementations distordues imposées. Il y a souvent des dictats imposés basés sur un manque de connaissance de la réalité des choses. Je veux bien travailler avec les producteurs à améliorer les pratiques de régie des troupeaux et pratiquer et appliquer de bonnes mesures de biosécurité. Je veux dire en même temps qu’il se fait de la « maudite » belle « job » chez nos producteurs du Québec. Les gens aiment leurs oiseaux et veulent que ça aillent bien. J’ai voyagé pas mal et je peux dire qu’on n’a pas à avoir honte de la manière dont nos volailles sont élevées ici, au contraire. Je suis même à comparer à ce qui se fait du côté du secteur de la santé humaine.

Il serait intéressant que le ministère de la Santé prenne conscience de ce qui se fait dans sa propre cour pour l’application des mesures d’hygiène et de biosécurité. Je ne parlerai pas de lavage et de désinfection des hôpitaux qui sont souvent laissés pour compte par compression budgétaire semble-t-il?

Je parlerai certainement, par contre, de la situation régulière et commune où je vois du personnel d’hôpital manger dans les restaurants autour de leur lieu de travail ou voyageant dans les transports publics affublés de leur vêtement de travail. Qui est-ce qui transporte les maladies, je vous le demande?

On devrait mieux regarder les producteurs agricoles. Ils nourrissent le monde et sont de véritables professionnels. Il faut en être fier!

François Lefebvre, M. Sc., agr.

Expert-conseil avicole, La Coop Novago

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