Impact économique d’une stratégie d’alimentation

Publié le 14 janvier 2016

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Lorsque l’on cherche des façons d’améliorer la rentabilité des fermes laitières, il est normal de parler de frais d’alimentation. Dans cet article, nous allons voir comment une production moyenne élevée par vache, alors que chacune reçoit la ration qu’elle mérite, aide à maximiser la marge par kilo de gras.

Rappelons-nous que la marge par kilo de gras représente l’argent qui reste par kilo de gras vendu, une fois déduits le coût de l’alimentation total (fourrages et concentrés) pour les vaches et les sujets de remplacement ainsi que les déductions de la paie de lait (mise en marché, publicité, plan conjoint, etc.).

Pourquoi la marge par kilo de gras est-elle un indicateur fiable pour mesurer l’efficacité de l’alimentation dans une ferme laitière? Parce que dans un système de quota, les facteurs limitant les ventes de lait sont le nombre de kilos de gras livrés et, ensuite, l’argent fait en vendant chacun de ces kilos.

Stratégie sur une base marginale

Vous ne tentez pas de produire le maximum de lait, par crainte de faire grimper le coût des concentrés par hectolitre? Demandez-vous ceci : la marge journalière nette sera-t-elle améliorée si vous offrez une ration permettant un apport supplémentaire en énergie et en protéine? Il faut aller plus loin que de parler de kilo de lait par kilo de concentré ou de coût par hectolitre, et voir si l’impact économique journalier sera positif. Il n’est pas exact de considérer des aliments comme mauvais (concentrés) et d’autres comme bons (fourrages). Ces aliments sont tout simplement complémentaires.

On l’a déjà dit et écrit : le prix du lait par hectolitre ou les coûts par hectolitre pris séparément sont incomplets pour mesurer l’impact économique. Il faut aussi considérer le nombre d’hectolitres produits et à produire (en fonction du pourcentage de gras) pour faire le quota, le taux de protéine du lait, les kilos vendus (sont-ils maximisés?), la santé du troupeau, la reproduction. On doit également tenir compte du fait qu’on produit beaucoup d’hectolitres et qu’on est vendeur régulier de vaches au lieu d’être acheteur.

Rations servies = rations méritées?

Pour réussir à augmenter la marge par kilo de gras vendu, il faut s’assurer que les rations sont le plus près possible de celles méritées. Dans la figure du groupe 1, on peut voir l’impact sur les coûts par hectolitre et la marge par kilo de gras pour trois vaches recevant une ration permettant de produire 40 kg de lait et qui en produisent 30, 40 et 50 kg. Pour les vaches alimentées individuellement, le résultat est le même si on les suralimente. Une chose est claire : une vache qui produit beaucoup dans ce groupe 1 coûte moins cher par hectolitre et influence positivement la marge par kilo.

Vaches du groupe 1 recevant une ration à 5,31 $ par jour en concentrés1

 

 

Vaches du groupe 2 recevant une ration à 3,75 $ par jour en concentrés1

 

 

L’impact de vaches peu productives dans le groupe 2 (figure 2) est négativement spectaculaire et fait vite comprendre qu’un groupe 3 est souhaitable ou que ces vaches ne le sont pas. En plus, les risques d’embonpoint sont réels et préoccupants.

On veut baisser les coûts? Accroître la marge? Il faut alimenter les vaches selon ce qu’elles méritent. Et pour qu’elles méritent une bonne ration très longtemps, la phase tarissement-transition, postvêlage, doit être bien réussie pour maximiser les pics. Sinon, il y aura trop de vaches peu productives en milieu et en fin de lactation.

Coût des concentrés par hectolitre : une piste fiable?

Il faut bien sûr se préoccuper des coûts et ne pas gaspiller. Mais imaginez que vous avez le troupeau du tableau 1 (ci-dessous) et que vous avez la possibilité de faire le quota avec seulement des vaches du groupe 1, 2 ou 3, produisant 40, 30 et 20 kg par jour respectivement : que feriez-vous? Si on se fie au coût des concentrés par hectolitre, on choisira des vaches du groupe 3.

Si on base son choix sur la marge par kilo de gras, faire 72 kg de gras, comme dans l’exemple du tableau 1, avec seulement des « vaches de 20 litres » (qui coûtent moins cher en concentrés par hectolitre) fera croître les dépenses annuelles en alimentation de 42 955 $.

En outre, il faudra 36 vaches de plus pour produire le quota, et on devra ajouter les frais variables qui s’y rattachent – sujets de remplacement, bâtiments, litière, main-d’œuvre, etc. Élever seulement des productrices de 40 kg au lieu de productrices de 30 kg, c’est 11 vaches en moins et 18 447 $ de frais d’alimentation en moins. Encore là, il faut en plus soustraire tous les autres frais variables liés au cheptel moins grand.

Ce n’est pas un défaut de vouloir élever des vaches qui produisent beaucoup de lait, indépendamment du coût des concentrés par hectolitre, lorsque la marge à atteindre est aussi intéressante.

 

Nombre de vaches moyen et performance moyenne par groupe

 

 

 

Tableau 2Prenez le temps de mesurer vos résultats économiques de façon régulière et de cibler vos objectifs. Les experts-conseils de La Coop sont là pour vous aider et ont tous les outils pour le faire.

Pour plus de détails, consultez l’édition de novembre-décembre du magazine Coopérateur à la page 39.

Nicolas Marquis, La Coop fédérée