Est-ce que la pluie fait le grain?

Publié le 12 juin 2013

végétal-pluie, grains26 mai 2013. Après deux bonnes semaines de pluie et de temps frais, on espère plus qu’une chose, que le soleil et la chaleur reviennent. Heureusement que la majorité des champs a été semée lors de la fenêtre de beau temps du début mai car, depuis cette période, ce fut assez  tranquille. Plus au sud, la situation a été un peu mieux puisqu’en date du 24 mai, on estimait que les semis de maïs américain avaient progressés et étaient complétés à 85 %, ce qui est en retard sur la moyenne, laissant présager une récolte possiblement tardive. Le pourcentage des superficies ensemencées en fève soya est, quant à lui, assurément inférieur à celui du maïs, dû au fait que ceux-ci se font généralement à la suite l’un de l’autre. Du côté canadien, plus de 50 % du blé était semé dans les trois provinces de l’Ouest canadien malgré quelques séquences de pluie ayant retardé le début des ensemencements.
La progression des semis a assurément joué un rôle clé comme support des prix mais la situation des stocks fut par contre jugée assez confortable pour influencer la tendance à la baisse. D’autant plus que nous voyons l’écart de prix, entre le contrat à terme de juillet et celui de la récolte, commencer à se rétrécir, signe que plusieurs producteurs libèrent leurs silos en prévision de la prochaine récolte, mais aussi parce qu’ils sont moins confiants quant à une pénurie potentielle des grains. Il faut se rappeler que l’hémisphère sud a connu une très bonne récolte et que celle-ci se transige à des prix inférieurs à ce que nous voyons présentement en Amérique du Nord.
Quel genre de récolte aurons-nous avec un tel départ? Habituellement, lors de saisons humides, nous avons tendance à avoir une quantité de grains importante puisque la levée est uniforme et que le plant a suffisamment d’eau pour mener à terme son potentiel de rendement. Par contre, côté qualité, le grain a tendance à être plus léger que lors de températures plus  chaudes et sèches. De plus, la présence de toxines (champignons et bactéries) est plus probable. Enfin, si la température est plus fraîche, la récolte peut être plus tardive et apporter des pertes au champ. Il est encore trop tôt pour statuer sur chacun de ces scénarios mais on constate tout de même que les nouveaux cultivars possèdent des qualités d’adaptation au climat supérieures aux variétés antérieures. La récolte 2012 nous a aussi démontré qu’il faut s’attendre au pire des scénarios parfois mais que cette situation peut engendrer des bénéfices importants pour ceux qui ont la chance d’être favorisé par la température. La saison 2013 s’annonce quand même intéressante côté prix puisqu’ils avoisinent les 200 $ par tm dans le cas du maïs tandis que la fève soya se transige à 450 $ par tm. Êtes-vous protégé? On peut miser sur le malheur de nos voisins mais peut-être que cela ne marchera pas éternellement…Par Jean-Pierre Aumont, t.p., directeur service des grains, La Coop Novago[email protected]