Du bon voisinage agricole ça existe!

Publié le 16 juillet 2010

Vue de la proximité entre la ferme et le terrain de golf.

Bernard et Richard Pître sont les propriétaires d’une ferme porcine située à l’Épiphanie et ayant 5000 places en engraissement. Ces derniers, fils de producteur de porcs et meunier ont grandi dans un environnement agricole. Bernard, siège aujourd’hui sur le conseil de la Fédération des producteurs de porc au département environnement. Richard, l’aîné, est conseiller municipal de St-Esprit. Malgré une vie très occupée, ils prennent le temps de s’adonner au golf en étant membres en règle du terrain de golf situé à quelques pas de la ferme.

Un club de golf au nord, une ville au sud et dans le milieu des porcs… oui une ferme porcine! Est-ce possible? Les frères Pitre nous l’ont prouvé.

C’est en 1985 que débute l’aventure du bon voisinage pour les frères Pitre. L’année où Bernard et Richard ont pris la relève de l’entreprise, cette entreprise, située à proximité du Club de golf de l’Épiphanie et à côté de la vie urbaine en pleine expansion.

On peut aisément voir la ferme à partir du club de golf pendant l’été, y admirer la nature, les bâtiments, les terres qui entourent l’élevage ainsi que les cultures qui s’y trouvent. Mais quand arrivait le printemps Ouff! Vous deviez retenir votre souffle pour quelques jours!

L’odeur devenait un inconvénient majeur dans ce contexte. Bien sûr, tout producteur de porcs aimerait bien que le fumier soit inodore, mais dans la vraie vie c’est vraiment le contraire. Afin de permettre une bonne cohabitation entre les voisins et la production, les frères Pitre se sont adaptés aux nouvelles réalités et technologies pour diminuer les odeurs lors de l’épandage.

Interrogés sur le sujet, les frères Pître prônent le co-voisinage respectueux. « La municipalité est systématiquement avertie lors de mes épandages et nous essayons de ne pas épandre le lisier la fin de semaine afin de respecter les citoyens. » affirme Bernard.

« Le système d’épandage à rampe basse n’est pas inventé d’hier, mais nous l’utilisons car il nous aide à diminuer les odeurs. Il faut dire que           15 000 porcs engraissés par année, ça fait du lisier et nous devons le disposer sur les terres. » Les frères Pître épandent sur une superficie de 700 arpents de terre, dont 305 en propriété. Le tout est effectué sous la supervision d’experts en environnement qui leur prodiguent les recommandations nécessaires : le PAEF (plan agroenvironnemental de fertilisation).

La question est : comment faire pour diminuer la quantité totale de lisier de porcs sans diminuer le nombre de porcs produits? Les Pître ont répondu. Ce sont les premiers producteurs de la région à avoir fait l’utilisation des trémies abreuvoirs pour les animaux. En diminuant le gaspillage d’eau par le système d’alimentation des animaux, les producteurs ont diminué la quantité de lisier àépandre tout en concentrant la valeur fertilisante ce qui améliore l’efficacité…

Vue des haies brise-vent entourant le site des frères Pître.

En plus d’avoir un procédé avec la municipalité pour l’épandage de lisier, il reste à diminuer les effluves transportés par le vent.
Nos producteurs ont entouré stratégiquement leur site avec l’implantation de haies brise-vent. Les haies seront à leur pleine efficacité d’ici quelques années. Au-delà de 1000 arbres ont été plantés pour diminuer les odeurs dispersées par leur production.

Pour ceux qui connaissent l’emplacement de ce site d’engraissement, vous verrez également un système de compostage d’animaux. Le but principal de ce cylindre chromé : éviter les possibilités de contamination des maladies. « La biosécurité on y voit ».

Ce qui est intéressant dans l’initiative du bon voisinage, c’est de faire connaître les bons cotés de la production. Ce printemps, après avoir accompagné les frères Pître au club de golf et discuté avec quelques membres ainsi que monsieur Luc Amireault (directeur général de la ville de l’Épiphanie), je peux vous confirmer que le sujet de l’heure, ce n’est ni les producteurs de porcs, ni les odeurs mais bel et bien le golf…

Vue du composteur à animaux permettant d'éviter les risques de contaminations.

Voilà la belle aventure dans laquelle les deux frères ont travaillé très fort afin de permettre aux golfeurs de pratiquer leur sport favori en respirant l’air de la campagne, sans toutefois en subir les inconvénients et aussi, de laisser les citoyens prendre leur repas à l’extérieur en gardant le sourire.

Félicitation Messieurs!

Par Nathalie Laplante Expert-conseil