Publié le 3 avril 2013
Dans un article publié le 7 janvier 2013 sur le site du Bulletin des agriculteurs, il était question de repenser la gestion des résidus de culture. On y mentionnait que les résidus de culture de maïs-grains procurent plusieurs bienfaits agronomiques mais quand ils sont très abondants, il peut être avantageux d’en récolter une partie pour les valoriser. On y indiquait qu’avec la croissance des rendements viennent une augmentation du volume de résidus. Dans certains cas, cette abondance devient problématique et les producteurs ont recours à des pratiques comme hacher les résidus au battage ou les enfouir partiellement lors d’une opération de travail du sol. Si on pouvait retirer une partie des résidus pour les valoriser, le producteur pourrait s’y retrouver gagnant.
Toujours selon cet article, les champs qui se prêtent le mieux à une récolte partielle des résidus seraient ceux qui sont relativement plats, en maïs en continu et très productifs. Dans ces champs, la quantité de résidus dépasse le minimum requis pour maintenir la santé et la productivité du sol*. Cependant, le maïs-grain en continu à haut rendement est plutôt rare sur la Rive-Nord. Il est généralement reconnu que la culture du maïs en continu ne permet pas de soutenir des rendements aussi élevés qu’en rotation avec d’autres cultures, notamment le soya.
L’IRDA (Institut de recherche et de développement en agroenvironnement) a publié une étude sur les impacts agroenvironnementaux associés à la culture et au prélèvement de biomasses végétales agricoles pour la production de bioproduits industriels en 2012. On y apprend que les résidus de culture apportent des quantités non-négligeables de matières organiques au sol. Ce qui permet de maintenir l’activité microbienne et de rendre les éléments nutritifs disponibles tout en assurant la formation d’agrégats. De plus, ils améliorent l’infiltration et la rétention de l’eau dans le sol. Les résidus de culture agissent aussi comme barrière physique surtout en travail réduit de sol, lorsqu’ils sont laissés à la surface, en protégeant le sol contre l’impact des précipitations et du ruissellement de l’eau. Finalement, les résidus de culture temporisent les échanges thermiques entre le sol et l’atmosphère. Sous nos conditions froides au printemps, cette dernière fonctionnalité pourrait toutefois ralentir le réchauffement du sol ou encore nuire au placement de la semence et son contact avec le sol.
Les sols de plusieurs municipalités, où les rendements moyens seraient à la limite suffisants pour permettre un retrait d’une partie des résidus de culture, se trouveraient déjà sous le seuil qualifié d’acceptable ou de niveau minimal de 4,5 % de matière organique, pour les sols argileux (30 % d’argile). Au-dessus de ce seuil, un rendement de 12 tm/ha de maïs en continu ne permettrait qu’un retrait de 5 % des résidus sous labour conventionnel et 25 % sous semis directs pour maintenir un bilan humique équilibré. (D’après Johnson et al. 2006a, 2006b, 2007 et Wilhelm et al. 2007) Toujours selon l’étude, en régie sous labour maïs-soya, aucun retrait de résidus ne serait souhaitable.
Plusieurs fermes exportent des résidus de maïs et de soya de leur champ. Dans toute exportation de résidus de culture, l’IRDA recommande que tout retrait des résidus doit faire l’objet d’un encadrement et d’un suivi rigoureux par un professionnel. Ce suivi devrait par ailleurs être mis en place pour vérifier, à moyen (cinq ans) et long terme (plus de dix ans), si la pratique conduit à un appauvrissement en matière organique ou à une détérioration de la qualité des sols.
* Source : http://www.lebulletin.com/actualites/repenser-la-gestion-des-residus-45495
Par Pierre-Luc Brouillette, agr. Conseiller en agriculture durable, La Coop Novago
Pour contacter Pierre-Luc [email protected]
Twitter www.twitter.com/PLBrouillette