Publié le 22 mai 2012
Par Valérie Ouellet
Retraçons aujourd’hui le portrait canadien du développement des coopératives agricoles, un modèle d’affaire qui ne date pas d’hier, mais qui continue de se développer et de se diversifier!
Les débuts de la coopération agricole au Canada
Les premières entreprises coopératives canadiennes font leur apparition au début du 19e siècle. Inspirées du mouvement coopératif du Royaume-Uni, ces coopératives sont les pionnières d’un modèle qui perdure encore aujourd’hui.
Les agriculteurs forment d’ailleurs le premier groupe canadien à opérer des coopératives avec succès. Vers la fin du 19e siècle, les producteurs agricoles éprouvent de la difficulté à acheter à bon prix les ressources nécessaires à leurs activités. De plus, ils n’obtiennent généralement pas un prix intéressant pour la marchandise vendue. La formule coopérative s’impose donc comme une façon intéressante de répondre à la fois à leurs besoins d’approvisionnement et de mise en marché.
C’est ainsi qu’entre 1860 et 1900, des producteurs laitiers de l’est du Canada créent plus de 1 200 crèmeries et fromageries coopératives afin de transformer leurs produits. De leur côté, les producteurs de céréales des Prairies conçoivent au début des années 1900 des coopératives afin de vendre leurs céréales directement aux moulins à grains et aux exportateurs. Les coopératives agricoles sont maintenant là pour rester!
Un modèle qui crée de l’engouement
La fondation des premières générations de coopératives sera facilitée par l’adoption d’un cadre légal approprié, soit la Loi sur les syndicats coopératifs en 1906 et la Loi des sociétés agricoles en 1908.
C’est dans ce sillon que naît en 1922 la Coopérative fédérée de Québec, figure emblématique de la coopération agricole au Québec. Aujourd’hui appelée La Coop fédérée, elle résulte de la fusion de trois centrales coopératives : la Coopérative des fromagers de Québec, le Comptoir coopératif de Montréal et la Société des producteurs de semences de Sainte-Rosalie. La Coop fédérée œuvre alors dans l’approvisionnement à la ferme, ainsi que dans la transformation et dans la mise en marché de produits laitiers, ce qui lui permet une diversification de ses activités et lui assure une croissance rapide.
C’est peu de temps après, respectivement en 1925 et 1937, que sont créées Citadelle (coopérative des producteurs de sirop d’érable) et Agropur. Dans les années 50, le mouvement coopératif continue son expansion. Il prend notamment de l’ampleur dans les domaines de l’agriculture, de la finance, de l’assurance, de la pêche, du commerce de détail et dans l’industrie de la construction.
Malgré ces réussites, les coopératives font face à plusieurs problèmes à la fin des années 80. Comme elles tirent principalement leurs forces des régions rurales, le déclin de cette population se traduira éventuellement par un appui plus faible. Les grandes coopératives baissent aussi en nombre. Cette situation les oblige à revoir leurs façons de faire et à développer de nouveaux marchés pour répondre aux besoins de leurs clientèles.
La coopération, plus pertinente que jamais
Le modèle coopératif continue de connaître des applications de plus en plus différentes. Dans les années 1990, les producteurs agricoles sont confrontés aux coûts élevés de l’achat de machinerie et fondent des coopératives d’utilisation de machinerie agricole (CUMA). Naissent également à cette époque les coopératives d’utilisation de main-d’œuvre (CUMO). C’est signe que le modèle coopératif continue de répondre aux besoins des nouvelles générations.
Néanmoins, comme elle est exposée aux forces de la concurrence, la coopération dans le secteur agro-alimentaire se caractérise aujourd’hui par de nombreux processus de fusion, d’intégration, d’acquisition et de rationalisation, ce qui remodèle considérablement le paysage coopératif agricole.
C’est dans cette lignée que La Coop fédérée et ses coopératives affiliées entreprennent en 2008 une vaste réforme de leur modèle d’affaires en productions animales, appelé Chrysalide. La réforme vise à obtenir les économies d’échelles propres aux grandes organisations, tout en maintenant le maximum de coopératives impliquées dans leur milieu.
Nous pouvons maintenant affirmer que le modèle coopératif s’est inscrit dans les façons de faire des Québécois (près de 70% d’entre eux sont membres d’au moins une coopérative!) et constitue une solution durable à des problématiques très actuelles. La coopération permet à la fois de contribuer à une agriculture bien implantée, au développement d’une agriculture de proximité et elle contribue au maintien des services de proximité. Nul doute que les coopératives agricoles sont encore promises à un bel avenir!
Sources :
Histoire du mouvement coopératif et mutualiste http://www.coopquebec.coop/fr/site.asp?page=element&nIDElement=2184
Une identité à affirmer, un espace à occuper : aperçu historique du mouvement coopératif au Canada français http://www.coopquebec.coop/upload/cqcm/editor/asset/historique%20du%20mouvement%20cooperatif%20au%20canada.pdf
Historique de La Coop fédérée http://www.lacoop.coop/entreprise/historique.asp
La coopération agricole, une solidarité à reconnaître et à appuyer http://www.coopquebec.coop/fr/upload/cqcm/editor/pdf/memoire_sur_l_agriculture__juin_07_.pdf
Historique d’Agropur http://www.agropur.com/fr/profil/histoire/agropur_decennies.php
Historique de Citadelle http://www.citadelle-camp.coop/sirop-erable/Historique/1925—1950.aspx