La gestion du troupeau de génisses, un investissement

Publié le 26 mars 2012

Vous le savez,  l’élevage des génisses est un investissement à long terme. Il faut investir de l’argent et du temps pour une période d’au moins 24 mois avant d’avoir un animal productif. Un nombre élevé de génisses et de primipares (1er veau) auront donc une influence majeure sur la rentabilité de votre entreprise. Nous tenterons aujourd’hui d’identifier les facteurs pouvant influencer le nombre de génisses produites et le nombre de génisses nécessaires au remplacement.

Afin de bien comprendre, nous pourrions identifier dans un troupeau laitier :

  • un groupe d’animaux composé de génisses de remplacement;
  • un groupe d’animaux constitué par les vaches taries, les taures de 1er veau (primipares) et les vaches en lactation.

De cette façon,  on peut facilement identifier dans chaque groupe les facteurs influençant le nombre d’animaux. On peut également constater comment ces facteurs sont reliés et quelles sont leurs conséquences.

Figure 1: Structure d’un troupeau laitier : « les cercles » indiquent les facteurs qui influencent le nombre d’animaux dans chaque groupe. Tirée de Babcock 2011.

D’une part, on peut observer à la figure 1 que le nombre de génisses produites par année dépend du nombre de vaches et de l’intervalle de vêlage, ainsi que du pourcentage de femelles nées.

D’autre part, le nombre de génisses qui quittent le troupeau de remplacement dépend du taux de mortalité des veaux, du taux de réforme – que ce soit volontaire et involontaire – ainsi que de l’âge des génisses au vêlage.

Il est évident que le nombre de génisses produites n’est pas nécessairement égal au nombre de génisses requises. Il existe au moins trois facteurs qui influencent le besoin de primipares et leur disponibilité :

1)       le taux de réforme des vaches ;

2)       l’intervalle entre les vêlages ;

3)       l’âge au premier vêlage.

En effet,  dans un élevage fermé, la disponibilité des primipares aura une influence sur le taux de réforme des vaches afin de pouvoir garder le nombre de vaches dans le troupeau. En ce qui concerne l’intervalle de vêlage, une augmentation de celui-ci diminuera le nombre de génisses qui naissent par an. Dans la figure 2A, l’Université du Wisconsin montre l’effet de l’augmentation de l’intervalle de vêlage sur la disponibilité des génisses par an dans une ferme de 100 vaches. Lorsque l’intervalle passe de 12 mois à 18 mois, le nombre de génisses qui naissent par an sera de 50 vs 33 et les taures de 1er veau produites seront  de 43 vs 28 respectivement.

L’âge au premier vêlage, comme on peut le voir à la figure 2C, a un impact sur le nombre de génisses à la ferme. On observe que lorsque l’âge au 1er vêlage (toujours pour un troupeau de 100 vaches), passe de 24 à 28 mois, le nombre de taures de 1er veau disponibles diminue de 42 à 36 et le nombre de taures dans la ferme augmente de 14 (97-83).

 

 

 

 

 

 

 

 

Figure 2 : Facteurs influençant le nombre de primipares disponibles par an. Tirée de Babcock Wisconsin.

 

Maintenant, essayons de chiffrer ce que nous avons vu plus haut. Selon les données présentées par Valacta, le coût pour élever une génisse était de plus ou moins 3000$ en 2009.  Ceci inclut 1200$ de fourrage pour rendre la taure au vêlage et 1900$ de charges variables.

En contrepartie, des données tirées d’un rapport de l’Université du Wisconsin en 2007 montrent que le coût d’élevage d’une génisse était de 2060$, alors que dans l’état de New York et en Ontario, le coût moyen était de 2170$ et 2496$ respectivement. Vous pouvez remarquer qu’élever une génisse en Ontario était plus cher. Qu’est-ce qui peut expliquer cette différence?

Premièrement, il a été remarqué que la taille des troupeaux de New York et du Wisconsin était plus grande. Ainsi, les heures de travail consacrées à l’élevage étaient de 18h à New York et de 22h au Wisconsin, contrairement à 44h en Ontario. Deuxièmement, l’âge moyen au vêlage en Ontario était de 27 mois, contrairement à 24 mois dans les deux états américains.

Selon les données prises par Valacta au Québec, le pourcentage moyen de réforme est de 35 % et l’âge moyen au premier vêlage est de 26 mois. Selon ces moyennes, nous pourrions dire que pour un troupeau de 100 vaches, le nombre de génisses requises pour assurer le renouvellement du troupeau serait de 87 génisses. Ceci correspond aux valeurs dans le tableau 1 ci-dessous.

 

Taux de renouvellement annuel du troupeau laitier de 100 vaches

Âge au premier vêlage
  24 mois 26 mois 28 mois 30 mois
20 % 46 50 54 58
25 % 58 62 67 72
30 % 69 75 81 85
35 % 81 87 94 101
40 % 92 100 107 115

Tableau 1 : Tirée d’Omafra (Ontario ministère de l’agriculture, de l’alimentation et des affaires rurales).

Imaginez-vous que si l’on se fixe l’objectif d’avoir le même âge au vêlage de 26 mois, mais avec un taux de réforme de 30% au lieu de 35% : nous aurions alors besoin de 75 génisses, soit 12 génisses de moins. Ceci représente des économies d’environ 36 000$  (87 -75 = 12 x 3 000$). Cependant, si l’on considère encore 35% de réforme, mais que l’on décide de travailler sur un âge au vêlage de 24 mois ou lieu de 26 mois, les économies seraient de 18 000$ (87 – 81 = 6 x 3 000$).

Aussi, le tableau 2 montre un portrait des fermes québécoises avec lequel vous pouvez facilement comparer vos performances et  établir des objectifs à atteindre avec votre expert-conseil.

 

 

 

 

 

 

Tableau 2 : Portrait moyen des troupeaux Holstein du Québec.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Tableau 3 : Ratio taures/vaches selon le mois de l’année dans les troupeaux inscrits au contrôle laitier

Finalement, on remarque au tableau 3 qu’un indice de 0,85 signifie qu’un troupeau de 100 vaches possède 85 génisses de remplacement. Toujours à la lecture du tableau 3, nous pouvons dire qu’entre novembre 2007 et 2010, nous avons augmenté nos besoins de génisses de remplacement de 77 à 84. Il y a donc place à l’amélioration et à beaucoup d’économies!

En conclusion, étant donné que l’élevage de génisses représente un investissement très important  pour votre entreprise laitière, il est important de réduire l’intervalle de vêlage en travaillant sur la préparation au vêlage et sur l’intervalle vêlage-saillies, ainsi que sur le développement des génisses pour les faire vêler à 24 mois. La Coop Novago possède une équipe d’experts-conseils ainsi que les produits nécessaires pour vous aider à atteindre ces objectifs!