Faire son quota et 14 % de plus, est-ce possible?

Publié le 9 septembre 2013

Vous n’êtes pas sans savoir que l’été est bel et bien arrivé! Et qui dit été, dit augmentation des températures. Comme vous le savez, le beau temps et cette chaleur peuvent s’avérer problématique chez nos vaches laitières. Cette chaleur peut entraîner une baisse de consommation de l’animal, une baisse de production, ainsi qu’une diminution des composantes du lait (gras, protéine). Bien souvent, ces changements engendrent des baisses de performances au niveau de la reproduction (baisse de taux de gestation) et accentuent les risques de désordres métaboliques (acétonémie, acidose, etc.) 

Pas surprenant qu’au mois d’août, lorsque deux jours de production additionnels sont alloués, la machine soit difficile à remettre en marche… Ces mesures, de 7 % + les deux jours, représentent environ 14 % de plus de lait que vous pouvez produire sans achat de quota, ce qui est plutôt difficile à cette période de l’année! Nous parlons ici de rentabilité et de beaucoup d’argent dans vos poches.

Tout d’abord, il faut comprendre le phénomène. La température confort pour les vaches se situe entre 8 et 26 °C, à condition que l’humidité relative ambiante ne dépasse pas 60 %. Alors, les fortes chaleurs estivales, combinées à l’effet de l’humidité de l’air, produisent un stress à notre animal, tel que démontré dans le tableau 1.

Tableau 1

Tableau 1

Si on prend comme exemple une température au-delà de 26 °C et une humidité relative de 60 %, une vache est déjà considérée en stress thermique. Alors, imaginez ce même animal soumis à une température au-delà de 30 °C pendant plusieurs jours consécutifs. La baisse de consommation et de production de vos animaux est presque inévitable…

Ce stress thermique aura une grande influence sur vos fortes productrices et pourra avoir un effet marqué sur leur production. Le NRC 2001 rapporte une baisse de 9 % pour une vache qui produit 27 kg/jour lorsque la température passe de 20 à 35 °C. De plus, pour gérer cet excès de température, les besoins d’entretien augmenteront de 20 %. Comme si ce n’était pas assez, la vache diminuera sa consommation volontaire pour éviter la surchauffe – c’est son système d’autoprotection.

Les effets au niveau de la reproduction sont aussi dévastateurs

La détection des chaleurs est également plus difficile. Des chercheurs ont démontré que la durée moyenne de l’oestrus passe de 18 à 10 heures et que l’intensité des signes diminue. Des chercheurs (Thatcher et al) ont également démontré que les chaleurs non détectées passaient de 66 % à 80 %. De plus, la fertilité diminuerait de 5 % pour chaque 5 °C au-dessus de 10 °C. Facile de comprendre pourquoi le taux de conception en période chaude et humide frise le zéro. C’est sans compter le développement folliculaire initié pendant cette période qui libérera l’ovule dans 80 à 100 jours, dans un état pas toujours parfait.

Revenons à notre production. Comme nous l’avons observé, le stress thermique a une influence sur la baisse de production et la baisse de consommation. Comme nous sommes payés sur une base de kilos de lait, de gras, de protéine et de lactose, nous pourrions être tentés de penser que, si la production diminue, nous pourrions compenser en augmentant nos composantes. Encore là, il y a un problème; les composantes ont tendance à subir les mêmes sorts (référence : FPLQ).

Ainsi, la matière grasse et la protéine diminuent significativement pendant la période estivale. Et nous n’avons toujours pas parlé de la mise au pâturage : fourrages plus humides, diminution de l’apport en fibre effective, transit ruminal et intestinal plus rapide, etc.

Quels mécanismes utilise la vache pour se débarrasser de la chaleur?

Les vaches essaient d’éliminer la chaleur en augmentant la fréquence respiratoire (refroidissement respiratoire). Toutefois, la zone pulmonaire, par rapport à la masse corporelle, est plus petite que chez d’autres espèces et elle devient insuffisante pour éliminer la chaleur. Une autre façon d’éliminer la chaleur est par la transpiration (refroidissement par évaporation). Malheureusement, les vaches ne transpirent pas comme les chevaux de course! Même si les vaches ont des glandes sudoripares, elles ne sont pas vraiment efficaces. En résumé, les vaches sont inefficientes pour éliminer la chaleur.

Comment peut-on identifier de façon pratique si le troupeau est en stress thermique?

  • Compter la fréquence respiratoire. La normale se situe entre 25 à 50 respirations par minute, alors si 10 % des vaches du troupeau dépassent 65 respirations par minute, on considère que les vaches sont en stress thermique.
  • Température des vaches de plus de 39 degrés.
  • Diminution de 10 % et plus de l’ingestion de matière sèche.
  • Diminution de 7 % et plus de production laitière.

Il devient donc essentiel de fournir à notre animal un environnement qui minimisera les effets négatifs de ce stress. Voici quelques trucs :

  • Une ventilation d’excellente qualité. Une ventilation naturelle avec ou sans ventilateur, pour augmenter la vélocité de l’air et diminuer l’humidité ambiante ou une ventilation tunnel associée ou non à des brumisateurs, etc.
  • Nettoyer la mangeoire à tous les jours.
  • Éviter la surchauffe de la ration. Par exemple, une RTM fraîche servie deux fois par jour au besoin, utilisation de conservateurs tels que le Micro-Prop NC 42, etc.
  • Fournir une eau fraîche de qualité et en quantité suffisante (bassin à l’extérieur et bol à eau intérieur avec débit minimal de 12 litres par minute).

Nous devons également adapter la ration de façon spécifique à cette période :

  • Aliment digestible et appétant (gamme Pulp-o-Lac) pour limiter la production d’extra chaleur et stimuler l’appétit des vaches.
  • Fourrage appétant, mais pas fibreux à l’extrême, car la digestion de ce dernier produit de la chaleur et la vache se protégera en diminuant sa consommation.
  • Bien balancer la protéine dégradable et la protéine non dégradable en augmentant cette dernière, pour éviter une dépense énergétique trop forte du rumen.
  • Concentrer la protéine et l’énergie, car à la suite de la baisse de consommation volontaire de matière sèche, nous devons, dans la mesure du possible, combler les besoins de l’animal.
  • Une énergie sous forme de gras protégé pourra aider à combler ce déficit, par exemple le supplément Synchro 3213V. Ce supplément est additionné d’ingrédients favorisant le maintien de vos composantes.

Il devient donc essentiel de faire balancer son programme alimentaire estival de pair avec un expert-conseil La Coop. Il pourra vous conseiller dans votre stratégie à utiliser pour diminuer l’impact du stress thermique et profiter adéquatement des incitatifs automnaux.

Bonne production estivale!

Par Juan Pedro Sarramone, agr.

Expert-conseil, La Coop Univert